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Inconnu à cette adresse

Par Gjouin @GilbertJouin
Inconnu à cette adresse
Théâtre Antoine
14, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tel : 01 42 08 77 71
Métro : Strasbourg Saint-Denis
D’après le chef d’œuvre de Kressmann Taylor
Adaptation de Michèle Lévy-Bram
Lecture dirigée par Delphine de Malherbe
Assistée de Joëlle Benchimol
Lumières de Marie-Hélène Pinon
Avec Gérard Darmon (Max Eisenstein) et Dominique Pinon (Martin Schulse) (en janvier)
Dominique Pinon et Nicolas Vaude (en février)
Thierry Lhermitte et Patrick Timsit (en mars)
Delphine de Malherbe : Inconnu à cette adresse raconte avec un suspense captivant l’histoire de Max Eisenstein et de Martin Schulse, deux amis d’enfance que rien ne sépare et que tout unit, au point qu’ils se lanceront ensemble dans les affaires en fondant une galerie d’art à San Francisco. Mais nous sommes en 1932 et Martin doit rentrer en Allemagne. Là-bas, le nazisme monte. Les deux amis s’écrivent dès lors des missives comme on s’envoie des balles de ping-pong puis de révolver. Denses, généreuses, puis machiavéliques, ces lettres visionnaires sont le testament poignant de deux êtres humains pris dans la machine infernale d’un drame universel… »
Mon avis : C’est la troisième fois que je vois Inconnu à cette adresse. J’avais déjà lu le livre lorsque j’ai assisté à sa création sur la scène de la Pépinière avec Eric Laugérias et Matthieu Rozé en 2001… J’étais donc très curieux de voir ce qu’allait donner cette joute épistolaire avec Gérard Darmon et Dominique Pinon. Et bien, c’est une totale réussite. L’opposition entre les deux hommes est déjà physique. Ils sont tous deux très élégants, on sent qu’ils nagent dans le luxe et l’opulence.
Le décor est partagé en deux. Côté cour, un bureau assez simple dans une galerie d’art de San Francisco. Côté jardin, un guéridon en marqueterie et un confortable fauteuil Chesterfield. Max Eisenstein (Darmon) est resté aux Etats-Unis pour diriger la galerie qu’il a ouverte avec son ami Martin Schulse (Pinon) et il en assure la gestion alors que ce dernier a choisi de rentrer en Allemagne.
Max rédige sa première lettre le 12 novembre 1932. Les dates sont essentielles car les différents courriers échangés vont progressivement suivre la montée du nazisme en Allemagne et en être de plus en plus fortement impactées.
Il n’est pas nécessaire de raconter le contenu de ces quelques vingt missives car il y a un authentique suspense à entretenir. Une fois encore la force de l’ouvrage de Kressmann Taylor fait son œuvre. Passés les quelques rires que provoquent deux ou trois mots d’esprit, le silence s’étend sur la salle, hélas troublé par de nombreuses toux (hiver oblige). Il est vrai que l’on commence dans une atmosphère légère marquée du sceau d’une indéfectible amitié partagée. Et puis, petit à petit, la tension commence à monter…
In ne faut rien raconter. Il faut laisser à chacun découvrir cette histoire (s’il ne la connaît pas) et se laisser happer jusqu’à son dénouement.
Gérard Darmon et Dominique Pinon nous offrent deux superbes compositions, deux oppositions de styles, deux timbres de voix qui donnent une musicalité reflétant leurs mentalités propres. Mais je crois que, au-delà du jeu des comédiens, la vedette de Inconnu à cette adresse, c’est son texte et la redoutable et implacable efficacité de sa construction.
Au fait, j'ai oublié de préciser que la salle du théâtre Antoine était comble. Le moindre strapontin de l'orchestre était occupé. C'est un signe...

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