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Barcelone

Publié le 30 janvier 2012 par Toulouseweb
BarceloneSpanair brutalement rayée de la carte.
Fragilisée depuis plusieurs années, abandonnée par SAS, qui fut sa maison-mère, placée dans les mains d’investisseurs catalans qui n’avaient sans doute pas maîtrisé toutes les subtilités du transport aérien, la compagnie Spanair a brutalement cessé ses activités dans la soirée du 27 janvier et a aussitôt été déclarée en faillite. Des informations supplémentaires, quand elles seront disponibles, montreront sans doute que la compagnie de Barcelone, loin d’être une low cost «pure player», n’appliquait pas les règles du jeu propre à spécialité avec suffisamment de rigueur.
Ainsi, curieusement, elle avait adhéré à la Star Alliance, et non par à la European Low-Fare Airlines Association, et exploitait une flotte hétéroclite : trois versions de la lignée A320, des MD-82 et quelques 717. Ne se contentant pas de destinations intérieures et européennes, elle avait tenté sa chance sur les Etats-Unis, avec une ligne Madrid-Washington, et ouvert plusieurs escales en Amérique latine. Dispersée mais dynamique, elle s’était arrogé 22% du marché aérien sous pavillon espagnol.
Au cours de ces derniers mois, Spanair avait vainement cherché à s’adosser à un partenaire solide. Des contacts avec Qatar Airways, que l’on avait cru prometteurs, avaient conduit à l’échec, Akbar Al Baker, directeur général de la compagnie qatari, ayant indiqué sans ambages que sa politique de croissance externe, source d’éventuelles synergies, impliquait la recherche de partenaires solides. Ce qui n’était évidemment pas le cas de Spanair.
Par ailleurs, un accident survenu à Madrid en août 2008 avait laissé des traces durables dans l’opinion publique espagnole, une suspicion sur le plan de la sécurité, renforcée par la suite par deux incidents sans conséquences mais très médiatisés. L’accident, qui avait fait 154 victimes, était survenu aussitôt après le décollage d’un MD-82 dont l’équipage, ne respectant pas la check-list avec toute l’attention voulue, n’avait pas sorti les volets ni déployé les becs de bord d’attaque.
A cette époque, commentant cet accident, un dirigeant de compagnie low cost nous avait fait part de son obsession en matière de sécurité. Au fond d’eux-mêmes, même s’ils n’en parlent pas volontiers, les voyageurs craignent secrètement que la recherche de coûts d’exploitation très bas n’implique des concessions sur le plan de l’entretien des avions. Ce n’est pas le cas mais l’accident survenu à un MD-82 de Spanair, vraie-fausse low cost, n’en avait pas moins relancé le débat.
La disparition subite de Spanair, sans préavis, sans signes précurseurs, a mis plusieurs milliers de passagers dans l’embarras, environ 20.000. Mais, aussitôt informées, Vueling, Air Europa et EasyJet ont fait preuve de solidarité, un geste apprécié mais, bien entendu, pas tout à fait désintéressé.
Instantanément, tous s’est arrêté, y compris le site Internet qui aurait permis de diffuser des informations d’urgence. Ultime signe de vie de Spanair, la direction de la compagnie, dans un bref communiqué de circonstance, lapidaire à souhait, a présenté ses excuses aux voyageurs soudainement abandonné à leur sort. Ainsi va le transport aérien libéralisé, déréglementé : de temps à autre, les petits prix coûtent chers.
Pierre Sparaco - AeroMorning
N.B. : HAI, Helenic Aerospace Industry, est évidemment un industriel grec, comme l’indique clairement son nom. Dans la chronique consacrée à l’UCAV nEUROn de Dassault Aviation, un lapsus lui a donné une tout autre nationalité. Errare humanum est.

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