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LE CAIRE, Place At-Tahrir : témoignage.

Par Citoyenhmida

J’ai reçu ce texte et je le mets en ligne, dans la rubrique “MES INVITES” tel que je l’ai reçu : il s’agit d’un témoignage de ce que l’auteur  a vu et entendu autour de lui juste avant le 25 Janvier dernier, lors de son passage Caire.

C’e texte n’a rien d’engagé, ni de prétentieux : il faut le prendre pour ce qu’il est. Des notes couchées rapidement, sans souci littéraire ni historique, ni journalistiques.

Mais des notes personnelles  qui valent par leur sincérité et leur spontanéité.

J’ETAIS AU CAIRE JUSTE AVANT LE 25 JANVIER 2012

“Quand je suis venue la dernière fois en Egypte, « I had the time of mylife comme on dit en anglais »… Les retrouvailles avec Le Caire étaient épiques.…

J’y suis revenue cette année à quelques jours de l’anniversaire de la révolution… Je quitte ce soir … un 24 Janvier …
Demain les égyptiens ne savent pas ce qui se passera… ils sont inquiets mais tous ceux avec qui j’ai discuté, du chauffeur de taxi à la petite bourgeoise dans mon bureau … Tous espèrent qu’il ne se passera rien de dramatique et que les choses s’amélioreront par la volonté des hommes ou alors de Dieu …

On racontait que les Egyptiens avaient changé, que les égyptiens ne se laissaient plus marcher sur les pieds, que les gens dans la rue marchaient la tête haute après la révolution …

Croyez-moi mais je n’ai pas vraiment vu un changement aussi radical…

Je sais par contre que cela a changé certains individus, plus ou moins proches des événements et que la révolution a été une révélation de leur aspiration dans la vie et ce n’est pas plus mal… Qu’il s’agisse de militants révolutionnaires en quête de liberté ou alors de casaniers tranquilles en quêtede sécurité…

Pour avoir une idée de la situation,   j’ai choisi de faire du «Dixit « … C’est a dire reprendre les phrases que des gens que j’ai croisé m’ont dit sur le révolution égyptienne, une espece de « Blogotrottoir ».

Mohamed: directeur des opérations dans une société de service – Génération années 60 : “ Je comprends les jeunes et leur désir de changement ; nous avons connu l’avant et l’après Moubarak ; les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas tout ce que cet homme a fait pour le pays … Mais que veux-tu, les temps ont changé ; on a bien vécu nous sans démocratie ni le fait de voter, ils pensent que cela va changer quelque chose aujourd’hui? Le choc de la réalité de la politique et du monde arabe va être très grand… Mais ils sont jeunes, ils doivent vivre leurs propres désillusions …Le problème,  c’est que le business a vraiment été affecté, donc on doit faire plus d’effort pour  relancer les affaires et ne pas renvoyer des gens. Il y avait assez de chômage avant la révolution … »

Aymaen – Chauffeur  pour touristes- Génrération annees 70 : “ La révolution … Quelle révolution, ils ont mis le pays à feu et  sang et ils ont fait peur au touristes.  Moubarka   était un bon président … Ils leur a dit qu’il allait quitter la présidence dans les 6 mois, ils n’ont rien voulu savoir … Je ne comprends pas qu’ils lui en veuillent d’avoir voulu mettre son fils a sa place.  Chaque propriétaire, chef d’entreprise aimerait que son propre  fils reprenne les affaires après sa retraire… Il a agi en père voila tout, je ne vois pas où est le problème. Aujourd’hui, on ne sait pas ce qui nous attend, il y a une insécurité que personne n’arrive à maitriser. Que Dieu me pardonne mais on ne peut plus dire : Wa dkhoulou Misr Aminine … «

Jasmine- Cadre dans une agence marketing – Génération années 80 : “ J’espère que çà va flamber demain, il faut que çà flambe… Ils nous ont volé notre révolution … Ce ne sont pas les islamistes qui sont arrivés maintenant  au pouvoir qui sont les véritables auteurs de la révolution… Ce sont les jeunes en soif de liberté d’expression, d’égalité des chances et de justice sociale … Les islamiste et l’armée veulent sortit demain  pour fêter … Mais fêter QUOI ??? Les gens qui sont mort dont les assassins sont toujours en liberté, des haut grades de la police ou de l’armée ….

Je rappelle pour ceux qui vont commencer à critiquer, que cela n’est ni représentatif ni encore moins sujet a extrapolation … Il s’agit juste de témoignages directs que j’ai pu recueillir moi-même.

Le dernier jour de mon séjour au Caire, j’ai décidé de partir en catimini à la place Tahrir … En catimini tout simplement parce que personne ne m’aurait laissé partir sur place, ni de mes collègues ni de mes amis …Mais il fallait que je voie moi-même.
Tahrir pour ceux qui connaissent le Caire c’est l’endroit où on a le moins envie de se retrouver… une circulation de malade, on y respire du CO2 pur, du bruit, des gens partout… le chaos par définition et le cœur du Caire …

Aujourd’hui, Tahrir ne ressemble … ben…A rien… Des tentes, des banderoles, des personnes qui montent les estrades pour le lendemain… Des barbus, beaucoup de barbus… Des jeunes aussi qui visiblement préparent les slogans pour demain… Des militaires au loin… Le chaos de la circulation a fait place à un autre genre de chaos…

Sur la place Tahrir, ce 24 Janvier, on pouvait sentir  la frustration des révolutionnaires … On pouvait toujours sentir l’odeur de la détermination qui a élu domicile dans cet endroit … On pouvait toucher la plaie ouverte que cette révolution a laissé sur le cœur du Caire …


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