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Enfin !

Publié le 01 février 2012 par Toulouseweb
Enfin !L’Inde, premier client à l’exportation du Rafale.
Ce n’est pas tout à fait un coup de théâtre mais, à coup sûr, une excellente nouvelle pour Dassault-Aviation, Snecma, Thales, la crédibilité de l’ensemble de l’industrie aéronautique française et la balance commerciale : l’Inde a choisi le Rafale, de préférence à l’Eurofighter/Typhoon. Elle en commandera 126 exemplaires, dont 108 seront produits à Bangalore, probablement dans les usines d’Hindustan Aeronautics, selon des modalités qui n’ont pas encore été précisées.
L’événement est d’importance pour de multiples raisons. A commencer par le fait que vont enfin cesser les critiques, parfois narquoises, à propos de l’avion de combat français «dont personne ne veut». Une critique injuste, formulée à de nombreuses reprises en ignorant l’impact de la force de persuasion politique américaine, parfaitement rodée, dont profitent largement Lockheed Martin et Boeing sur le marché mondial de la Défense. Par ailleurs, le Typhoon, qui a engrangé des succès extérieurs, bénéficie notamment des efforts persévérants du Royaume-Uni, qui compensent la passivité italienne en même temps que la timidité allemande. En matière d’aéronautique, civile et militaire, le cœur des Italiens penche systématiquement vers les Etats-Unis tandis que Berlin évite soigneusement de mettre en valeur sa participation au Typhoon, cela par pudeur politique.
Dans le passé, l’Inde aussi fréquemment fait confiance à des fournisseurs russes, a récemment examiné les mérites des versions les plus récentes des F-16 et F-18 américains, les efforts déployés par les différents prétendants étant à la mesure de l’enjeu, les achats d’une telle ampleur étant rares.
Dans un contexte concurrentiel exacerbé par l’érosion des dépenses militaires, le Rafale éprouve d’autant plus de difficultés à trouver sa voie, et cela malgré des qualités techniques et opérationnelles qui n’ont jamais été mises en doute. Les autorités françaises disent pourtant, chaque fois que l’occasion leur en est donnée, que « l’autonomie stratégique de la France passe par le maintien et le développement de compétences industrielles». D’autant qu’il s’agit d’un secteur de pointe qui représente 165.000 emplois et au moins autant d’indirects.
L’ACT, Avion de Combat Tactique, et son pendant marin, l’ACM, ont été lancés au début des années 80. Le premier vol du prototype Rafale A remonte à juillet 1986, une manière de rappeler qu’il s’agit d’une opération de longue haleine qui s’étendra sur un minimum d’un demi-siècle. Tactique tout d’abord, polyvalent ensuite, assuré d’une production de 286 exemplaires pour répondre aux besoins de l‘armée de l’Air et à ceux de l’Aéronautique Navale, il dispose d’un socle solide mais peine à séduire hors Hexagone.
Avant la victoire indienne, qui pourrait en entraîner d’autres, le «Rafale Team» de Dassault, Snecma et Thales a accumulé déceptions et échecs, et cela dès ses premières tentatives de convaincre des clients potentiels étrangers. Ainsi, la Belgique avait envisagé très tôt de prendre la responsabilité de 10% du programme, ce qui l’aurait «internationalisé», puis avait reculé, s’était intéressée au F-35 Joint Strike Fighter pour enfin décider d’attendre des jours meilleurs. Plus tard, d’autres échecs ont été durement ressentis, par exemple en Corée. Et, il y a peu en Suisse où le Gripen, outsider suédois, l’a emporté bien que jouant dans une catégorie plus modeste.
Un peu plus de cent Rafale ont été livrés à ce jour et la cadence de production est maintenue au rythme minimal de onze exemplaires par an. Les perspectives sont désormais franchement meilleures, bien que les modalités détaillées de l’accord avec l’Inde ne soient pas encore établies. Mais des liens confiants sont visiblement établis avec New Delhi, au point de permettre à Dassault de confirmer explicitement sa victoire : «Dassault et ses partenaires remercient les autorités indiennes et le peuple indien de leur donner l’opportunité de poursuivre et de renforcer leur partenariat historique».
Pierre Sparaco - AeroMorning

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