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Présidentielle sénégalaise - Youssou N'dour, victime de sa popularité

Publié le 01 février 2012 par Africahit

Tous ceux qui s'attendaient à des chambardements suite aux requêtes déposées auprès du Conseil constitutionnel, l'apprendront à leurs dépens. Le collège des 5 sages n'a pas bougé d'un iota. Il est demeuré inflexible en faisant dans la continuité. 14 candidatures ont été retenues en définitive.

Parmi elles, celles du président sortant Abdoulaye Wade, de Macky Sall, d'Idrissa Seck et de Cheich Tidiane Gadio qui avaient fait l'objet d'un recours en annulation.

Pour l'instance suprême de justice, le président de la République, candidat à sa propre succession, élu en 2000 et réélu en 2007, n'a effectué qu'un seul mandat sous la constitution de 2001 qui limite le nombre de mandats à 2.

Ce qui fait dire qu'il a le droit de se présenter pour le deuxième et dernier mandat. Quant aux trois autres, l'institution a argué que la violation de la législation fiscale n'était pas établie.

Une sortie heureuse et tranquillisante pour ces candidats en ban de rupture avec Me Wade. Ce qui n'est pas le cas de l'artiste-chanteur Youssou N'dour qui vient, il n'y a peu seulement, de faire son entrée dans le landerneau politique. Pour la deuxième fois, la haute Cour de justice a confirmé le rejet de sa candidature en annulant 4 000 signatures qui l'appuient.

Le problème avec lui, c'est que les sages sont demeurés muets, pas d'explications sur les motifs. Voilà une attitude suspecte qui jette le doute sur la pertinence et le bien-fondé d'une décision que personne ni même ceux qui l'ont prise ne parviennent à expliquer.

C'est tout sauf de la considération distinguée pour cet apprenti-politique. C'est simplement un échec retentissant et fracassant pour l'artiste-politique qui s'apprêtait à remuer le marigot politique du pays de la Téranga.

C'est probablement ce qui a inquiété des dinosaures politiques qui ont préféré user de leur influence pour le contrer avant qu'il ne soit trop tard.

C'est le signe que Youssou N'dour inspire une sacrée trouille à des autorités politiques et administratives qui redoutent le spectre des scénarii malgache et haïtien.

De quoi convaincre ceux qui doutaient encore des capacités de l'homme à réussir en politique. L'aveu est venu de la justice, pardon des leaders politiques.

L'aventure politique de Youssou N'dour ressemble étrangement à celle de nombreux cadres politiques africains qui inquiétaient les vieilles gardes de leurs pays. On comprend sa réaction : « le Sénégal a honte. Le Sénégal est meurtri.

Le processus de coup d'Etat constitutionnel est consommé. 52 ans de vie démocratique viennent d'être balayés...J'appelle toutes les forces vives de ce pays, les frères africains et la communauté internationale à exprimer son profond désaccord ».

Quand l'artiste-politique finit par dire que la lutte continue, c'est qu'il n'est pas disposé à avaler les abominables couleuvres des vieux routiers de la scène politique. Il peut compter sur la sympathie de milliers de ses compatriotes. En cela, il ne devrait pas être l'unique perdant.

Son éviction de la course à la magistrature suprême pourrait courroucer davantage des sympathisants du régime de Wade déçus du comportement des autorités qui tendraient à faire des arrangements avec la vérité.

Déjà que certains d'entre eux éprouvaient de la sympathie pour lui, ils pourraient prendre fait et cause pour celui qui fait désormais figure de victime d'un système en mal d'inspiration.

Inutile d'affirmer que certains céderaient aux sirènes de ses appels. La véritable question qui se pose à Youssou N'dour, est de savoir pour qui il va demander de voter.

Difficile de répondre avec exactitude dans la mesure où l'homme semble proche de tout le monde sauf personne. Mieux, aucun candidat déclaré n'a ferraillé ouvertement contre sa candidature.

Il s'offre alors à lui deux possibilités : une prise de position pour l'un des candidats en lice ou une prise de distance vis-à-vis de chacun d'eux.

Comme il a intérêt à ne pas se cogner la tête aux peurs de ses supposés ou réels adversaires politiques, il devrait agir avec tact pour ne pas frustrer ses militants et sympathisants dont on ne mesure pas vraiment le poids. C'est dire que tout le monde l'attend.

Il devrait saisir l'opportunité pour faire valoir ses talents de grand manager et de dirigeant. Toute posture qui contribuerait au renforcement et à la consolidation de son mouvement citoyen "Fékkée Ma Ci Boolé" sur l'échiquier politique.



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