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La campagne en chantant

Publié le 03 février 2012 par Spartac

Une campagne c’est unesuccession de déplacements harassants à travers la France pour« évangéliser » les électeurs. En plus des mots des orateurs, la campagneà sa petite musique. Sans doute une vieille habitude, souvenir des campagnesnapoléoniennes et des tambours qui les accompagnaient. Pour beaucoupaccessoire, puisque l’assistance vient entendre des idées, elle fait cependantpartie de l’enrobage nécessaire, et permet aussi de faire véhiculer unecertaine image du candidat.

La campagne en chantant

C'est clair, c'est deux échecs...

Je me souviens avec unecertaine émotion de mon premier meeting, à 13 ans en 1994. Je ne me souviensguère du discours de Lionel Jospin, ce qui n’a rien d’étonnant. En revanche, jen’ai jamais oublié la musique qui accompagnait son arrivée. La musiqued’ascenseur qui tournait en boucle depuis une heure se taisait soudain, etrésonnait alors l’introduction de « changer la vie » de Jean-JacquesGoldman. Je ne suis guère amateur de ce chanteur, mais il faut admettre le cotéentrainant de certains de ces morceaux, surtout devant une foule qui en avaitbien besoin, avant d’écouter une heure et demie d’un discours lénifiant. Ainsi,au niveau de la symbolique également, la musique d’ouverture est l’occasion defaire passer un message. Le bilan de cet extrait reste cependant tout relatifpuisque il fut utilisé sur les deux campagnes présidentielles de Lionel Jospin,sans plus de succès hélas…
Oui, la musique à sonimportance ; En poussant plus loin, ce jingle renvoyait à l’hymne du PS de1977 Changer la vie aussi, une des plus belles chansons partisanesdu socialisme moderne, composée par Mikis Théodorakis et Herber Pagani, artistes plutôt engagés, quine fut cependant pas utilisée lors de la campagne de 1981. Il faut dire que dans un pays frileux, certains auraient pu lui trouver des résonances révolutionnaires,Elle retrouve cependant sa place lors de la triomphale procession au Panthéon.En 1995, le choix musical représente donc un lien avec le mitterrandisme, unefaçon de souligner la parenté, et de renforcer la légitimité du candidat.

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Dans une campagne sécuritaire, Chirac a risqué le coup de casque

Il faut donc une musique àla fois entrainante et porteuse d’un message fort. C’est ainsi que JacquesChirac en 2002 choisit pour sa campagne le titre évocateur de Daft Punk,« One More Time ». Le ton était ainsi clairement donné.Le PS avait eu la même idée àl’origine, mais s’était rétracté devant la volonté du groupe de resterapolitique. L’UMP passa outre, mais du cependant retirer le morceau, sous la menacesdes poursuites… L’idée était pourtant bonne, aussi l ‘équipe de campagnese rabattit sur Saint Germain, qui refusa également. Ce fut donc un air deJohnny qui accompagna la réélection chiraquienne, ainsi au passage que quelquesdizaines de milliers de manifestants et une chanson de Saez, Fils de France. Il, estintéressant de noter le faible respect des droits des artistes, pour un partiqui fit voter la DADVSI, ancêtre de HADOPI en 2006.
La campagne de 2007 vitcette fois des musiques spécifiques préparées au sein des partis dans les deuxcas, à la fois dignes et solennelles. Efficace dans le cas de l’UMP puisqu’onretrouve cette musique dans la fameuse vidéo « J’ai changé », quidonne le sentiment de voir un super héros face au défi de sa vie. SégolèneRoyal avait pour sa part choisi un mélange plutôt douteux entre le « changerla vie » de 1977, et un faux air de musique de berger des Pyrénées,matinée d’une boite à rythme pour faire moderne : http://www.youtube.com/watch?v=ice3LJNtP5w
En ce monde où lacommunication règne, rien n’est doncnégligé pour attirerlechaland l’électeur. La musique joue le rôle du diffuseur d’odeur à l’entréede certains magasin (Ceux qui ont déjà vu une boutique M&M’s savent de quoije parle). Cela ne va pas sans épisodes comiques, et chansons risibles, commela chanson officielle de la campagne de Chirac en 1988, « Jacques ChiracMaintenant » où « Mitterrand président » de 1981, fleurant bonles synthétiseurs en vigueur à cette époque.
Évidemment à ne pas oublierle Lipdub de l’UMP « Changer le monde », cultisme, ou l’on voit se déhancherdans un train une belle brochette de ministre, plus parodiques les uns que lesautres. L’UMP cette fois avait pris soin de demander à Plamondon les droits dela chanson… Mais pas du groupe québécois la chantant, dont ils ont piratés empruntés lachanson: http://www.dailymotion.com/video/xbi02p_lip-dub-des-jeunes-ump-bientot-inte_news?start=42#from=embed
Le clip est désormais introuvableet se garde précieusement pour ceux qui ont téléchargé ce bijou. Pourparfairele succès de cetteopération communication, la SNCF n’a pas été prévenue de ce tournage dans sesvéhicules, en toute légalité donc…

La campagne en chantant

Un type avec des yeux si parnormalement bleux ne peut être que de droite?

Mais la musique c’est aussiles chanteurs soutiens politiques, vieille habitude. On avait vu Renauds’afficher clairement pour Mitterrand en 1981 et 1988, tout comme Johnny ducoté chiraquien, inaugurant un concert en pastichant une de ces chansons,« on a tous en nous quelques chose de Jacques Chirac », pas cetteannée là, en tout cas... Depuis 2007 et la peoplisation politique, les soutiensartistiques sont devenu le gibier de chasse du candidat. Gibier peu difficile àdébusquer au demeurant, puisqu’il semblerait que les « artistes »sont soit marqués dans un camp, soit apolitiques. On se souvient du défiléd’artistes venus féliciter Nicolas Sarkozy, Mireille Mathieu, Enrica Macias, DocGynéco, Faudel, Didier Barbelivien, l’éternel Johnny et l’apothéosedu Champ de Mars, le concert dePolnareff le 14 juillet 2007, ce qui fut sans doute sa plus longue apparitionsur le sol français en 30 ans. La surenchère s’étant arrêtée là, devant lecaractère légèrement ringard des stars contactées. Notons tout de même queGilbert Montagne se vit (sic) confier une mission sur le handicap visuel...

La campagne en chantant

Yannick Noah toujours en renfort à gauche

Il faut dire cependant quela gauche n’était pas en reste et affichait et affiche toujours Yannick Noah,personnalité préférée des français depuis que l’Abbé Pierre nous a quitté, cequi écrasait de suite la concurrence. Les choix à gauche sont plus poussés,puisque les soutien se fendent le plus souvent d’un concert populaire, commecelui de 2007 à Charléty, ou l’on retrouvait notamment avec Yannick Noah,Indochine, Cali, Bénabar et bien d ‘autres. En matière de musique, ledernier mot reste donc à la gauche pour l’efficacité de son recrutement, quilaisserait à penser qu’il y a plus de chanteurs engagés à gauche. Le PC restele maitre en la matière, puisque l’on va désormais plus à la fête de l’humapour ses concerts que pour sa sangria ses conférences.
La musique et la politique,une longue histoire, parfois sordide, comme le « maréchal nousvoilà », ode au régime de Vichy. Avec la communication en accélérée, lechoix d’une musique doit s’inscrire dans une thématique de campagne, ou rienn’est laissé au hasard. Quel sera le choix du président sortant à l’heure dedébuter son meeting ? On ne saurait trop lui conseiller le « malaimé » plutôt que son classique refrain de« l’opportuniste ».
NB : Je me suis demandéquelles pourraient être les chansons les plus appropriées à des hommespolitiques, notamment durant leur campagne.
Pour 2012 ou pourraitenvisager :
Nicolas Sarkozy : La dernière séance
François Hollande : Lucky Man
Eva Joly : Le black métalnorvégien étant trop connoté, Les bétises
François Bayrou : Les gens raisonnables
Olivier Nihous : Ce matin, un lapin...
Dominique de Villepin : Rasputin
Marine Le Pen : Les Valses de Vienne (on les a retrouvées)
Philippe Poutou : Big Bisou, puisque Besançenot aurait plutôt choisi la musique du déserteur, reprise par les électeurs de feu la LCR d’ailleurs...
Hervé Morin: Je marche seul

Nicolas Dupont Aignan : Qui c'est celui la?

Jean-Luc Mélenchon : Comme un ouragan
Christine Boutin : AlleluiaNathalie Arthaud : Un autre mondeEt par le passé nous aurionspu aussi avoir :
En 2007
Sarkozy : Je me voyais déjà
Royal : Sound Of Silence
Bayrou : Pile ou Face
José Bové : La fille du coupeur de joints
En 2002
Jospin : Pourquoi
Jean-Pierre Chevènement : I'm Back (De l’autre monde)
Et la mention spéciale pourla campagne de Giscard en 1995, placés bien évidemment sous le signe des vieux et pour Alrlette et bien... voilà, remarquable!
Si vous avez d’autressuggestions, je suis preneur
Réf :http://www.fluctuat.net/3118-Chansons-de-campagne

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