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L’expert, le tohu-bohu et le développement durable

Publié le 06 février 2012 par Christophefaurie
Selon le petit ouvrage de Xavier de Bayser*, dans la tradition juive, tohu et bohu sont deux termes dont le premier représente le désordre et le second une puissance d’ordre. Ils ont été rapprochés dès l’origine par les anciens - comme le Yin et le Yang – pour exprimer que lorsqu’il existe un désordre, il y a aussi une puissance d’ordre qui peut suivre.
Le tohu traduit le monde complexe, rugueux et désordonné. Mais si l’on applique la théorie du « petite cause grands effets », il faut chercher les choses simples, qui permettent d’obtenir des effets vertueux qui mènent à l’ordre, le bohu.
C’est ce comportement là qu’il faut sans cesse montrer et appliquer pour que la génération qui suit l’adopte, est devienne durable.
Or, depuis plus de quinze années, je mène des expertises pour le compte, tant des assureurs que des industriels, des collectivités et des associations, qui me font intervenir dans un tohu, autrement dit un litige en responsabilité civile entre parties prenantes.
Et, après plusieurs centaines de litiges traités (en fait milliers…) et une évolution drastique du métier, je constate que ma mission et mon rapport d’expertise constituent une aide à la décision par la recherche des faits, des causes techniques, des conséquences économiques et du droit des contrats, du contexte.
Mais une aide à la décision dans quel dessein?
A l’origine, simplement pour qu’un assureur puisse se positionner sur sa police d’assurance et ses garanties vis-à-vis de son assuré.
En quinze ans, le monde a bien changé, s’est transformé, s’est complexifié…
Ainsi, jadis inscrit dans le cercle des parties prenantes à un litige (assuré, courtier, agent, avocat, assuré, tiers…), l’expert se retrouve aujourd’hui placé, à l’intérieur du cercle, distillant et adaptant son information à la compétence de la partie prenante : un technicien, un juriste, un économiste, un commercial, …
Inscrit au centre de ce cercle, l’indépendance d’esprit de l’expert, son intégrité, sa compétence, son champ d’expérience et ses moyens, sont autant d’atouts pour la recherche des choses simples qui permettent de sortir de la situation de litige par le haut et parfois en déclenchant une situation meilleure qu’avant.
Voilà donc le dessein de cette aide à la décision : la recherche du bohu.
Ce sont des dizaines et des dizaines de cas traités que je pourrais vous soumettre. Chaque fois, l’idée était de trouver le grain de sable qui coince l’écosystème du litige pour l’emmener vers le bohu, c’est-à-dire l’ordre porteur d’avenir.
C’est à chaque fois la position idéale au centre du cercle, qui donne la clarté de la situation (sans influence autre que sa propre histoire, bien sûr ! voir pour cela Howard Zinn).
Une vision claire permet alors de créer la situation de sortie en mode durable, c’est-à-dire celle où les parties au litige, souhaiteront toujours agir ensemble en confiance, dans une relation où chacun reconnaît l’autre pour ses talents particuliers.
C’est bien cette collection de talents reconnus et mélangés qui offre une meilleure gestion du risque, gage d’ordre et de développement durable.
Alors l’expert, celui qui propose une aide à la décision, n’est-il pas par essence, au centre du développement durable en proposant simplement d’éclairer la voie qui mène du tohu au bohu ?
* Le petit livre du développement durable ou 10 mots pour changer la planète de Xavier de Bayser
éditions l’Archipel.

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