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Le bambou : une "herbe magique" pour stations d'épuration

Publié le 07 mars 2008 par Marc Chartier


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Vezins, une petite commune du Choletais, dans le Maine-et-Loire, a récemment fait la une de l'actualité au chapitre du développement durable. Elle a en effet été choisie par la Communauté d'Agglomération du Choletais pour l'implantation d'une station d'épuration particulièrement innovante, basée notamment sur les vertus "assainissantes" du bambou. Ce dernier concept est dû à une toute jeune et prometteuse société : Phytorem®.

Inaugurée en janvier 2008, la station d’épuration de type végétal de Vezins fait partie du projet de rénovation de l’ensemble des stations d’épuration de l'agglomération choletaise qui sera mis en place d’ici fin 2011. C'est la première de cette capacité en France. Elle a été créée pour remédier à la surcharge hydraulique et organique de l’actuelle station dont la conception ne permettait plus de traiter efficacement la totalité des effluents de la commune.
Elle a ainsi été dimensionnée sur une charge de pollution estimée, à l’horizon 2020, à 2280 EH (équivalent-habitant : unité de mesure permettant d’évaluer la capacité d’une station d’épuration et basée sur la quantité de pollution émise par personne et par jour).

Cet équipement utilise une filière de traitement composée de trois concepts "épuratoires" successifs permettant le rejet d’une eau de qualité dans la rivière de l’Evre :

  • 3 filtres plantés de roseaux, de 960 m² chacun, qui épurent la majeure partie des effluents "frais" répartis sur la surface ;

  • 3 lagunes de 4 000 m² chacune, assurant un traitement complémentaire sur les paramètres azote et phosphore ;

  • une bambouseraie d’environ 11 000 m² qui assure le traitement tertiaire sur le phosphore.

Naturel, simple et écologique

Le dispositif d’assainissement de la station d’épuration végétale de Vezins est, à plus d’un titre, naturel, simple et écologique :

  • il s'intègre parfaitement dans le paysage ;

  • il est peu consommateur d’énergie et n’utilise pas de réactif chimique, pour des performances de traitement comparables à celles des installations classiques et des coûts d’exploitation réduits ;

  • les boues sont minéralisées directement sur les filtres plantés de roseaux, pendant une dizaine d’années avant d’être valorisées en compostage avec des déchets verts ou en épandage sur les terres agricoles ;

  • un fauchage partiel des roseaux et des bambous chaque année permet de réutiliser ces végétaux en compostage (roseaux) et dans l’artisanat (bambous).

La sensibilité du milieu récepteur que constitue la rivière de l’Evre a nécessité une attention particulière à la conception des ouvrages afin d’assurer un traitement très poussé des effluents avant leur rejet, tout en garantissant une période de non rejet vers la rivière pendant trois mois de l’année (période estivale). Ces éléments ont été pris en compte par le groupement de maîtrise d’oeuvre, Pöry Environment – Société d'ingénierie nature et technique (SINT), et les constructeurs, Sogea Atlantique et Phytorem®.
Un protocole de suivi technique a été élaboré avec l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, co-financeur à hauteur de 41% avec le Conseil général de Maine-et-Loire (15%) de cette réalisation estimée à 1,3 millions d’euros.

Si la station d’épuration végétale de Vezins adopte, avec une filière de traitement trilogique (roseaux, lagunes, bambous), un process tout à fait novateur, ce dernier se distingue plus particulièrement par le positionnement tertiaire d’affinage (épuration des eaux avant rejet) par le bambou.
La technologie du Bambou Assainissement® proposée en exclusivité par Phytorem® est un procédé de phytoremédiation sur sol en place (dépollution et épuration par les plantes sans apport de matériaux extérieurs) qui utilise les propriétés épuratrices du bambou.
En effet, le bambou est une plante particulièrement bien adaptée à l’épuration des eaux usées. Son système souterrain de rhizomes et racines forme un maillage dense qui favorise le développement de bactéries capables de dégrader les polluants contenus par les effluents en leur apportant l’oxygène dont elles ont besoin.
Les matières minéralisées (dégradées) constituent la nourriture des bambous. Elles sont

prélevées par les bambous pour leur croissance et leur développement.
Une fois par an, de nouvelles pousses apparaissent. Une fois sortis de terre, les chaumes de bambous atteignent leur taille adulte en deux mois, soit jusqu’à douze mètres de hauteur pour les espèces présentes à Vezins.
Afin de maintenir une efficacité maximale de traitement, les bambous sont coupés à l’âge de quatre ans. C’est l’âge de maturité du chaume qui a alors atteint son pic de croissance et de consommation des minéraux.
Les chaumes des bambous sont ensuite valorisés dans différentes filières : fabrication de meubles, d’objets de décoration ou de lames de parquets, utilisation en bois énergie.
Grâce à ses qualités exceptionnelles (imputrescibilité, grande souplesse, dureté quatre fois supérieure à celle du chêne), le bois de bambou est un matériau très recherché et de plus en plus utilisé.
Enfin son importante biomasse (chaumes et feuilles) participe au stockage de carbone (gaz à effet de serre) dans des proportions très importantes : de 20 à 40 tonnes de CO2/hectare de bambouseraie/an.

Autre facteur qui a été pris en considération par les concepteurs du projet de Vezins : son aspect esthétique. La station d'épuration est devenue... un parc botanique ! Ce coin de verdure pour le moins insolite est un lieu de promenade et d'animation pour les familles et notamment les jeunes écoliers qui viennent y apprendre, grâce à des panneaux d'information jalonnant le parcours pédagogique, les rudiments de l'écologie.

Une plante adaptée à l'épuration

Le bambou est une plante ligneuse géante de la famille des poacées (anciennement : graminées). Il se compose d'une partie aérienne creuse et très résistante au vent (tige ou chaume et feuilles) dont la croissance se déroule lors des périodes printanière et estivale (cette forte croissance s'accompagne d'une forte évapotranspiration) et d'une partie souterraine, rhizomes et racines, qui se développe toute l'année. Ce réseau racinaire très dense modifie les conditions du sol, le rendant plus favorable au processus d'épuration. Ses rhizomes colonisent rapidement les terrains environnants.

Cette plante non gélive (elle résiste à -22 °C.) est d'une remarquable rusticité. Elle développe rapidement une importante biomasse (bien supérieure à celle des autres végétaux) quels que soient le milieu, l'environnement ou les contaminations. Certaines espèces grandissent de plus d'un mètre par jour. Étrange caractéristique : le premier printemps suivant la plantation, le bambou produit des turions qui, en 8 à 10 semaines, peuvent atteindre 1,40 à 2 mètres. L'année suivante, de nouvelles pousses seront supérieures en taille et en diamètre à celles de l'année précédente. Et ainsi de suite... Les bambous les plus petits sont donc les plus âgés.

Le feuillage persistant du bambou lui permet de générer tout au long de l’année une évapotranspiration considérable et de prélever ainsi de grandes quantités d’effluents liquides à travers un système racinaire d'une exceptionnelle densité. Ses rhizomes se prolongent sur le lieu d'épandage au rythme de l'accroissement des rejets d’effluents.

La phytoremédiation inclut toute technologie utilisant des plantes vasculaires, des algues (phycoremédiation) ou des champignons (mycoremédiation) pour éliminer ou contrôler des contaminations ou encore pour accélérer la dégradation de composés par l'activité microbienne. La phytoremédiation est souvent réduite à la seule dépollution par les plantes vasculaires et consiste en l'utilisation des plantes (et par extension des écosystèmes qui les supportent) pour la dépollution des sols, l'épuration des eaux usées ou l'assainissement de l'air intérieur.

Le bambou prélève de grandes quantités d'eau et d'éléments nutritifs pour assurer sa croissance extraordinairement rapide. En outre, l'important système racinaire du bambou augmente l'activité bactérienne du sol. La matière organique peut être ainsi rapidement minéralisée pour être plus facilement assimilée par le bambou.
Les contaminants sont exportés vers le chaume qui, coupé à l'âge de 4 ans sera utilisé dans diverses filières.

Les Bambous que Phytorem® met en œuvre ont été testés dans sa station expérimentale et multipliés dans sa pépinière. En fonction des conditions spécifiques aux besoins définis (nature des effluents, nature et topographie des sols, surfaces disponibles, etc.), trois voire quatre espèces différentes de bambous seront plantés sur les sols destinés à l'épandage.

Les bambous vont alors commencer leur croissance en traitant immédiatement la totalité des effluents mis en œuvre sur la plantation.

Les effluents organiques seront métabolisés ; les autres polluants (métaux lourds par exemple) seront stockés dans le chaume.

Bon à savoir...

- La première pointe de lecture pour le tourne-disque d'Alexandre Graham Bell était en bambou.
- Le filament incandescent de la première ampoule électrique créée par Edison était en bambou.
- 80 % de la cellulose produite en Inde pour la fabrication du papier provient du bambou.
- Le bambou réduit en morceaux sert de nourriture animale et piscicole.
- En Chine, certains ponts suspendus en bambou ont une portée libre de 40 m.
- Certains bambous du sud de la France peuvent atteindre en 2 mois 24 m de haut et 60 cm de diamètre.
- Certaines espèces de bambous poussent de 1 mètre en 24 heures.
- Le bambou est la seule plante qui ait survécu dans l'épicentre de l'explosion atomique d'Hiroshima.
- Le bambou est utilisé comme médecine contre les troubles de la circulation, l'asthme, les affections rénales.
- Le bambou peut servir dans la construction d'échafaudages pour des immeubles.
- Les bambous remplacent le béton armé dans certaines constructions en ciment.
- Le bambou pousse jusqu'à 4 000 m d'altitude comme dans les jungles chaudes et humides ?

(extrait de l'exposition "Bambou herbe insolite" – La Villette, octobre 2003-mars 2004)

Sources :

Communauté d'agglomération du Choletais

Phytorem®

Crédit photos : Communauté d'Agglomération du Choletais et Phytorem.


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LES COMMENTAIRES (2)

Par mika
posté le 21 septembre à 21:02
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les stations utilsant les capacités du bambou sont déjà nombreuses sur le térritoire francais il n'y a pas la de révulotion. renseignez-vous plus sérieusement avant de faire vos article.

Par Noble Panda
posté le 21 septembre à 14:42
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Votre article est intéressant il comporte cependant une erreur de taille : le Phyllostachys edulis, ou Moso peut effectivement atteindre 24 m à Anduze, en revanche 6O cm peut correspondre à la circonférence d'un chaume mais sûrement pas à son diamètre, y compris en Chine. Un Guadua angustifolia peut avoir un diamètre de plus de 40 cm (Amérique du Sud). Amicalement.

Par Jean-Valéry Thoraval
posté le 20 février à 16:14

ah et le ginkgo biloba à lui aussi survécu dans l'épicentre de l'explosion atomique d'Hiroshima. et pour finir, le premier filament incandescent était en bambou carbonisé ;)

Par Jean-Valéry Thoraval
posté le 20 février à 16:13

60cm de diamètre, c'est une erreur, 20cm et vous serez plus dans le vrai

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