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Southern Kings: A quoi joue la fédération Sud Africaine?

Publié le 06 février 2012 par Sudrugby

Le Super Rugby est un championnat au fonctionnement assez simple désormais, composé de cinq franchises de trois pays (Afrique du Sud, Australie et Nouvelle Zélande). Contrairement aux deux premières éditions du Super 12 où seules les meilleures équipes lors de la Currie Cup précédente avaient le droit de participer, les franchises Sud Africaines sont désormais bien connues et inamovibles. Au nombre de quatre lors des Super 12 avec les Bulls, les Stormers, les Sharks ainsi que les Cats, elles sont désormais au nombre de cinq depuis 2006 et la scission de cette dernière en deux franchises distinctes, les Cheetahs et les Lions. Mais depuis 2005 il existe une sixième franchise “non officielle”, aujourd’hui nommée Southern Kings et auparavant connue sous le nom de Southern Spears, dont le but était d’intégrer le Super 14 en 2007. Faute de garanties financières suffisantes, cette option a été écartée et la jeune entité dissoute. En 2009 une sélection du Eastern Cape refait surface pour affronter les Lions Britanniques & Irlandais en tournée dans le pays. Elle s’appelle désormais les Kings et est composée de nombreux joueurs issus d’autres provinces. En 2010, avec le passage à 15 équipes, une nouvelle tentative d’intégrer le Super Rugby échoue, la 15e place étant donnée logiquement aux Melbourne Rebels. Les représentants de l’Eastern Province étaient pourtant prêts à intégrer la conférence Australienne… un raisonnement bien illogique. En 2011 les Kings participent à la IRB Nations Cup organisée en Roumanie et remportent le tournoi. Cependant, le 27 janvier 2012 juste avant l’annonce de la nomination d’Heyneke Meyer, la SARU a discrètement glissé que les Southern Kings seront inscrits au programme du Super Rugby 2013 sans s’épancher sur les détails. Comment en est on arrivé à ce parachutage?

Nelson Mandela Bay Stadium Southern Kings Super Rugby Eastern Province Port Elizabeth

Le Nelson Mandela Bay Stadium sera le théâtre des matchs des Southern Kings

Chaque franchise de Super Rugby est associée à plusieurs clubs présents dans les deux divisions de la Currie Cup et en Vodacom Cup. Le club de Port Elizabeth, les Mighty Elephants a ainsi été renommé Eastern Province Kings en 2010. Les Southern Kings, franchise fictive pour le moment, sont formés par l’union de l’Eastern Province, des Border Bulldogs et SWD Eagles. Les Kings ont nommé Alan Solomons (ex coach de l’Ulster, Saints, Stormers et Babas) pour diriger la franchise et ont recruté des bons joueurs comme Luke Watson, Jaco Engels ou Clint Newland pour, en premier lieu, rejoindre la première division de la Currie Cup et ainsi gagner en légitimité. Peine perdue car, avec deux échecs pour la promotion et même dans la course au titre de champion de la seconde division en 2010 et 2011 ajoutés aux contre performances en Vodacom Cup, les Kings peinent à marquer les esprits. Plus récemment encore, ils ont été incapables de remporter un seul match amical contre les équipes réserves des provinces actuellement engagées en Super Rugby! Quel intérêt à donc la SARU à inscrire les Southern Kings au programme du Super Rugby 2013?

Luke Watson Southern Kings Super Rugby

Luke Watson, fils de Cheeky, sera la capitaine de la franchise

Cette décision est bien entendue politique et inscrite dans le contexte social très tendu en Afrique du Sud dont le rugby est une victime collatérale. Après avoir parachuté un entraîneur incompétent pour des raisons politiques avec le résultat que l’on sait pour faire machine arrière en nommant cette année celui a qui aurait du revenir le poste en 2007, la fédération se tire une nouvelle fois une balle dans le pied avec cette décision hâtive et dommageable pour la santé de son rugby. La volonté politique de développer le rugby dans l’Eastern Cape est avant tout basée sur l’idée fort louable de promouvoir le “black rugby” dans cette région formée dès la fin de l’apartheid par la fusion de deux bantoustans, le Transkei et le Ciskei. La région connait un fort développement économique et Port Elizabeth possède un stade de 48000 places assises, le Nelson Mandela Bay Stadium, qui a accueilli la Coupe du Monde de Football 2010 et est désormais une étape annuelle des IRB Sevens World Series. Le président des Kings est Cheeky Watson, père de Luke Watson, et ancien militant anti-apartheid qui a dit non aux Springboks en 1976 pour continuer d’évoluer avec les joueurs noirs des townships. Si l’ambition et l’esprit de cette franchise sont louables, la méthode du parachutage l’est moins, sachant que l’équipe n’a jamais prouvé sa valeur sur le terrain et n’est pas aussi représentative qu’elle devrait l’être “sur le papier“.

Alan Solomons Southern Kings Barbarians Eastern Province Super Rugby

Alan Solomons est actuallement le coach de la province

L’annonce de la présence des Kings dès 2013 en Super Rugby a donc légitimement posé la question d’un passage du Super Rugby à 16 clubs. Cette solution a été rapidement écartée par Greg Peters, patron de la SANZAR, qui a précisé que la structure actuelle de la compétition ne pourrait pas être modifiée en raison d’un accord avec les diffuseurs valable jusqu’en 2015. Alors si vous lisez dans les prochains mois dans les médias français “spécialisés” que le Super Rugby pourrait passer à seize franchises, comprenez bien que c’est faux! Quelles sont les solutions pour le rugby Sud Africain? Il en existe plusieurs:

  • Une nouvelle fusion: Les Cats, ancienne province formée par les actuels Lions et Cheetahs pourraient revoir le jour, ces deux franchises ayant les résultats les plus faibles des cinq Sud Africaines engagées. Cependant à l’époque, la répartition des pouvoirs au sein de cette union était très favorable au club de Johannesburg et, compte tenu des bonnes performances du Free State et des GWK Griquas en Currie Cup, pourrait sembler injuste pour les Central Cheetahs. De plus les Lions, annoncés comme au bord de la faillite, viennent de remporter la Currie Cup et ont recruté John Mitchell pour guider de nombreux jeunes vers un avenir plus radieux. Re fusionner les deux entités pourrait tuer cette bonne dynamique. Une union entre les Bulls et les Lions (Pretoria n’est qu’à 50km de Johannesburg) a également été évoquée mais parait fortement improbable compte tenu de la puissance des deux fédérations.

  • Une franchise pourrait être supprimée. Difficile voire impossible de ne pas inscrire les Bulls, les Sharks et les Stormers au programme du Super Rugby. Bien qu’au bord de la faillite, il est inconcevable d’écarter la franchise représentant la principale mégalopole du pays à savoir les Lions de Johannesburg. Restent donc les Cheetahs, basés à Bloemfontein dans le Free State, pas très riches, pillés chaque saison des jeunes joueurs qu’ils viennent de former. Se séparer des Cheetahs est donc la solution la plus envisageable mais serait profondément injuste compte tenu du travail de formation effectué par cette sélection ainsi que par les deux clubs associés en Currie Cup, le Free State et les GWK Griquas.

  • Un système de promotion/relégation: Les puristes qui regrettent la Currie Cup dans sa version initiale pourrait être heureux de voir un regain d’intérêt autour de cette compétition si les quatre premiers étaient qualifiés pour le Super Rugby suivant, les Kings ayant visiblement une place garantie quelque soient leurs résultats. Une telle décision devrait cependant faire hurler à l’injustice et à l’inéquité les franchises du high veld à majorité afrikaner ou celle des côtes plus “anglaises”. L’absence des internationaux retenus par les Springboks pourrait enfin être très préjudiciable à certains clubs.

En définitive, la décision devrait être prise le 30 mars lors d’une assemblée générale de la fédération Sud Africaine. Malheureusement il semble probable que les Cheetahs se voient écarter compte tenu de leur “faiblesse” médiatique et économique. L’ingérence politique dans le rugby Sud Africain se fait de plus en plus sentir au mépris du travail effectué depuis des années. La fédération n’est pourtant pas la seule à être fautive, il y a fort à parier que ces décisions sont prises dans les plus hautes sphères pour des questions d’image et de représentation! Les Kings devraient en tout logique piller la franchise écartée pour composer leur effectif et donc ne pas remplir leur rôle de développement du “rugby noir” dans l’immédiat.


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