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Reality show (by Stefania)

Publié le 07 février 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof

L'impasse okMohamed Bourouissa, L'impasse, 2007, Digital C-Print

Convaincue par les mots enthousiastes de Christelle, pendant mon dernier (court) séjour à Paris, je me suis rendue à la cité de l’immigration pour voir l’exposition “Mes deux amours” et la collection permanente du musée, qui est aussi très pertinente (mais dont le sujet sort du domaine de l’art contemporain).
Parmi les œuvres exposées, des photographies ont retenu mon regard plus que d’autres, qui étaient néanmoins très intéressantes. Il s’agit des clichés de Mohammed Bourouissa, jeune artiste d’origine algérienne vivant à Paris dont je viens de découvrir la carrière très prometteuse en préparant cet article.
Les photographies de Bourouissa représentent des moments de la vie quotidienne dans les banlieues de Paris, notamment celles qui font partie de la série “Périfériques”.

La republique ok
Mohamed Bourouissa, La republique, 2006, Digital C-Print


Ce premier cliché est présent dans l’exposition. Il s’agit d’une photographie de grandes dimensions, qu’on dirait extraite d’un magazine d’actualité comme on en a vu des milliers pendant les émeutes des banlieues en 2005. Mais Bourouissa ne fait pas de la photographie documentaire: les mises en scène ne sont pas spontanées, il ne s’agit pas vraiment du témoignage journalistique, bien que l’artiste soit intéressé par la thématique sociale évoquée dans cette série. Bourouissa travaille comme un peintre, il fait des croquis, il étudie la composition et il engage des gens pour “jouer” les situations qu’il photographie.
C’est un travail d’ordre plastique qui est à la base de ces clichés, c’est-à-dire une préoccupation liée à la mise en espace des personnages, en plus d’une approche qui interroge le regard des spectateurs et les met directement en dialogue avec l’histoire de l’art.

Delacroix ok
Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple La Libertà ce guida il popolo, 1830, huile sur toile, Musée du Louvre

Regardez ci-dessous cette image du célèbre tableau d’Eugène Delacroix exposé au Louvre. Il n’y a pas une correspondance immédiate entre les gestes des personnages de chaque œuvre et la ressemblance ne se réduit pas seulement au drapeau français qui flotte au-dessus de la scène. C’est la distribution des gens et leurs gestes qui dynamisent l’espace et guident les yeux des spectateurs qui rapprochent les deux images, bien qu’issues d’époques complètement différentes et donc de contextes presque opposés.

La fenetre ok
Mohamed Bourouissa, La fenêtre, 2005, 2007, Digital C-Print

Quand j’ai vu ce cliché, j’ai tout de suite pensé à des tableaux de Caravage, à cause de la force que les deux personnages dégagent et non pas uniquement à cause de leurs gestes ou de la lumière “dramatique”.

Ce qui m’intéresse le plus dans le travail de ce photographe est sa capacité à proposer des images falsifiées plus vraies que dans la réalité et de nous pousser à douter finalement des images des médias qui utilisent un langage de véracité et se posent, par leur dimension “institutionnelle”, comme détenteur d’une vérité universelle. Il est évident que la frontière entre vrai et faux est très mince.


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