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Nomination des maires de villages jamais reconstruits

Publié le 01 mars 2008 par Namiride

Personne ne va voter pour Jean Laparra, maire sortant de (Meuse), mais il a toutes les chances d’être reconduit: son village fait partie des six communes “mortes pour la France” lors de la bataille de Verdun en 1916 et qui, jamais reconstruites, n’ont pas d’habitant.

Comme ses collègues de Beaumont-en-Verdunois, de Cumières-le-Mort-Homme, de Fleury-devant-Douaumont, de Haumont-près-Samogneux et de Louvemont-Côte-du-Poivre, cinq autres communes du canton de Charny-sur-Meuse dévastées par les combats, M. Laparra sera nommé après le 2è tour du 16 mars par le préfet de la Meuse à la tête d’une commission municipale de trois membres chargée d’administrer les villages martyrs.

Toutes sans habitant, ces communes n’ont jamais été reconstruites. “Elles ne l’ont pas été en raison de la présence trop importante de munitions non-explosées et de sols bouleversés et pollués”, explique-t-on à la préfecture, ajoutant qu’après l’armistice de 1918, il n’y restait “pas un mur debout”.

Toutefois, pour conserver leur mémoire après la Grande guerre, l’Etat a décidé en 1919, lors des premières élections municipales organisées après le conflit, de les doter d’un conseil municipal restreint.

Dans ces six communes “désertes”, le maire est avant tout le garant de l’entité administrative. Ainsi, officiellement, on ne dit pas “maire de Bezonvaux” mais “président de la commission municipale, maire de Bezonvaux”.

A quelques différences près, ces maires nommés par l’autorité administrative ont les mêmes attributions que leur collègues élus: ils reçoivent une écharpe tricolore et tiennent leur registre d’état-civil, bloqué dans les six communes à “zéro habitant” depuis 1918.

Leur domicile établi dans une autre commune –Verdun, dans le cas de M. Laparra– fait office de mairie. Mais ils n’ont pas le statut de “grand électeur” et ne peuvent donc pas élire les sénateurs.

Beaumont-en-Verdunois comptait 186 habitants en 1911; Bezonvaux, pris et repris seize fois en deux mois par Français et Allemands, en avait 149 la même année; Cumières-le-Mort-Homme en dénombrait 205; Haumont-près-Samogneux 131; Louvemont-Côte-du-Poivre 183 habitants et Fleury-devant-Douaumont 422.

Pour perpétuer le souvenir de ce dernier village, la commune d’Allemagne (Calvados) avait pris en 1917 le nom de Fleury-sur-Orne. Aujourd’hui espace boisé où les stigmates des furieux combats qui s’y déroulèrent sont encore visibles, Fleury-devant-Douaumont n’est plus qu’un parcours fléché permettant au visiteur de découvrir l’emplacement des maisons des différentes rues avant la destruction de celui-ci.

Chacune de ces communes “mortes pour la France” compte une chapelle-abri et un monument aux morts. (AFP)


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