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Ressac #3 : De l'art de se faire chier.

Publié le 14 septembre 2011 par Hugocentrisme
"C'est lorsque je ne fais rien que je travaille à ce qui compte le plus : regarder, écoute le monde autout, et y voir clair." Laurent Van DerStockt, photojournaliste.
L'ennui est formateur.
Cash. C'est en s'ennuyant que l'on prend du recul. Que l'on arrête de penser de façon pragmatique et prosaïque.
L'ennui permet de laisser la pensée se perdre. De redonner la place à l'imaginaire.
L'ennui ouvre les yeux. Moi, assis place 21 voiture 11 se fait chier ferme et pourtant, pourtant découvre la France, regarde. D'un regard désintéressé, purement curieux. Peut-être que je scrute le paysage à la recherche d'une surprise, d'un insolite. M'enfin c'est surtout pour avoir quelque chose sur quoi poser les yeux. Parce qu'en attendant, ça tourbillonne là-haut...
L'ennui alimente rêves, utopies, fantasmes, angoisses, machiavélismee, énervements, fatigues, envie de pisser... Mais voilà, j'aime l'ennui, à doses mesurées attention. Parce qu'il fait tourner les parties les plus intéressantes du cerveau. Je dois être le cinq cent millième (au moins) à écrire ça et je ne serai pas le dernier. Mais voilà, l'ennui mérite un post dans mon blog.
Moi qui ai consommé de l'ennui sans modération pendant ces trois dernières années, je vais essayer de vous expliquer comment en tirer profit mais aussi comment le fuir. Car l'ennui ressemble un peu à un maelström dont il est difficile de s'extirper.
La question utile est maintenant : comment peut-on être en paix dans l'ennui ?
Je pars du principe que l'ennui fais surgir ou resurgir nombre tracas, angoisses, doutes et autres appréhensions envahissantes et disturbantes.
Précision : je ne parle pas de l'énorme "BORING" qui se dessine sur ta face en cours d'espagnol, je ne parle pas de cet ennui passager-là. Je parle de l'autre, celui du morse sur la plage qui n'a rien d'autre à faire que de penser (une fois la sieste terminée). Ou encore d'ennuis comme le mien, quand on se mange 4 heures et demie de train dans les dents... Mais nous (le morse et moi), ce qui est bien, c'est qu'on a le temps de refaire le monde.
Première étape, "Se rassembler", faire le point : prendre conscience de sa condition de gros insatisfait et lui donner un coup de boule... puis faire l'effort de se coller d'honnêtes étiquettes telles que "Femme(/Homme) comblée" ou "nage en plein bonheur", etc. Prendre conscience du chemin parcouru et en être fier - même si vous êtes présentement dans la merde. (littéralement ? ... même combat.) puis,
deuxième étape, "Jouir" (ou péter un cable) devant :
- L'océan de possibilités concrètes et réelles qui s'offrent à nous.
- Le raz de marrée d'idées, de projets, de fantasmes qui ont le temps de nous venir à l'esprit et de mûrir (ou pourrir, c'est selon) puisque rappelons-le : vous vous faites royalement chier.
- Le tremblement de terre (oui, l'ennui à quelque chose d'apocalyptique) de motivation que tout ceci vous procure.
- La tornade de bonne humeur !
- L'éclair de lucidité !!
- Le ... Ok. Pigé ? Faites-vous chier !
Et puis se faire chier c'est aussi un style, le bored de service adopte une attitude bien à lui : les yeux dans le vague, la démarche nonchalante, les épaules - trop- relâchées, la moue renfrognée de l'ennui, -_-, etc. D'ailleurs grâce à ce style, vous pouvez reconnaître les autres bored et ne pas leur parler parce que vous êtes ronchon d'être bored depuis tout ce temps, ou au contraire vous sauter dessus mutuellement et sortir du mode bored mais ça c'est à vos risques et périls. (wouah mais j'écris n'im-port-quoi)
Ressac #3 : De l'art de se faire chier.
L'ennui est destructeur.
Passons au mal... OUAIS !
Le mal ici c'est moi. (réplique de série Z) Moi a fait une overdose d'ennui. Tout est fu***** soumis à la loi du "juste milieu" dans ce bas monde. L'excès est une notion universellement prohibée (heureusement). Et donc me voilà dans de belles couettes. Voici les conséquences de trop d'ennui :
- Tourner en rond, dans son rêve ou sa colère. Après avoir eu largement le temps de se construire un avenir parfait avec plein de petit détails pour faire hyper vrai, dur de revenir à la réalité. Après s'être fait de long et énormes fausses idées sur un sujet ou un point de tension, dur de redevenir objectif et de prendre les choses avec calmes tant le cercle vicieux s'est profondément ancrée en nous. Ça ressemble à de l'auto-lavage de cerveau. Attention à ne pas tomber dans un cercle vicieux. Ne jamais vous ennuyer si vous êtes actuellement troublé ou énervé, vous gâcheriez tout votre ennui en un grand bordel de procès d'intentions et autre chose pas coule.
- Devenir addict. Dans ce cas on ne parle plus d'ennui mais de poil dans la main, de se la couler douce. D'avoir GRAVE la flemme. C'est la pire des choses. S'habituer à ne rien faire et finir par aimer ça !! C'est nul.
- Se faire piéger par l'ennui. Lorsque que tout ce magnifique "océan des possibles" devient, au bout de belle heure de glande, trop bien dessiné et ressemble vraiment à un océan dont on ne voit pas le fond. Ce moment-là est vraiment, vraiment effrayant. Et je vous conseille de tout de suite vous distraire avec n'importe quoi. Rien de plus effrayant que la lucidité dans un moment où l'on mesure l'océan des possibles, où l'on calcule le nombre de projets réalisables. On se perd, on reviens en arrière et l'on se pose la question "A quoi bon ? "... vraiment dur de répondre à celle-là les enfants, éviter de vous la poser. C'est une question piège, on se mord la queue au bout d'un paragraphe de dissertation. On se perd et on abandonne, on prend ce qui est à portée de main, ce qui flotte à la surface. On choisi la facilité par dépit. On choisi la facilité par défaut. La facilité... n'est jamais la résultante d'un vrai choix.
L'ennui prend rapidement la forme d'un assassin de la motivation, l'ennui est opium et nous transforme en légume fade et amère avec la société, l'ennui nous fait perdre notre temps et notre argent. Je déteste l'ennui, il me tient par les... et ne me lache pas, il m'a brouillé les yeux, maintenant je vois mal, je vois déformé, je vois brouillé, je vois gris et plat. La valeur ajoutée de l'ennui cérébral et formateur ne vaut et ne vaudra jamais celle d'une expérience réelle, d'un ressenti physique, d'une après-midi bien remplie. Seulement, il peut, si on l'utilise finement, nous recentrer, nous faire revoir nos priorités, nos réelles envies, il nous fait redécouvrir la notion de pensée "à long-terme", autrement dit : "l'ambition". Notion cruciale dans le monde d'aujourd'hui. Il est important de voir grand, de ne pas avoir peur de tailler plus petit ensuite. Mais visez large, au cas où ça vous irait comme un gant, sait-on jamais ?
Alors, un bon conseil, ennuyez vous quand vous êtes heureux, amoureux ou ambitieux.
...Ah merde, on à toujours un truc à faire quand on est dans ces états-là. Bon bah, ne vous ennuyez surtout pas. A condition que vous rêviez assez, ça me va.

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