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56 jours, le matin - La prime à la saloperie

Publié le 24 février 2008 par Nitchioule
On se fait des crêpes au petit déjeuner, on boit son café en lisant la presse pipole. Le soir, on joue à la Wii et puis on joue au poker... Et tout au long de la journée, on se déteste de ne pas être plus combatif, de ne pas changer le monde, de ne pas créer, de ne pas aider.
Cet été, Dug et moi, on se marie. A la mairie et à l'église. Pour recevoir ce sacrement, il faut accepter ses 4 principes : la liberté, l'indissolubilité, la fidélité et le don de la vie. C'est ce dernier point qui me pose problème. J'ai toujours voulu avoir des enfants, mais aujourd'hui, je me demande si ce désir est juste.
Qu'est-ce qui les attend ? Une société qui obéit à la loi du plus fort, une planète en danger... La réussite vient aux menteurs, aux voleurs, aux égoïstes, aux radins, aux inconscients. Dois-je apprendre à mon fils, à ma fille, le mensonge, le vol, l'égoïsme, la radinerie, l'inconscience ? Dois-je faire de lui un petit monstre, un pro de la démerde ?
Dans mon enfance, on m'a pourtant appris qu'il fallait penser aux autres, que le physique ne comptait pas, que la richesse n'était pas une vertu. Comme cette fois, lors d'un voyage en voiture où j'ai dit fièrement : "Moi, quand je serais grande, j'épouserai un milliardaire." Mon père s'est étouffé au volant. Fou de rage, il m'a comparée à ma tante, connue dans la famille pour son manque d'éthique en matière d'argent.
Et puis, j'ai vu que ces principes s'appliquaient aux petits, mais pas aux grands. Mon père a voulu que j'aille dans un rallye pour rencontrer des gens "biens". Je traduis : des gens de mon milieu, qui, justement, ont de l'argent, des bijoux, des appartements de 250 mètres carrés dans le XVIème, qui font de l'humanitaire en Inde au mois de juillet, s'habillent chez Ralph Lauren, vont en boîte le vendredi soir, au théâtre le samedi soir et à la messe le dimanche matin.
Il a ensuite voulu que je fasse une école de commerce et que je trouve du travail dans les banques ou dans les assurances. Il me voyait bien dans un petit tailleur gris, avec ma petite sacoche en cuir, à discourir sur des Powerpoint, à voter Sarkozy, à plumer les handicapés. Je n'ai pas pu. Mais pour l'instant, je ne peux pas, non plus, faire autre chose. Je suis bloquée. Dans l'aquarium, je suis la larve qui nourrit les requins.

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