51 jours - La petite voix

Sur le trampoline, Fanny saute. Elle plie les genoux, s’appuie sur ses mollets, détend les jambes et pousse. Toujours plus haut, elle rebondit. Dans les airs, elle rit. Légère, elle bat des bras. Et puis, elle redescend. Dans les yeux des adultes qui la regardent, gravement, elle s’enfonce.
Fanny enfile son maillot de bain noir dans les vestiaires de la piscine municipale. Devant la glace, elle met son bonnet en rentrant soigneusement ses longues mèches blondes. Elle monte les marches du plongeoir de 5 mètres. Elle accroche ses orteils au rebord. Elle tend les bras, elle tombe, la tête rentrée. Elle sabre l’eau et coule jusqu’au fond du bassin. Elle expire. Rien à faire, elle remonte. Le sifflet aux lèvres, le maître nageur la guette.
Amoureuse Fanny. Elle danse dans son short kaki. Un coup de hanche à droite, un coup de hanche à gauche, elle virevolte, et puis elle tend un bras, et puis elle avance l’autre. Elle ferme les yeux, il n’y a plus que les notes de musique qui brillent comme des étoiles dans la nuit noire. Ses cheveux blonds se balancent. Elle roule un peu des fesses sous un ciel de platanes et de roses rouges. Les garçons, fascinés, applaudissent.
Les larmes coulent sur le visage nacré de Fanny. Elle plonge, elle saute, elle danse. Elle ignore la petite voix qui murmure à son oreille.