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49 jours- L'aumône

Publié le 17 février 2008 par Nitchioule
Je me souviens, le dimanche à la sortie de la messe, ma mère nous donnait à tous les trois 1 franc pour le clochard qui se tenait devant la grande porte de Dieu. Je serrais ma pièce très fort entre mes doigts et quand je la tendais finalement avec un grand sourire, j'avais l'impression d'être un soleil pour cet homme aux mains noires qui souvent ne disait pas merci.
C'était le moment que j'attendais avec impatience. Je me sentais bonne, comme la veuve dont parle l'Evangile, qui offre au temple les deux dernières piècettes qui lui restent. Je me sentais modeste, car je prenais bien soin de faire l'aumône discrètement et de ne pas relever la tête pour vérifier que quelqu'un m'avait vue. Mais surtout, je me sentais puissante : j'étais celle qui permettait à cet homme plus âgé de vivre, tout simplement.
Je surveillais toujours Popette, ma petite soeur : je la savais mauvaise... Elle était très capable de glisser sa pièce dans sa poche en rêvant aux bonbons qu'elle pourrait s'acheter. Mais comme moi, j'étais bonne, je me devais de l'en empêcher. Et je me sentais d'autant plus bonne, que j'avais l'impression, ce faisant, de donner deux fois plutôt qu'une.
Derrière le clochard, pourtant, il y avait l'homme, et derrière la petite fille, le monde qui le déshumanise.

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