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La votation sur les résidences secondaires et le syndrome d'unicité

Publié le 13 février 2012 par Francisrichard @francisrichard

Chalet-de-montagne.jpgL'initiative sur les résidences secondaires soumise à votation le 11 mars 2012 est typiquement étatiste. 

Cette initiative intitulée "Pour en finir avec les constructions de résidences secondaires envahissantes" a été lancée le 20 juin 2006 par la Fondation Franz Weber et Helvetia Nostra ici . 

108'497 signatures valables ont été déposées le 18 décembre 2007, soit deux jours avant le délai imparti  pour aboutir. Rejetée par le Conseil fédéral et le Parlement, elle est soutenue par les socialistes, les verts et le parti évangélique.

Si cette initiative est adoptée par le peuple le 11 mars prochain, un nouvel article, 75b, de la Constitution fédérale, venant après l'article 75, qui traite de l'aménagement du territoire, et l'article 75a, qui traite de la mensuration, comportera deux alinéas ici :

"1 Les résidences secondaires constituent au maximum 20 pour cent du parc des logements et de la surface brute au sol habitable de chaque commune.

2 La loi oblige les communes à publier chaque année leur plan de quotas de résidences principales et l'état détaillé de son exécution."



Sous le prétexte utopiste d'empêcher le bétonnage et de préserver les paysages, il s'agira donc d'imposer un quota unique, 20%, de résidences secondaires à tout le terrritoire national, sans considération des particularités cantonales ni communales, sans même que les cantons ni les communes ne puissent décider autrement, ce qui est contraire au principe de subsidiarité sur lequel le fédéralisme helvétique repose [la photo provient d'ici]

Il s'agira donc aussi d'imposer aux communes un contrôle inquisitorial de l'habitat par la Confédération, en lui conférant un rôle exorbitant en matière d'aménagement du territoire, qui incombe pourtant aux cantons selon l'article 75 de la Constitution.

Ces mesures étatistes seront évidemment préjudiciables aux régions touristiques, où les quotas sont, pour la plupart d'entre elles, déjà atteints, et y provoqueront hausses des prix des terrains et des constructions, puisque la demande y sera dès lors supérieure à l'offre, et pertes de places de travail, puisque la clientèle sera dissuadée de s'y établir et ira voir ailleurs.

Ces mesures étatistes empêcheront les propriétaires de résidences principales d'acquérir des résidences secondaires dans les lieux de leur choix, notamment dans leurs lieux d'origine, et favoriseront la construction dans des lieux où les quotas ne seront pas encore atteints. C'est l'effet vicieux habituel de l'instauration de quotas. 

Cette propension à unifier tout est typiquement étatiste. Il s'agit de refuser les différences, de vouloir tout égaliser et tout régenter, de ne pas donner le choix, bref d'imposer par voie d'autorité et de ne laisser aucune liberté. C'est ce que j'appelle le syndrome d'unicité.

Ce syndrome d'unicité est présent dans d'autres initiatives, telle que celle sur le prix unique du livre qui voudrait empêcher la disparition de librairies traditionnelles et l'accès de tous au livre. J'ai montré ici que c'était illusoire. Et Dieu sait que je ne suis pas hostile au livre puisque j'en achète entre 150 et 200 par an...

Ce syndrome d'unicité se retrouve dans l'initiative en cours de récolte de signatures "Pour une caisse publique d'assurance-maladie" ici, lancée le 1er février 2011. La caisse publique en question, si l'initiative aboutissait et qu'elle était adoptée par le peuple, serait une institution nationale unique de droit public. C'est tellement plus simple, croit-on, qu'il n'y ait plus qu'une seule caisse pour réduire les frais. En France on voit le résultat...

Dans l'esprit de ces utopistes, unique ne signifie pas exceptionnel ou incomparable, mais obligatoire, sans autre possibilité donnée à ceux à qui l'objet est imposé. Unique est pour eux la panacée, la solution simple, qui résout tout ce qui est complexe et qui permet de ne pas se poser de questions, ne laissant aucune échappatoire. Dans la même acception du terme, souvenons-nous qu'il y a le parti unique... 



N'oublions pas non plus, pour notre gouverne, ce qu'écrivait Antoine Houdar de la Motte il y a quelque trois siècles :



"C’est un grand agrément que la diversité. Nous sommes bien comme nous sommes. Donnez le même esprit aux hommes, Vous ôtez tout le sel de la société. L’ennui naquit un jour de l’uniformité."



Il se pourrait bien en effet que nos descendants, lisant l'histoire de notre époque, disent à leur tour, en l'imitant :



"Les ennuis naquirent un jour de l'unicité."



Francis Richard


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