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Pourquoi les militants de GayLib ne sont pas « folles » ?

Publié le 13 février 2012 par Rsada @SolidShell

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Pour tout militant d'un parti politique, outre le simple fait de réussir à se faire entendre des vieux de la vieille qui ont acheté leur strapontin de longue date, il s'agit de déterminer avec précision les limites de son engagement au sein du parti auquel vous avez adhéré.

Selon vos propres centres d'intérêt (sujets locaux, sociaux ou nationaux), l'engagement sous une bannière politique implique que vous en épousiez l'organisation et les valeurs qui y sont défendues. Si vous êtes toujours assuré d'une liberté de pensée et de parole en surface, sachez bien que les positions extrêmes ou jugées trop divergentes par les gardiens de l'orthodoxie du parti, sont rarement les bienvenues et l'on vous fera rapidement comprendre au mieux, qu'il vous faut être un brin conciliant, et au pire, que vous devriez songer à changer de parti !

J'ai moi-même vécu cette amère expérience à Puteaux au sein de la section du Parti Socialiste. Le souvenir de certaines réunions de section particulièrement musclées est encore bien présent. Assumer pleinement ses positions socialistes-libérales n'est jamais aisé au royaume de la Rose et, les exposer avec une assurance parfois déconcertante, peut rapidement virer à un mauvais remake de « petits meurtres entre amis » !

C'est sans doute le même sentiment qui anime aujourd'hui les militants de GayLib engagés au sein de l'UMP au moment où le président-candidat Nicolas Sarkozy expose les grandes lignes de son futur programme dans le Figaro Magazine.

Les passages sur le mariage homosexuel et l'adoption par des couples de même sexe, ne laissent aucune place au doute :

Êtes-vous favorable au mariage homosexuel?

Je n'y suis pas favorable.(...) En ces temps troublés où notre société a besoin de repères, je ne crois pas qu'il faille brouiller l'image de cette institution sociale essentielle qu'est le mariage.

Et l'adoption par des couples de même sexe?

C'est une des raisons pour lesquelles je ne suis pas favorable au mariage homosexuel. Il ouvrirait la porte à l'adoption.(...)

Si les associations homosexuelles n'ont pas été surprises par les annonces du Chef de l’État, elles semblent avoir douché les espoirs des plus farouches soutiens de l'association gay associée à l'UMP. A un point tel que son propre président Emmanuel Blanc a annoncé le retrait du soutien de GayLib au candidat Nicolas Sarkozy !

Si le cas du député Christian Vanneste se révélait être la plus grosse pomme de discorde entre les gays UMP et leur parti, le retour à l'ordre moral et les positions ultra-conservatrices annoncées par leur ancien champion, ont sonné le glas de leur patience. Après un voyage de noces d'une dizaine d'années, le divorce entre GayLib et Nicolas Sarkozy est officiellement prononcé !

Faut-il s'en réjouir ou penser comme certains hurluberlus que l'homophobie est de droite et l'égalité est de gauche ? Certainement pas. Nicolas Sarkozy n'est pas plus homophobe que d'autres. Il est sans doute homo-indifférent. Ni plus, ni moins. Le président-candidat est convaincu en revanche que pour placer un indicateur clairement de droite, son opposition affichée au mariage homosexuel est de bon aloi. Il ne lui reste plus que cela...

Par ailleurs, si le sabordage du cercle GayLib semble se rapprocher à grands pas, quel sera le ressenti de ses militants qui y ont défendu leur point de vue noyé au milieu d'un ensemble de convictions profondément conservatrices ? Serons t-ils déçus ou désespérés au point de porter leur choix sur un autre candidat plus ouvert sur ces questions ?

Non, je n'en crois rien, car lorsque l'on décide de militer dans un parti politique, aussi proche soit-il de ses propres valeurs ou convictions, on accepte de fait d'y partager ses propres idées et d'y rencontrer parfois une forme d'hostilité. On comprend aisément que ses propres intérêts personnels ne peuvent en aucun cas prendre le pas sur l'intérêt général. Ses attentes personnelles, aussi légitimes soit-elles et lorsqu'elles sont minoritaires, trouvent toujours le moyen d'émerger lorsqu'elles rencontrent un intérêt pour la majorité.

J'ai un profond respect pour toutes celles et tous ceux qui expriment leurs convictions et qui les défendent avec force. Les militants de GayLib ne font pas exception à cette règle. A ce titre, je les invite à poursuivre leur engagement et à déterminer, le moment venu, les limites ce celui-ci.

A la manière d'Alice Parizeau : « Il faut critiquer, il faut constamment tout remettre en cause. Cela permet de rester jeune et de progresser ».


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