Magazine Journal intime

Je ne pensais pas...

Par Moushette
Je ne pensais pas...Je ne pensais pas, non, je ne pensais pas que pourrais abandonner aussi lâchement et aussi facilement ce blog qui m'était si cher, sans regrets ou culpabilité. 
Je ne pensais pas qu'aussi tôt je pourrais en parler au passé dans ma vie réelle : "Avant, j'avais un blog...". Mais depuis l'arrivée de Gabriel dans notre famille, ma vie réelle a pris le dessus sur le temps que je consacrais à la vie virtuelle de Moushette, et petit à petit, j'ai perdu le goût au blogging, et mon inspiration et le temps s'étaient volatilisés vers d'autres projets bien réels, vers ma vie de famille heureuse que je savoure (heureuse mais nombreuse, j'ai beau changer d'organisation, chuis toujours tout le temps à la bourre et en mode bordel !!!!) et EdE qui redémarre comme une flèche avec la CARA qui sort de son inertie pré-centralisation...
Alors, le blog, la vie virtuelle, tant pis, à la trappe. Les seuls choses qui avaient réussi à survivre du virtuel étaient les twits de certaines  de mes lectures, et qqs délires occasionnels sur FB pasqu'il faut pas déconner non plus !
Hier soir, je bossais pour EdE, jusqu'à une heure indécente de la nuit, aller 1h45 du mat, je l'avoue. Je termine mon dernier dossier, ferme le site de la CARA et me mets à réfléchir à mon taf de bénévole. Nul doute, la nouvelle centralisation de nos dossiers indiens me fait travailler autrement qu'avant, et a changé ma perception des choses : avant je me démenais avec le reste de mon équipe pour trouver une famille pour "nos" gosses indiens et faire avancer leurs dossiers à coup de harcèlement, relances permanentes jusqu'à leur aboutissement. Je bossais pour ces gamins qui m'avaient fait craquer grave lorsque je les avais croisé en Inde ou bien dont je connaissais l'environnement indien, puisqu'ils vivaient dans des orpheux dont je connais bien le personnel et avec qui je cause souvent. Tout en étant totalement raccord avec leurs parents puisque moi même j'étais parent grâce aux travail des bénévoles de notre OAA et que la niack que je reçois d'eux via nos délégués, nos rencontres aux rassemblement EdE et leurs dossiers que je gère, me boostent aussi.
Non, maintenant avec la centralisation, je bosserai pendant de longues heures uniquement pour que nos postulants puissent embarquer sur le grand navire centralisé de CARINGS pour naviguer de longues semaines vers leur enfant qui sera sans doute pour moi un parfait inconnu vivant sur des terres inconnues... (à la relecture, je tiens à préciser que cette métaphore, n'a rien avoir avec le postulant à la présidentielle qui se la joue Capitaine igloo du bateau  qu'il va nous promettre de faire naviguer jusqu'à Paradise Island.....). A la question "pourquoi donc tu fais ta bénévole?" je répondais souvent avant par un "bin pour les gosses que j'avais croisé en Inde et qui m'empêchent de dormir tant qu'ils n'ont pas une famille". Maintenant, avec la centralisation je remplacerai peut-être de temps en temps cette réponse par un  "pour des gosses que je ne connais pas encore"... Ouaih, je bosse pour des gosses virtuels point de vue imaginaire, mais bien réels qq part en Inde. La centralisation rend une partie de mon travail un peu plus abstrait et plus "postulant-oriented" car il y a une nouvelle grosse charge de travail en pré-attrib'. Mais finalement il reste tout aussi passionnant, car toute l'Inde sera à la portée de nos familles et donc de moi... J'ai confiance, je suis remplie d'espoirs pour nos familles en attente de la bonne nouvelle, et j'y crois.
Mais ce n'est pas de tout ça dont je veux vous parler dans ce billet, non non. Cette nuit-limite-matin donc, je finis mon taf, et comme à chaque fois que je termine à des heures pas possible, plutôt que d'être une jeune femme raisonnable et m'éclipser vers ma couette, je m'accorde une petite pause récréative virtuelle débile. 1h-3h est souvent le créneau horaire des recherches les plus improbables sur Google. Je tape un prénom et le mot adoption que j'avais bien souvent tapé depuis de longs mois sans succès. Et là, surprise, apparaît un nouveau lien que je n'avais jamais exploré et qui me parait bien prometteur...
Je clique dessus, le blog apparait, un sourire aussi lumineux que celui que j'avais laissé là-bas en juin 2011 illumine mon écran ! C'est celui du super-pote-binôme-d'orpheu-inséparable de Gabriel, qui a un an de moins que lui, et dont les parents devaient venir le chercher peu de temps après notre voyage ! Il n'a pas changé le petit bou, il va bien. J'en pleure de chaudes larmes... Des larmes d'émotion bien sûr, mais surtout de soulagement, car depuis ces longues semaines je pensais souvent à lui, me demandant avec inquiétude s'il allait bien, s'il était heureux, comment était sa famille, si peut être un jour on aurait de ses nouvelles etc. Ouaih, en tant que mère poule de tous les gosses de la terre, je me faisais du mauvais sang pour lui...
Le lien sur lequel j'avais cliqué était un billet du blog de son papa, et mon Dieu, quel blog ! Moushette est une mite à côté du sien, le père est une star dans son genre, et son blog est méga fourni, fleuri, illustré et commenté (dc à très forte audience) ! Il déborde d'énergie, d'amour, d'émotions, d'humour. Leur projet d'adoption est abordée avec pudeur, subtilité, tendresse, et amour, dans un style qui me convient à la perfection... Ce blog évoque l'adoption de S bien sûr, mais surtout bien d'autres choses, notamment au niveau professionnel du mossieur au profil très atypique, leur état d'esprit, leur philosophie de vie. Je découvre par bribes la vie de S de l'autre côté de l'Atlantique, les similitudes avec le parcours et les progrès de Gabriel, et en plus j'y trouve de nombreux points communs surprenants qu'ont nos deux familles (bin tiens juste ça : le père est un sacré blogueur, bon ça vous l'aviez deviné, avec un humour caustique assez trempé, et il est bénévole pour une assoce qui fait des parrainages autour de la planète !!!!!)...
A l'heure à laquelle je vous écrit ce billet, je ne sais pas s'il y aura une prise de contact et si tout ça ira plus loin qu'un simple looking de nos blogs respectifs. Les USA dorment encore, et mon MP n'a sans doute pas été lu. Mais je me prends à rêver, et me sens légère d'un poids qui me taraudait depuis ces longues semaines : S va bien, S est  heureux, youhouuu ! Oui, ce petit S a tenu un rôle essentiel dans la vie de mon Gabriel, alors il a une place dans mon coeur aussi. Mon travail au sein d'EdE m'a fait voir à maintes reprises à quel point ces amitiés d'orphelinats sont incroyablement fortes et structurantes pour nos enfants adoptés "grands" (enfin pas si  grands que ça pasque Gab' n'était pas ce que je considère comme "vrai" grand lorsque nous l'avons adopté !). Je reste toujours aussi émue de voir les "retrouvailles de gosses" à nos rassemblement EdE, et de revoir les enfants jouer ensemble, comme avant, comme si un fil invisible en or les reliait à tous jamais...
Ah, cette adoption d'un "plus-grand-que-les-deux-ainés", m'amène vers tant de richesses, d'émotions que je ne connaissais que de loin, pour l'avoir vu souvent chez les autres... Quelle merveilleuse aventure, quelles surprises pemanentes avec cette adoption différente, quelle chance j'ai de pouvoir vivre tout cela avec mon coeur et avec mes tripes au sein de ma famille... C'est aussi cela qui me tient éloignée de ce blog, je savoure, ce digère, je vis cette adoption de "grand" et la transformation de notre famille à fond..
Gabriel nous a pendant longtemps parlé de ce pote S, on sentait qu'il y tenait et il confirmait les dires du personnel de l'orpheu. Qqs jours avant Noël, Gabriel avait éclaté en sanglots un soir dans son lit à l'heure du coucher, snas doute rongé par un flashback blues et la culpabilité, en me demandant si tous ses potes en Inde avaient une famille comme lui et avaient quitté l'orpheu (et donc allaient avoir un Noël aussi génial que le sien). Régulièrement il me fait reconfirmer l'information comme quoi tous les enfants qu'il a laissé derrière ont bien été adoptés comme lui... Je sais que S tenait une grande place dans son coeur, Gabriel a d'ailleurs pleuré  le jour où il m'a dit "S, ce n'est plus mon copain, maintenant mes copains sont "machin" "truc" "bidule"....", comme s'il en avait fait à regret son deuil malgré lui. Ces larmes là, ces tristesses là, je le sais, elles viennent du fond du coeur de Gabriel, là où sont les souvenirs de sa vie heureuse en Inde à BSSK.
Ce matin, entre le brossage des dents et le petit dej', Gabriel a pu revoir la photo de son pote sur mon écran. Il a fait un grand sourire en le reconnaissant, encore plus grand que d'habitude, aussi lumineux que celui que j'avais affiché sur l'écran. Il me fait qqs commentaires sur ce qu'il voit, le sourire aux lèvres. Gabriel avait enfin eu la preuve que ce que je lui disais était vrai et que son pote avait bien quitté l'orpheu, et que lui aussi avait comme lui une vie familiale heureuse. Rien que de pouvoir donner ça à mon Gabriel, c'était génial, magnifique et magique, et ça me comble. It just makes my day... Tout ça grâce à un blog. C'est chouette les blogs quand même... Comme quoi, comme quoi.
Alors voilà, c'est à cause de tout ça que je vous déclare officiellement que....
Moushette renaît des ses cendres, et est de retour sur le blog !!!!
Et ça vraiment, jusqu'à hier soir, je ne pensais pas que ce serait possible de nouveau...
(par contre en termes de fréquences de billets, là on verra, hein...)

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