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Les villes franques - Origines des villes françaises

Par Choupanenette

Les invasions germaniques déterminèrent déjà par elle-mêmes un mouvement considérable dans les anciennes villes gauloises. Quelques-unes furent détruites ; d'autres changèrent de site, en sens inverse des translations qu'elles avaient subies à l'arrivée des Romains. A l'approche des Barbares, les vieilles cités dont les abords immédiats se trouvèrent dominés par des collines, montèrent sur ces collines qui parfois, comme pour Auch et Lyon des Convènes (Saint-Bertrand-de-Comminges), répondaient à leurs emplacements primitifs. Les acropoles ou vastes citadelles qui y furent construites devinrent les noyaux des villes du moyen âge et par suite des villes modernes.
Il y eut des localités qui, inconnues jusque-là, durent à leur position stratégique l'importance qu'elles auraient pu avoir au temps de la Gaule indépendante. C'est ainsi que les derniers empereurs romains ou, selon d'autres, les Visigoths, firent fortifier la colline de Carcassonne, et que l'agglomération formée par les populations qui accoururent se mettre à l'abri des remparts fut bientôt assez considérable pour justifier l'érection d'un nouvel évêché. Ce fut probablement aussi le cas de Béziers.F_vrier2012_001
Les rois mérovingiens fondèrent ou laissèrent fonder, pour des raisons diverses, d'autres évêchés qui furent la véritable origine d'autant de villes, lieux auparavant aussi inconnus que Carcassonne, ou totalement déserts. Sur huit cités épiscopales de la Bretagne, six, Quimper, Saint-Pol-de-Léon, Saint-Brieuc, Tréguier, Dol, Aleth (plus Saint-Malo), sont de cette époque, de même que Mâcon et la ville éphémère d'Arrisitum, qui, après avoir eu des évêques de 526 en 798, a tellement disparu de l'histoire, qu'on a eu de nos jours quelque peine à en reconnaître l'emplacement dans le hameau d'Hierle, près du Vigan.
Il y eut enfin, sous les Mérovingiens, des prélats, qui de leur propre autorité, modifièrent les conditions d'existence de leurs diocèses. Saint-Rémi, de Reims, trouvant le sien trop vaste, le partagea en deux au profit de Laon, jusqu'alors simple place forte. L'évêque du Vermandois, le fameux Saint Médard, quitta Vermand, son ancienne capitale, pour Noyon ; l'évêque des Helviens transféra son siège d'Aps à Vivier ; celui des Vellaves, de Révession (Saint-Paulien) au Puy ; celui des Gabales, de Javols à Mende ; celui de Nyon à Belley.
Ce qui rend la fin de l'époque gallo-romaine et la période mérovingienne très intéressante au point de vue qui nous occupe, c'est l'organisation des paroisses. Auparavant, la cathédrale était la seule paroisse d'un diocèse comme l'évêque en était le seul curé. Lorsque toute la Gaule, et lorsque plus tard tous les Francs furent convertis au christianisme, les besoins du culte exigèrent le morcellement du ministère sacré ; des églises rurales, furent érigées. Plusieurs des nouveaux groupes acquirent peu à peu de l'importance, soit par la possession d'une relique vénérée, comme Brioude, soit par les avantages d'une situation favorable au commerce, à la navigation ou au défrichement de vastes régions forestières.
Les rois francs possédaient eux-mêmes autour de leurs résidences des exploitations agricoles d'où ils tiraient le meilleur de leurs revenus et dont la culture demandait un grand nombre de bras. Leur présence annuelle dans ces villas qu'ils habitaient jusqu'à ce qu'ils en eussent à peu près consommé les fruits, attirait des marchands, qui s'y fixaient pour tirer parti de l'affluence des gens que leurs affaires amenaient à la cour, et pour profiter des privilèges que les souverains manquaient rarement d'accorder à ceux de leurs sujets, qui approchaient d'aussi près. Rueil et Clichy, près de Paris, Braisne, entre Soissons et Reims, remontent de cette manière à l'époque mérovingienne. Attigny, près de Vouziers, et Fronsac, près de Libourne, étaient primitivement des résidences d'été de Charlemagne. Le Compiègne actuel, un peu différent comme situation du Compendium romain, a dû ses principaux accroissements à Charles le Chauve, qui en construisit le palais, et de qui la ville, par reconnaissance, prit quelque temps le nom de Carlopolis.
Poissy, Etampes, Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau, Versailles, ont eu plus tard des origines analogues.

Anthyme SAINT-PAUL - 1894


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