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Le premier cours de violoncelle à l'École

Par Mariealixthomelin

  La prof de violoncelle se révèle dès le premier cours un véritable tyran, qui prend tout de suite Marion en grippe.  Pour accompagner cet extrait inédit, ne manquez pas de cliquer sur le lien youtube pour écouter une des études de Popper que Marion doit travailler.

  Je me suisarrêtée un moment dans le couloir qui me menait dans la salle de cours pourprendre une grande inspiration. J’allais me jeter dans la gueule du loup. J’aiouvert la porte.-  Tu es retard, Marion, m’a accueilli une voixfroide.   Rapidement,j’ai regardé ma montre. Elle indiquait neuf heures, et il me semblait pourtantque c’était bien l’heure de mon cours. Les yeux gris et froids de ma proflançaient des éclairs.-  Je ne comprends pas, ai-je commencé d’une voixhésitante.-  Je vois bien que tu ne comprends pas. Ce qui,soit dit en passant, ne me rassure pas sur ton intelligence. Je vais donct’expliquer exactement ce que j’attends de toi, en espérant que ta mémoire serameilleure que ta ponctualité et que tes facultés de compréhension.  J’ai retenumon souffle en attendant que la tempête ne passe. Cette fois c’était sûr, elleme détestait déjà. Elle parlait vite, sèchement, d’un ton cassant et arrogant.-   Aneuf heures moins dix, tu es dans le petit studio attenant au mien, tu accordeston violoncelle. Tu viens ensuite dans ma salle quelques minutes avant l’heure.Tu t’installes convenablement et nous pouvons donc commencer le cours à neufheures pile. Aujourd’hui, nous allons perdre dix minutes dont tu as pourtantterriblement besoin. Ta manière de jouer ne m’a pas spécialement convaincuelors de l’examen d’entrée. Ton toucher est hésitant, fade, sans saveur, voiremême un peu lourdaud.  C’était commesi je m’étais pris une gifle violente. Ses mots cruels étaient soulignés par unregard si réprobateur qu’ils en devenaient humiliants.  L’année étaitmal partie. Je ne pouvais rien dire pour ma défense. Je n’avais plus qu’à luiprouver que je valais plus que la première impression qu’elle avait eu de moi.Je n’ai pu m’empêcher de soupirer légèrement. Après tout, je savais déjà ce quec’était de devoir sans cesse prouver ma valeur à quelqu’un. Ma mère l’exigeaittous les jours. Elle et madame Poraszka semblaient avoir bien plus que levioloncelle en commun…  L’heure etdemie, moins dix minutes, comme mon professeur et nouveau bourreau me l’arappelé une bonne dizaine de fois, a continué aussi mal qu’elle avait commencé.  Jamais on nem’avait dit autant de mal de mon toucher, jamais on n'avait autant douté de montalent. J’ai pris sur moi en me disant que son but était tout bonnement de mefaire craquer. Elle cherchait à se débarrasser des premières années dont ellene voulait pas, et j’en faisais visiblement partie. J’allais devoir tenir. (extrait inédit)

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