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Une seule direction

Publié le 20 février 2012 par Alteroueb

Mes séjours à la capitale sont toujours des moments rares, bien à part. La semaine dernière, l’indécrottable provincial que je suis a roulé sa bosse dans un monde particulier, un rien perturbant, où tout est différent : plus grand, plus rapide, plus à la mode, plus riche. Ici, c’est Paris. Et pour bien marquer le coup, hors l’incontournable passage au centre du monde de la blogosphère gauchisante, j’ai passé une fin d’après-midi à me promener sur la plus belle des avenues selon le parisien himself, les Champs-Elysées.

Une manif sur les Champs : si seulement...
C’est avec des yeux de touriste, d’étranger un peu perdu, à la Jacques Tati, que je déambulais dans un monde hors du monde. Tout y est démesuré, rutilant, protégé. Il y a des vigiles aux entrées des boutiques prestigieuses, et des véhicules de sports font entendre des vrombissement étonnants dans cette inextricable circulation. Ici, il faut savoir se faire remarquer. On y croise de tout, des apprenties-starlettes aux allures de nouveaux-riches russes, aux saltimbanques qui animent un coin de trottoir sous l’oeil de la maréchaussée armée jusqu’aux dents. Le luxe transpire outrageusement de partout. Visiblement, la crise n’est pas passée sur l’avenue et ses environs.

Il y avait foule sur les trottoirs. Mais à un endroit particulier, il se passait manifestement quelque chose. Des barrières, 2 cars de CRS, des jeunes filles agglutinées à l’entrée d’un grand distributeur de produits de loisirs criaient, pleuraient, l’iphone à bout de bras pour capturer l’image du siècle, en tentant de se frayer un chemin vers l’intérieur de la boutique. J’ai observé la scène très amusé. Le spectacle pour un bouseux comme moi est un rien irréel : qui peut mériter un tel engouement, une telle passion ? Et j’ai continué mon chemin en restant dans l’ignorance… Mais deux choses m’ont marqué : l’extrême jeunesse du public exclusivement féminin, et le fait qu’on y entende beaucoup d’autres langues, et même du canard à la mode de George W. Bush.

Bien involontairement, mes questions ont reçu des réponses une fois de retour dans mes foyers. Je revoyais au petit écran les scènes d’hystérie collective dont j’avais été témoin. J’apprenais que la raison de tout ce battage venait du passage du boys-band pré-pubère «One Direction» dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Mais le reportage est réellement devenu intéressant quand un groupe de jeunettes, puis un autre, déçues de n’avoir pu voir leurs idoles, s’en sont pris à l’organisateur en regrettant que la priorité n’ait pas été donné au public français pour approcher les vedettes.

Un frisson m’a traversé l’échine. Si à 14 ou 15 ans, on évoque déjà ce besoin de priorité face à d’autres ne parlant pas la même langue, c’est assez inquiétant. Cela signifie que ce mode de pensée est déjà acquit, ancré, enfouit, et irrévocablement banal et normalisé. Dès 15 ans… C’est d’autant plus grave que le motif présent est futile et dérisoire, mais qu’en sera t-il plus tard, quand cette population sera en âge d’exprimer sa voix dans un scrutin, d’émettre un avis ou des opinions nettement plus lourds de sens ?

Le résultat est là. A force de marteler le message à la mode Guéant, de stigmatiser l’autre, de désigner le voisin comme cause de tous les maux, de prôner un individualisme forcené, les esprits sont marqués, la direction clairement désignée… Il ne reste plus qu’à attendre.

Encore un élément à mettre au passif du candidat sortant.


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