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Comment Sarkozy rate son entrée en campagne?

Publié le 21 février 2012 par Juan

Véolia, Twitter: comment Sarkozy rate son entrée en campagne. Faut-il qu'il soit mauvais pour agir ainsi !
Dimanche, on apprenait qu'un complot se préparait au conseil d'administration de Véolia. Ces pratiques sont parfois courantes dans les coulisses des grands groupes. Mais la surprise vint du nom de l'un des protagonistes: Jean-Louis Borloo, qui hésite encore à dévoiler son soutien au candidat sortant, était pressenti pour prendre la tête de Véolia grâce à l'entregent d'un proche du Monarque.
A quelques jours du scrutin présidentiel, voici Nicolas Sarkozy à nouveau pris les doigts dans le pot de confiture du conflit d'intérêts.
Autre affaire, plus stupide encore: l'équipe Web de Sarkozy n'a rien trouvé de mieux à faire que de faire censurer divers comptes Twitter d'opposition.
Quelle drôle d'idée !
Président ... de Véolia ?
Début janvier, Nicolas Sarkozy s'était brutalement souvenu que nommer des proches à la veille d'un scrutin présidentiel faisait tâche. Depuis 2002 au ministère de l'intérieur, puis 2007 à l'Elysée, Sarkozy avait eu le temps et l'agilité pour placer ou soutenir un nombre incroyable de proches au coeur de l'appareil d'Etat.
Le 10 janvier dernier, lors de ses voeux aux parlementaires, le Monarque promit donc un « gel » des nominations à la tête des établissements publics jusqu'à l'élection. « Les trois derniers mois ne sont pas propices à des nominations, quel que soit par ailleurs ce que sera le jugement des Français ». On avait adoré l'expression. Sur la période récente, on ne comptait plus les pantouflages publics ou privés. Pour Xavier Musca, son secrétaire général, l'annonce tombait mal. On murmurait qu'il aurait du remplacer le président de la Caisse des Dépôts et Consignations, dont le mandat arrivait prochainement à échéance. L'établissement public restera donc sans président jusqu'à l'été.
Lundi, le scandale « Borloo à Veolia » avait pris de l'ampleur. Les révélations du quotidien Les Echos, que l'on ne soupçonnera pas d'antisarkozysme primaire, et de Libération, avaient profondément énervé dans l'équipe Sarkozy.
Jean-Louis Borloo a d'abord confirmé, lundi matin, être chassé par deux groupes industriels qui ne sont pas Véolia; et avoir eu des contacts avec des administrateurs de Véolia. Puis, un peu plus tard dans la journée, il change de version, et dément avoir d'autres envies que politiques. Et la directrice de communication du candidat sortant, Nathalie Kosciusko-Morizet a eu la défense très maladroite. Elle a confirmé que Nicolas Sarkozy et Henri Proglio n'avaient pas discuté devant elle de la nomination de Borloo à la tête de Véolia... « J'étais dans l'avion, il n'y a pas eu d'aparté et il n'y a pas eu de discussion sur ce sujet. Donc, ça, c'est faux ». Quelle défense ! On se souvient combien Borloo et elle étaient en froid...
Cédric Pietralunga, pour le Monde, décrypté le putsch d'Henri Proglio à Véolia. Ce dernier est resté administrateur de l'entreprise dont il a quitté la présidence quand Nicolas Sarkozy le nomma à la tête d'EDF. A l'époque, il avait voulu cumuler les deux casquettes (et les deux rémunérations) mais la chose fit scandale et il dut y renoncer.
Ces derniers jours, Henri Proglio s'est donc démené pour assurer la destitution de l'actuel PDG, Antoine Frérôt. Les Echos affirment que « Jean-Louis Borloo a rencontré trois administrateurs de Veolia la semaine dernière ». Le Monde cite une source « proche de l'affaire » mais anonyme: « L'unique objectif de Proglio est d'installer Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia ».
#sarkocensure
Autre placement, autre piston, sans grand impact sur la campagne ni les foules. Christine Boutin a été reçu lundi matin par Nicolas Sarkozy à son siège de campagne. Elle était heureuse. Le candidat sortant lui a promis un nouveau strapontin, un « poste d'influence» dans l'équipe « rapprochée » du candidat. On était rassuré pour elle. La présidente du Parti Chrétien-Démocrate ne précisa pas si le poste était rémunéré.
Sur le Net, les équipes de #NS2012 semblent aussi commettre bourdes sur bourdes. Le scandale des comptes Twitter censurés depuis jeudi a pris de l'ampleur: ce ne sont pas seulement des comptes d'imposteurs, mais aussi des comptes parodiques ou critiques qui ont été automatiquement censurés à la demande de l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy. Nicolas Princen, le conseiller élyséen pour le Net, avait confirmé sur iTélé la suppression des comptes qui portaient à confusion.
Qui a bien pu penser que cette censure serait-il ? Connaissant la réactivité des réseaux sociaux, il n'y avait pas meilleur moyen de saborder l'entrée en campagne du candidat sortant sur le Web !
Reposons la question qui nous taraude depuis quelques semaines:  qui Sarkozy devrait-il virer de son équipe de campagne ?
Et les autres ?
Il y avait d'autres développements, plus judiciaires ceux-là, qui affectaient le président sortant.
La semaine dernière, le parquet général de Paris avait requis l'annulation de la mise en examen du procureur de Nanterre Philippe Courroye. Ce dernier est poursuivi pouravoir demandé l'accès aux factures détaillées des téléphones de deux journalistes du Monde en 2010. Le procureur avait dénoncé un acharnement et des mensonges.
Le patron de l'IGS a contredit les propos du procureur Philippe Courroye. Interrogé jeudi 16 février, comme témoin assisté, Claude Bard a ainsi confirmé aux deux juges qui instruisent l'affaire des fadettes, que « le parquet de Nanterre aurait bien demandé le contenu des SMS échangés entre Jacques Follorou, un journaliste du quotidien, et Isabelle Prévost-Desprez, la présidente de la 15ème chambre, chargée d'un supplément d'information dans l'affaire Bettencourt et dont l'inimitié avec le procureur est de notoriété publique.»
Bard a même précisé, avec moultes détails, les différentes requêtes de Philippe Courroye. Le coup est dur. La thèse de l'espionnage illégal sort renforcée de ce nouvel épisode.
Couacs, bourdes et scandales... lundi soir, la question se posait: Nicolas Sarkozy a-t-il raté son entrée en campagne ? Un premier sondage semblait le confirmer, tout comme l'analyse bien refroidie de quelques éditorialistes classés à droite.
Ami sarkozyste, ne pars pas.


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