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Décès d'Hervé Coutau-Bégarie (J. Pellistrandi)

Publié le 24 février 2012 par Egea

Vous avez appris le décès d'Hervé Coutau-Bégarie. Voici dès ce soir l'hommage de Jérôme Pellistrandi, qui l'a bien connu. Lire aussi l'hommage de Stéphane Taillat sur AGS. J'y reviendrai demain.

Qu’il repose en paix.

Décès d'Hervé Coutau-Bégarie (J. Pellistrandi)
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Hervé COUTAU-BEGARIE

Le Professeur Hervé Coutau-Begarie nous a quitté après plus d’une décennie de lutte contre la maladie. Maladie qu’il a affrontée avec le courage d’un guerrier qui s’est battu pied à pied contre le mal qui le rongeait.

Mon premier contact avec le professeur s’est fait avec la recension de son livre sur le problème du porte-avions et qui confortait par une analyse stratégique l’importance que représentait le porte-avions pour notre pays. C’était en 1992 alors que le chantier du Charles de Gaulle était plus que laborieux. Cette recension, la première pour moi, fut publiée dans la revue Défense nationale.

J’ai enfin rencontré le professeur lors de ma scolarité au Collège Interarmées de Défense avec la sixième promotion (1998-1999). Hervé conduisait de façon magistrale le cours de stratégie dans l’amphi Foch de l’Ecole militaire. La liste des officiers qui l’ont religieusement écouté est longue et chaque stagiaire, français, mais aussi étranger, ne pouvait être qu’admiratif devant l’ampleur du savoir du Maître, mais aussi sur sa capacité à englober les affaires du monde dans une approche stratégique de haute volée. En cela, la scène de l’amphi Foch se justifiait pleinement.

J’ai alors décidé de me lancer dans l’aventure d’une thèse de doctorat sous la direction d’Hervé. Je n’avais alors certainement pas pris conscience de l’effort que cela signifiait, surtout avec l’exigence d’un tel directeur qui, au final, en savait toujours plus que vous-même sur le sujet à traiter.

Mon parcours doctoral fut long, très long. Une décennie, avec des périodes plus ou moins intenses de recherches et d’écriture, mais aussi des périodes de latence au gré de mes affectations et de mes engagements opérationnels. Provincial, je profitais des passages à l’Ecole militaire pour venir rendre compte et partager un peu quelques réflexions avec Hervé dans son bureau, tandis que sa fidèle secrétaire et collaboratrice, Isabelle Redon, mettait en forme une œuvre continue faite d’articles et de livres qui constituent un corpus sans équivalent.

Hélas, au cours de ces longues années, j’ai vu Hervé peu à peu être confronté à la maladie, mais son élégance naturelle, ses profondes convictions chrétiennes et son sens du service ne laissaient aucune place à la plainte. Quelle leçon de courage et d’humilité !

Peu à peu, ma thèse a pris corps, tandis que je m’inquiétais pour la santé du Professeur. A chaque fois que nous nous voyions, avec un Coca Cola dont il était friand, nos échanges m’enrichissaient et me montraient combien le stratégiste qu’il était nous permettaient de mieux appréhender la complexité du monde et donc de mieux faire notre métier d’officier.

A l’été 2009, déjà très affaibli, il avait pris le temps de relire ligne par ligne mon travail et de me donner des pistes de progrès.

A la rentrée 2010, à la fois la maladie le rongeait et en même temps, il me pressait d’achever ma thèse. Grâce à son énergie et à ses encouragements, j’ai ainsi pu soutenir ma thèse le 25 janvier 2011, juste quelques jours avant mon départ pour le Collège de Défense de l’Otan.

Grâce à Hervé, j’ai pu conduire ce travail et le mener à bien. Et durant toutes ces années, j’ai pu mesurer combien le Professeur Coutau-Begarie avait par son œuvre contribué à faire rayonner la pensée stratégique française, loin des effets médiatiques, loin des discussions du Café du commerce ou de la Rotonde Gabriel. Son œuvre, qu’il convient désormais de faire vivre, le situe dans la grande lignée des stratégistes français tel que Poirier, Beaufre et bien sûr Castex qu’il admirait profondément.

Merci Hervé pour l’exemple donné, pour l’immense tâche que tu as mené jusqu’à la fin pour faire vivre la stratégie et donc pour contribuer directement à la défense de la France.

Colonel Jérôme PELLISTRANDI


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