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Qui ment le plus

Publié le 26 février 2012 par Malesherbes

Sur la couverture du Point de cette semaine, on peut lire: «  Qui ment le plus ? » En arrière-plan, on distingue Sarkozy, le visage souriant, et Hollande, avec l’air un peu ahuri que lui prêtent souvent Les Guignols. Je glisserai sur ce défaut d’objectivité pour me concentrer sur l’analyse de la question.

Le Point accuse ainsi ces candidats à la présidence d’être tous deux des menteurs. Il tente peut-être ainsi de s’affranchir de tout parti-pris en les plaçant ainsi sur un pied d’égalité. Sinon, il eut titré : « Qui est le menteur ? ». N’ayant pas lu ce magazine, j’ignore si l’article qui leur est consacré étaye cette accusation. Mais je m’interroge sur l’intérêt de pouvoir classer deux hommes politiques selon leur degré de sincérité. S’agit-il de pouvoir déterminer lequel est le plus honnête ou au contraire de désigner le plus habile à dissimuler, qui pourrait ainsi le mieux naviguer dans les eaux agitées de la politique tant internationale que nationale ?

Il me semble également que, avant de pouvoir répondre à cette question, il conviendrait de définir ce que c’est que mentir. Lorsque, au second semestre 2008, Nicolas Sarkozy s’affirme président d’une Europe qui précisément pâtit de ne pas avoir de président, alors qu’il est en fait président du Conseil européen, ment-il ou pêche-t-il par ignorance ? Lorsque, en juillet 2008, il prétend avoir fait cesser la guerre entre la Géorgie et la Russie alors qu’il s’est envolé pour cette mission après que Dimitri Medvedev eût déjà proclamé un cessez-le-feu, ment-il ou s’illusionne-t-il sur ces capacités de négociateur, lui qui s’est ensuite révélé incapable de faire respecter par la Russie les clauses de l’accord conclu alors ?

Il ne faut pas confondre non plus mensonge et promesse non tenue. Quand en 2008, il se déclare prêt à chercher la croissance avec les dents, il faut malheureusement constater que, si ses dents sont restées intactes, il est revenu bredouille. Mais on ne peut lui faire grief de cet échec, la réussite d’une telle entreprise ne tenait pas que de lui. Par contre, quand il découvre aujourd’hui que l’arme absolue de la démocratie est le référendum, on ne peut que s’étonner de ce qu’il ne l’ait pas utilisée au cours de son quinquennat. Pis, il faut remarquer que, dès son élection, il s’est appliqué à utiliser la voie parlementaire pour faire adopter un traité européen remplaçant une Constitution rejetée par référendum.

Ce qui interdit de comparer les rapports à la vérité de Nicolas Sarkozy et François Hollande, c’est la perpétuelle confusion opérée par le pouvoir entre le dire et le faire. Samedi matin, lors de sa visite au Salon de l’agriculture effectuée dès potron-minet, vraisemblablement pour éviter de croiser le peuple de France qu’il aime tant, notre président a dit, à propos de François Hollande, ceci : « Il doit avoir bien des choses à se faire pardonner. Il va leur expliquer pourquoi il veut travailler avec Mme Joly, mais à mon avis, il faudra plus que dix heures ». Mais non, Monsieur le président, François Hollande n’a rien à se faire pardonner, tout simplement parce qu’il n’a rien fait et surtout rien pu faire, puisque c’est vous qui depuis bientôt cinq ans dirigez seul notre pays. Hollande a exprimé une intention et nul ne peut dire quelle politique résulterait d’une possible, mais non certaine, coopération avec Mme Joly et encore moins quelles seraient les conséquences de cette politique. Tandis que le résultat des cinq ans de votre rupture, les Français peuvent hélas le constater tous les jours.

Alors, le plus grand des menteur ? Je ne pense pas. En fait, Nicolas Sarkozy n’a aucune idée de ce que peut être la vérité.


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