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Murat en vérité, de Capbreton à Marie-Galante, de Provence en Toscane : Conférences !

Publié le 27 février 2012 par Halleyjc

Murat en vérité, de Capbreton à Marie-Galante, de Provence en Toscane : Conférences !Murat en vérité,
de Capbreton à Marie-Galante,
de Provence en Toscane

Philippe Nucho-Troplent, président de l’Association Antillo-guyanaise des Alpes du Sud, membre de la société d’histoire de la Guadeloupe, travaille depuis plusieurs années sur le passé de Marie-Galante. Il a notamment publié Vie quotidienne à Marie-Galante, l’habitation Thibault, moulin d’espérance aux éditions L’Harmattan en 2006. S’attachant à la vérité historique, il présentera le résultat de plusieurs années de recherches sur Murat, très largement illustré par un riche diaporama.

Deux conférences à ne pas manquer :

à l’Ecomusée de Marie-Galante
Section Murat – 97112 GRAND-BOURG
 Vendredi 2 mars 2012 à 18 heures 30

aux Archives Départementales de la Guadeloupe
Bisdary 97100 GOURBEYRE
Vendredi 9 mars 2012 à 18 heures 30
dans le cadre du cycle de conférences
de la Société d’Histoire de la Guadeloupe

Parce que leur habitation coloniale présente un décorum exceptionnel, les Murat font l’objet des fantasmes les plus imaginatifs. Il aura fallu patiemment analyser les centaines de documents d’archives restés inexploités pour retrouver Murat en vérité.

Loin d’appartenir à l’aristocratie, Dominique Murat (1742-1819) est issu d’une famille extrêmement pauvre de scieurs de long du Massif Central puis de marins vivant dans un Capbreton en plein déclin. Orphelin à 20 ans, il quitte les Landes et tente l’aventure des îles. Il s’installe à Marie-Galante vers 1769 où il exploite une petite caféière au fond des bois-debout et des ravines. Il entretient d’abord une relation avec Magdelaine (1740-1799), femme de couleur, et poursuivra des liens filiaux continus avec Modeste (1770-1827), issu de cette union, ainsi qu’avec sa descendance.

Il noue ensuite successivement deux alliances avec des créoles issues d’une même famille complètement ruinée, dont les pères ont disparu de Marie-Galante sans plus jamais donner signe de vie. Comme nombre de marin, il a néanmoins acquis des connaissances qui lui permettent de devenir procurateur de l’Union de Saint-Louis. Il accède ainsi à la société marie-galantaise par la petite porte.

Son engagement dans l’épisode héroïque et périlleux de la République des Douze donne toute sa cohérence au personnage. Marie-Galante sera de ce fait l’un des tous premiers territoires à prononcer l’abolition de l’esclavage dès le 19 décembre 1793.

Ce n’est que quarante ans après son arrivée à Marie-Galante que Dominique Murat devient notaire et achète à crédit l’habitation Bellevue avec l’aide de son fils. Le capbretonnais s’éteint à 77 ans et ne verra jamais l’habitation exceptionnelle telle qu’elle deviendra plus tard.

Son fils, D. Emmanuel Murat (1783-1839) étend le domaine en achetant, toujours à crédit, l’habitation Laplaine, en 1825. Son épouse, Elise Laballe, bénéficie d’un legs conséquent de la part d’un noble et généreux jeune homme, dont on découvrira les circonstances et les conséquences. La construction d’un hôpital d’habitation bien équipé, dont le bâtiment existe toujours, montre son souci d’assurer un bon niveau sanitaire pour ses esclaves. On verra aussi comment son charisme et son esprit moderne seront mobilisés lorsqu’il faudra ramener à la raison les planteurs irrités par les magistrats estimés pro-abolitionnistes en 1829…

La pyramide des âges des cultivateurs de l’habitation Murat reste singulière. La doyenne, Geneviève, 90 ans, et le doyen, Honoré, 88 ans, étaient tous deux présents sur la caféière de Grand-Bois signant les débuts du père Murat. Le nombre maximal d’esclaves de l’habitation est de 289, nombre très important rapporté à la surface cultivée. Mais l’activité de l’habitation Murat est très diversifiée et l’on découvrira comment de très nombreuses habitations de l’île feront appel à sa technicité notamment en matière de tonnellerie et de forge. Une technicité si bien reconnue que Murat s’érigera en entrepreneur de la construction de Notre-Dame de Marie-Galante entre 1828 et 1831. A partir de 1830, il affranchit régulièrement des esclaves et ses dernières volontés vont à son ancienne nourrice ainsi qu’au vieil Honoré.

Les filles de D. Emmanuel Murat feront toutes de beaux mariages grâce à des dots surévaluées mais leurs parents meurent jeunes et laissent l’habitation démunie, en pleine crise du sucre. Très unie et très attachée à cette terre, la famille fait tout pour la sauver en s’accordant sur un pacte de famille. Alexandre Kayser (1794-1850), le gendre, républicain et abolitionniste, maire du Gosier en 1849, devient l’homme fort de l’habitation d’autant que le dernier fils, Dieudonné Murat (1824-1863) est atteint d’une maladie incurable.

Une bataille épique s’engage en 1867 pour sauver l’habitation Murat une dernière fois. Le petit-fils, Ernest Reponty (1832-1905) parle d’un combat inégal contre des ennemis puissants, pleins de haine et d’envie, montrant clairement du doigt quelques propriétaires marie-galantais convoitant le domaine. Il nous a laissé un recueil de poèmes sensible et touchant relatant cet épisode douloureux ainsi que les conditions difficiles de son retour à Marseille, publiés pour la première fois aujourd’hui et confié par l’une des dernières descendantes directes.

Entre 1835 et 1870, les membres de la famille quittent progressivement les iles pour Paris, la Côte d’Azur puis les collines de Toscane où ils achètent une villa au sein de laquelle ils s’efforceront de reconstituer l’esprit familial qui régnait à l’habitation Murat, s’impliquant dans l’éducation et les arts. Mais le sort s’acharne, tant sur la branche légitime que sur la branche métisse qui, de drame en drame, survivra rarement à l’orée du 20ème siècle.

A partir de 1966, la Société d’Equipement de la Guadeloupe découvre ce qu’il reste de l’œuvre des Murat et décide de créer un ensemble touristique, en reconstruisant une grande partie des ruines.

La prochaine étape devrait être la publication d’un ouvrage au cours de l’année 2012 que je voudrais très illustré compte tenu de la richesse de l’iconographie disponible.

Contacts presse :

Philippe NUCHO-TROPLENT
La Marie Galante
04510 AIGLUN
Tel : 05.55.52.48.73
Bureau : 05.55.51.58.00
Portable : 06.33.61.31.46

Geneviève POTHIN de VILLELE
Conservatrice de l’Ecomusée de Marie-Galante
Murat 97112 GRAND-BOURG
Tel. 05.90.97.48.68


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