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Sarkozy: sur RTL à 8h, démenti à 10h.

Publié le 28 février 2012 par Juan
Sarkozy: sur RTL à 8h, démenti à 10h. Lundi 27 février 2012, le candidat sortant était sur RTL, invité entre 7h35 et 8h50. L'intervention fut surprenante, un entretien assez curieux. Depuis 2008, rares ont été les occasions d'interview aussi longue. Mais il fut mal en point. Il n'a pas fallu attendre bien longtemps, une grosse heure à peine, pour qu'il soit contredit sur la quasi-totalité de ses propos.
C'en était gênant. On l'avait cru préparé.
Quant à ses annonces « fortes » du jour, il faudra attendre. Il n'était pas prêt.
Hargneux
Il n'a pas aimé que l'on questionne ses liens avec le pouvoir de l'argent. L'image de Président des Riches lui colle à la peau et il n'aime pas. Il s'est ainsi calmement énervé quand Alain Duhamel demanda au « candidat du peuple » s'il était proche ou adversaire des grands patrons ?
« C'est moi qui suis l'ami de M. Bergé, propriétaire du Monde, financier revendiqué de François Hollande, de M. Pigasse, richissime, mettant l'ensemble de ses moyens au service de M. Strauss Kahn d'abord, puis de M. Hollande?»
Quel rapport avait cette réponse, par ailleurs fallacieuse, avec la question ? Nicolas Sarkozy se veut candidat du peuple, et le voici qu'il dénonce deux soutiens prétendus de François Hollande ? Aucun journaliste de RTL n'osa rappeler le soutien souvent indécent du Figaro à sa propre campagne.
Il s'entêta, au point de viser Valérie Trierweiler, la compagne de François Hollande. Comme l'expliqua Bruno Roger Petit, sur son blog, il s'agissait de créer facilement habilement la confusion suffisante. Finalement, Bolloré n'était pas son ami: « Quand on a 35 ans de carrière politique, on connaît un certain nombre de gens. J'ajoute qu'on peut continuer les exemples : est-ce moi qui travaille dans le groupe de M. Bolloré ? Est-ce que le fait de travailler dans le groupe de Vincent Bolloré crée un sentiment de dépendance du candidat socialiste à l'endroit de M. Bolloré ? La réponse est non, je ne lui ferai pas ce procès, j'aimerai qu'on ne le fasse pas à moi ! »
Coûte que coûte, il fallait faire oublier le yacht de 2007 et les petites compromissions du Président des Riches.
Son programme ? Attendez encore !
Les annonces ce lundi furent rares. Les communicants du candidat ont choisi de ne pas publier de programme. Sarkozy préfère distiller ses maigres promesses les unes après les autres.
Ce lundi, il fallut prendre son mal en patience: sur la Réunion, secouée par des manifestations contre la vie chère, le candidat nous demanda d'attendre avril et son voyage qu'il fera sur place.
Concernant les enseignants, le candidat-président déclara qu'il y avait urgence à revaloriser les enseignants. On n'avait oublié, l'espace de quelques secondes, qu'il était président depuis 5 ans. « Je pense qu'il faut revaloriser d'urgence la fonction enseignante ».
Mais là aussi, il faudra attendre: « J'aurai l'occasion de faire des propositions fortes ». 
Pris en défaut sur Florange
Sur Florange, même posture, il avait une réunion « ce soir » (c'est-à-dire hier lundi), et il faudra attendre la fin de semaine: « il y a un projet absolument fantastique qui pourrait faire de Florange un site très moderne sidérurgique (...) dont je parlerai en fin de semaine avec le président de la Commission européenne. (...). L'Etat, dans le cadre du grand emprunt, des investissements d'avenir, est prêt à mettre 150 millions d'euros sur la table ». 150 millions d'euros ?
Quand Jean-Michel Aphatie aborda la question de Gandrange, Nicolas Sarkozy mentit. Il osa expliquer que toutes les promesses faites sur Gandrange « avaient été tenues ». On avait donc collectivement tous mal compris ses déclarations de février 2008.  Si Gandrange avait finalement été fermée, c'était la faute à la crise. C'était faux, la demande d'acier n'a jamais été aussi forte, mais, contrairement à ses promesses, Arcelor-Mittal préférait simplement importer de l'acier à bas coûts.
Le candidat sortant répéta: « je ne laisserai pas faire pour la sidérurgie ce qu'il s'est passé pour la chimie ». Après Gandrange, voici donc Florange.
Quelques instants plus tard, le candidat sortant fut interpelé, par Walter, un représentant FO de Florange qui appela RTL: pourquoi ne pas débloquer les fameux 150 millions d'euros ? « Euh... je dois obtenir l'accord de la Commission européenne » bafouilla Sarkozy. C'était plus compliqué que la première fausse annonce du Monarque. La France devait convaincre l'Europe de retenir Florange pour un projet européen baptisé Ulcos de captage-stockage de CO2... « Mais ça plus d'un an qu'on attend !! » s'indigna le syndicaliste. Sarkozy bafouilla encore. « Walter... Walter... Je ne peux pas dépenser cet argent avant que l'Europe nous ait choisi ».  L'ami Walter venait de ruiner le volontarisme radiophonique du Monarque.
Un peu plus tard encore, ce fut le coup de grâce. Les représentants des salariés de l'établissement précisèrent que si le haut-fourneau restait fermé, la Commission européenne n'avait aucune chance de retenir Florance pour le projet Ulcos.
Paf!
 
Hypocrite sur le référendum
« Le référendum n'est pas une arme ». Ainsi Sarkozy défendit-il sa proposition de recourir au référendum en cas de blocage de réforme. Cela faisait 10 jours qu'il tentait de vendre son idée, avec toujours les deux mêmes exemples: la formation des chômeurs ET le jugement des immigrés clandestins.
Jean-Michel Aphatie eut une question désagréable: organisera-t-il un référendum sur le nouveau traité européen ? « Euh... non... Ce serait trop compliqué ».
Ben voyons ! Comme le résume rapidement Jacques Rosselin sur Twitter, « Sarkozy d'accord pour un référendum sur les chômeurs mais exclut un référendum sur le traité européen en cas d'élection »
Menteur sur l'Education
Ce lundi, Nicolas Sarkozy voulait surtout parler d'éducation. D'abord, il fallait tacler François Hollande:
 «Je suis effaré qu'on puisse dire avant même de commencer la discussion sur l'école, qu'il faut créer 60 000 postes de plus. C'est vraiment la démogagogie dans ce qu'elle a de plus extravagant. Ecoutez, les chiffres sont intéressants : il y a un peu plus de 400 000 élèves de moins dans l'éducation nationale depuis 10 ans, et il y a 45 000 profs de plus. S'il suffisait d'embaucher des profs pour que l'école fonctionne et que les profs soient heureux, on aurait l'école qui fonctionne le mieux au monde et les profs les plus heureux au monde».
Et là, ça coince encore... Les chiffres avancés par le candidat sortant étaient... inventés. Etait-il fatigué ? Le blog Desintox, comme bien d'autres, s'étonna de la grossière affirmation: « depuis 10 ans (année 2000-2001), le nombre d'élèves est passé (premier et second degrés, en intégrant les classes préparatoires) de 12 409 000 à 12 262 300.  Soit une baisse de 146 700 élèves (et non de 400 000 comme le dit le Président). Concernant les professeurs (public et privé également), le nombre de postes est passé de 880 000 à 859 291, soit une baisse de 20 795 ...  et non une hausse de 45 000 comme le dit Nicolas Sarkozy.»
Quelques heures plus tard, les communicants de l'UMP, paniqués, précisèrent que la langue de leur candidat avait « fourché ». Roooo... On croyait qu'il s'y connaissait, après 5 ans de présidence. 
Amnésique sur l'Education
Ce lundi, Sarkozy avait de grandes idées: « Il faut plus d'adultes dans l'école, il faut mieux rémunérer les adultes auprès de nos enfants, il faut que les enfants aient des adultes avec qui discute ». Après 5 années de réduction d'effectif dans l'enseignement, le candidat sortant aurait-il des regrets ?
Si l'on se concentre sur le seul quinquennat de Nicolas Sarkozy, le bilan est terrible: le nombre d'élèves en primaire et au collège n'a cessé d'augmenter, mais le nombre d'instituteurs et de professeurs de baisser. A l'inverse, en classes maternelles comme au lycée, c'est l'inverse.
En d'autres termes, le gouvernement a réduit les effectifs aux deux extrémités de l'échelle scolaires, pour masquer la progression du nombre d'élèves depuis le baby-boom des années 1995-2000.
Imprécis sur le pouvoir d'achat
« Nous allons rendre 4 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français qui travaillent ». Par cette simple formule, le candidat sortant résuma, ce lundi matin sur RTL, son idée de supprimer la prime pour l'emploi contre un allègement des charges salariales. Aucun des journalistes présents n'osa demander pourquoi cette formidable mesure n'avait été décidée depuis 2007.
Passons.
Sur le fond, l'arnaque était belle, dans le genre « poche droite, poche gauche »... On retire d'un côté ce que l'on redonne de l'autre. Pour être précis, la suppression de la prime de l'emploi retirera quelque 2,5 milliards d'euros aux ménages français. Mais Sarkozy « reversera » 4 milliards sous forme d'abaissement de charges salariales. Si l'on suit bien la mesure, le gain de pouvoir d'achat ne serait donc finalement que de 1,5 milliards d'euros.
Un peu plus de 2 fois moins que les grandes annonces du Monarque ce matin-là.
Démagogue avec les fonctionnaires
En fin d'émission, après un café publiquement offert par l'un des journalistes de l'émission, le candidat-président dut répondre à un fonctionnaire qui l'interrogeait sur le gel des salaires des fonctionnaires: « il n'y a pas de gel des salaires » répliqua le Monarque. « Chaque fonctionnaire garde son pouvoir d'achat, (...) Le GVT s'applique toujours.»
Au printemps dernier, le ministre Baroin avait annoncé le gel du point d'indice.
En réalité, comme le rappelait Desintox, « on observe alors une stagnation du pouvoir d’achat entre 1998 et 2008, et depuis 2007. »
Au final, cette émission fut décevante. Aucune question n'avait été posée sur les scandales incroyables et gênants de la prétendue République irréprochable.
Et sans surprise. Nicolas Sarkozy racontait n'importe quoi, mais en cascade.
Ami sarkozyste, où es-tu ?


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