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La complainte du parvenu

Publié le 28 février 2012 par Vogelsong @Vogelsong

“Je suis issu d’une famille aimante dont le statut social ne saurait être comparé à celui de la famille d’Emmanuel Todd. Ayant quitté l’école après un BEPC obtenu difficilement au repêchage,…” J.M. Aphatie sur son blog

L’éditocratie française dispose d’une capacité rare d’indignation. Une capacité sélective à juger ce qui doit ou ne doit pas être ou dit. J. M. Aphatie, ancien de Politis aujourd’hui à RTL, a atteint le pinacle dans cet art consommé de la répétition exaspérée. L’éditocratie française se caractérise par le mâle blanc, quinqua, arcbouté sur les acquis de la génération 80-90. C’est-à-dire le discours de la rigueur répété à l’envi, ad nauseam, jusqu’à ce que de sens il n’y ait plus. J. M. Apahtie c’est l’homme de la dette, celui de la rigueur aveugle. Le contrôleur général des finances avec une carte de presse. Un journaliste militant qui a cessé de voter avec un bulletin, mais qui s’acquitte de cette noble tâche avec son micro ou son clavier.

La complainte du parvenu

Christopher Dombres

J. M. Aphatie débonde quand on moque son accent. J. M. Aphatie se répand en martyr quand on lui expose clairement, techniquement sa qualité de trompettiste du PAF : sa vacuité sur ses fixettes économiques, reprenant une mixture conceptuelle entre la Fondapol, l’UMP, et F. de Closets. C’est-à-dire un discours éculé sur les finances publiques. Qu’il tient d’un paradigme ambiant largement en vogue ; des banques, aux inspecteurs des finances, pour finir dans les mégaphones télévisuels d’encravatés.

D’ailleurs, il tient à mêler les deux (son accent, et sa totale médiocrité en économie), sachant que l’on retiendra plus le racisme (selon lui) piquant son phrasé, plutôt que sa qualité de prescripteur du vide. Le problème quand il met en exergue sa condition de départ modeste (en comparaison d’E. Todd) c’est qu’il s’indigne de peu et se regarde avantageusement dans le miroir de sa réussite médiatique.

Qu’est-ce que le journaliste de RTL fait pour les milieux modestes à part s’indigner de leur capacité à vivre au-dessus de leurs moyens ? Qu’est-ce que J. M. Aphatie pense de la redistribution des richesses, en France sur le continent, mais aussi sur le globe ? Ne conçoit-il pas un instant que son discours pédagogique de soumission nourrit les intérêts d’une partie (très infime, quelques centiles) de la population ? Celle qui se fiche comme d’une guigne des conséquences de politiques d’austérité façon grecque. Il se contrefout là, totalement, des classes populaires dont il se vante d’être issu. Sans se poser la question des conséquences sanitaires et économiques de ses saillies bien ciblées.

Le chroniqueur multicartes s’en tient paresseusement à une vulgaire vision économétrique du sujet. Reste un domaine aveugle, lourd de conséquences. Le social.

De dominé, il a atteint les cimes des dominants. En a totalement épousé les causes. Poussant la coquetterie jusqu’à endosser (quand cela l’arrange) les oripeaux de gueux que l’on racise pour un accent. Qui en ce qui le concerne, se situe au sud de la Loire dans l’hexagone. J. M. Aphatie est un journaliste parisien, mâle, blanc, quinqua qui officie sur un groupe de médias transnational, Bertelsmann. Qui ne se préoccupe de stigmatisation qu’au moment où l’on pointe son inflexion langagière.

E. Todd aurait pu se passer de ce type d’argutie. Le débat politique ou médiatique mérite évidemment mieux. Et la question de savoir si J. M. Aphatie en joue est superfétatoire.

J.M. Aphatie rappelle N. Sarkozy, dont il fit la manucure le 27 février dans la matinale de RTL, qui brouille totalement les cartes des normes sociales. En prétendant représenter les sans-grades avec l’appui du MEDEF et d’une partie conséquente des médias et milieux financiers.

Qu’est-ce qui pose davantage question finalement, qu’un intellectuel bourgeois comme E. Todd puisse porter un discours de classe (cela dit très tempéré), et s’indigne des inégalités ou qu’un journaliste multicartes exposant ses extractions populaires prenne fait et cause pour la classe dominante ?

Vogelsong – 27 février 2012 – Paris


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