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Publié le 01 mars 2012 par Frontere

?(Bettina Von Arnim, égérie romantique)

J'ai reçu cette semaine en qualité d'adhérent au Groupe d'études balzaciennes L'Année balzacienne 2011¹ qui paraît sous le titre générique : Balzac et les arts en regard. Dans son éditorial Madeleine Ambrière revient sur les cinquante ans de la revue, devenue la Bible des admirateurs de l'auteur de Splendeurs et misères des courtisanes, si l'on me permet ce rapprochement quelque peu audacieux.

Ainsi en vient-elle à évoquer la mémoire de Marcel Bouteron (1877-1962) à qui elle rend un hommage appuyé. La lecture récente de Balzac, Une vie de roman de Gonzague Saint Bris m'a conduit à m'intéresser à ce balzacien historique. Et comme Gonzague avait cité cet ouvrage dans sa biographie je me suis procuré auprès de « La Boutique du Livre » à Neuchâtel (Confédération helvétique) Bettina ou le Culte de Balzac (Paris, éditions « Lapina », 1927). Il est savoureux qu'il en soit ainsi quand on sait que c'est là, à Neuchâtel, que Balzac rencontra pour la première fois Évelyne Hanska, sa future femme! Á l'époque Neuchâtel, beaucoup l'ignorent, appartenait à la Prusse.

Ce livre de Marcel Bouteron est une curiosité. Il comporte une dédicace de l'auteur que je vous livre telle quelle : « Á Bettina! Souhaite un heureux anniversaire à notre chère hôtesse Liliane Guyot », suit la signature Marcel Bouteron (le prénom est attaché au nom), une date : 17.3.37 et un lieu : Neuchâtel. La dédicataire doit être aujourd'hui décédée. Si un lecteur de hasard connaissait cette personne, ou quelqu'un de sa famille, merci de me le faire savoir.

Mais, Bettina ou le Culte de Balzac est d'abord un témoignage, quasiment de première main, de l'emprise exercée sur les personnes du sexe, comme on disait savoureusement autrefois, par Balzac, généralement considéré comme un "plouc" (dixit le professeur Alain Vaillant) incapable de se créer des occasions de bonne fortune. Il démontre surtout l'audience européenne du grand écrivain français, lu aussi bien à Saint-Pétersbourg - Dostoïevski a été le premier à traduire en Russie Eugénie Grandet - qu'à Vienne, Zurich ou Trieste. En ce sens il a participé à la formation d'une conscience européenne, et pas seulement littéraire. Mais cela nous le savions déjà.

Au fait pourquoi ce titre : Bettina ou le culte de Balzac ? Parce que, je cite : « Imitant l'exemple de la Bettina de Goethe, d'innombrables femmes instaurèrent le culte balzacien, du vivant même de Balzac : aussi les pages qui vont suivre leur seront en grande partie consacrées » (incipit). De plus, Balzac s'est inspiré pour écrire Modeste Mignon des échanges épistolaires (il en aurait lu la traduction en 1843 à Saint-Pétersbourg) entre Goethe et Bettina Von Arnim, née Brentano (1785-1859), qui vouait un culte au romancier allemand. Décidément l'univers de Balzac ne serait-il qu'une invitation à une connexion mystérieuse, jamais interrompue, avec des mondes qui se rejoindraient dans des correspondances² exercées un peu à la manière des liens hypertextes d'aujourd'hui? Balzac précurseur d'Internet³?

M.Fr.

Notes

¹ L'Année balzacienne 2011, Paris, P.U.F., 2012
² évidemment baudelairiennes
³ c'est le point de vue exprimée par Isabelle Tournier, cf. Balzac-hypertexte in « Magazine littéraire », n° 373, février 1999


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