Magazine Animaux

Magie hivernale au Québec, Canada

Par Calamitysuz

Magie hivernale au Québec, Canada

17 au 24 février 2011

Jeudi 17 février

16h15 heure locale de Montréal. Les yeux commencent à piquer un peu...

Vol tranquille, pas trop chargé, mais plein de bébés. Bouffe beurk (saumon ou poulet) avec taboulé, poulet en plastique avec une sauce bizarre, tagliatelles avec épinards et carottes sans goût et un cookie. Crackers infects à l’huile. Snack « wrap » pas mauvais mais qui m’a donné faim. Mais comme je vais dîner en arrivant et que le petit déjeuner a été à base de cookies, il faut que je me calme. J’ai 2 kgs à perdre, et je ne fais rien pour. C’est pas bien. Au retour, faut vraiment que je fasse attention, sortir des recettes régime et arrêter les gâteaux et le chocolat. Sinon après ça va devenir impossible à perdre.

Passage à la douane rapide grâce à une queue spéciale pour les passagers en connexion. La douanière a été surprise par le fait que je parte seule dans une auberge que je ne connais pas « vous n’avez pas peur ? ». Bon d’accord, je ne suis pas rentrée dans les détails mais la plupart des gens vont dans des endroits qu’ils ne connaissent pas et ont réservé sur internet. Ils ne voyagent pas seuls les canadiens ?

Montréal est sous la neige, pas beaucoup dit ma voisine, tout est question de perspective je suppose… Avec ça à Paris rien ne bougerait. Mais il fait 3°C donc plutôt doux, d’ailleurs la météo annoncée pour les jours qui viennent est plutôt correcte. Il y a plein de petits avions à hélice. Je suis sur le terminal des vols locaux, Ottawa, Québec, Bagotville. Bon, il est 16h42, on ne devrait pas tarder à embarquer.

Vol de 34 minutes dans l’un de ces avions à hélice dont je me moquais il y a quelques minutes. Une quarantaine de places avec deux rangées de deux, une seule hôtesse et même un rafraîchissement. Ca tombe bien, j’avais soif.

Gilles m’attendait avec un petit panneau en sortie. Deux heures de route pour arriver à l’auberge, rang 6, une autre façon de nommer les routes qui partent de la route vers la campagne. Il a fallu s’arrêter nettoyer les phares pleins de gadoue neigeuse qui ne laissait absolument pas passer la lumière. Au deuxième arrêt dans une station service, deux poubelles de recyclage annonçaient fièrement leur propriétaire : Veolia. Grr… le boulot me poursuit jusqu’ici !

Gilles et Gina se sont installés il y a un peu plus de 20 ans pour faire de la culture maraîchère bio. Mais à petite échelle ça ne nourrit pas son homme. C’est ainsi qu’ils ont ouvert au public, n’étant pas sur une route passante ils ont ouvert une auberge B&B avec des forfaits gastronomiques et équestres. Au fil des années, ils ont agrandi la vieille ferme, en lui redonnant son cachet d’antan. Ils ont démoli trois maisons et granges pour récupérer toutes les boiseries et fenêtres. Ils peuvent maintenant accueillir une petite dizaine de personnes dans une maison avec des escaliers partout. Les pièces ont toutes leur salle de bain plus ou moins séparée. Ma chambre, plus petite, arbore sa baignoire au pied du lit et le WC derrière un paravent. Pour une personne seule c’est largement suffisant. Seule critique, afin de donner un côté cosy, comme à la maison, il y a une commode, un fauteuil à bascule, bref ça manque un peu de place pour s’étaler. Mais on a vraiment une impression de logement chez l’habitant et non de prestation hôtelière.

Il y a des peintures de Gina sur les murs, des photos, ses diplômes équestres, plein de livres. Un immense jacuzzi permet de délasser les muscles endoloris et satisfaire une clientèle nord-américaine friande de ce gadget. Le seul truc moderne qui détonne avec le reste de la maison en fait.

Je m’installe pendant que Gille repart chercher la viande oubliée à l’épicerie. Je trouve Gina dans la cuisine qui me demande si je veux manger quelque chose. Un truc léger, il est 20h30, je commence à sentir la fatigue. Elle me fait un sandwich œuf-mayonnaise, quelques morceaux de fruits, une tisane. Rendez-vous pour le petit-déjeuner entre 8h30 et 9h30 et aux écuries à 9h45. Dodo

Vendredi 18

Levée à 7h30 pour préparer mes affaires, ranger, douche. Les chevaux sont dans le pré, juste sous la maison.

Petit déj de pain perdu et morceaux de fruits noyés, littéralement, sous le sirop d’érable. Limite trop, mais avec du café et jus de fruit, j’ai tout fait descendre.

Session internet pour rassurer mes mamans par procuration que tout va bien. Discuté un peu clients et niveaux équestres avec Gina et Gilles. Je demande des conseils sur l’habillement. Il fait environ 1°C, pas vraiment froid mais je suis couverte façon grand nord. Je passerai la randonnée en blouson de ski et polaire grands ouverts et à avoir trop chaud à chaque galop. Comme il plein un peu, Gina me prête un huilé australien. « Bonjour, mon nom est Bibendum. »

Gina a entré dans les boxes les chevaux que nous montons. Guy, guide, est venu pour le plaisir de monter Montana une jument fraîchement arrivée, et Hélène, une amie dont le cheval est en pension, se joint à nous pour la balade.

Pansage, ça faisait longtemps que je ne brossais pas un cheval tiens ! Les pieds sont équipés d’une coque en plastique afin d’empêcher que la neige ne vienne se coller et accumuler créant ce talon qui lorsqu’il se détache fait perdre l’équilibre au cheval. Et surtout ça se colle tellement que ça fait de la glace difficile à retirer. Faudra que je lève un pied pour voir à quoi ça ressemble exactement. Je me suis fait un copain avec le chat de l’écurie qui à coup de grands miaulements m’explique qu’une simple caresse derrière les oreilles ne va pas suffire. Trop câline.

Nestley (9 ans) est une gentille jument, pleine d’énergie, infatigable qu’il faut juste tenir un peu quand on accélère car elle irait bien plus vite. Ici on reste en ligne, je m’installe derrière Gina qui monte la grand-mère de ma jument.

Le cheval noir canadien a son studbook depuis la fin des années 70. C’est un croisement de percheron (pour sa puissance et robustesse idéales dans la neige), d’arabe (pour son endurance), de trotteur anglais (« pour aller faire les courses ») et d’andalou (pour la crinière). Ca donne un cheval assez trapu à l’arrière main très large, une robe brun foncée (avec quelques cas alezans aux crins noirs très recherchés), une crinière frisée fournie. Ils sont puissants et avancent rapidement même dans la neige épaisse où ils s’enfoncent allègrement.

Un petit tour en carrière me permet de reprendre mes marques. Mes éperons me manquent mais sur les bottes de neige ça le fait pas. Dressage Western, le « wo » fonctionne super bien. A ne surtout pas utiliser pour ralentir.

Nous partons sous une petite pluie fine. En fait ils ont eu pas mal de neige cet hiver. Tout est blanc, c’est superbe. Il fait gris mais la lumière sur la neige est un peu gênante. Avec mes verres gris c’est encore plus gris mais je vais peut-être épargner un peu mes yeux. Ca serait bête de me casser dès le premier jour. J’ai mis ma crème solaire 50, ça protégera de la réverbération et en plus épaisse comme elle est ça protège la peau du froid.

Nous discutons, j’ai parfois du mal avec l’accent local, surtout quand ils parlent entre eux. La forêt est composée de 3 sortes d’épineux. Les cèdres permettent de faire des huiles essentielles très intéressantes.

Gina est une touche à tout. Elle peint, cuisine, retape la maison, fait des massages, chante (un peu faux) et danse la country. Et oui ! Elle va à des cours en hiver et emmène les clients qui le souhaitent. Elle fait aussi un peu de cirque équestre, a passé et continuer à passer différents diplômes équestres en accompagnatrice de randonnée. Gilles a passé deux ans en France dans le Périgord pour apprendre la cuisine, dont le gavage des oies pour faire le foie gras qui est l’un des attraits de l’auberge. Au printemps, il prépare une soixante de foies… et les confits de canard qui vont avec.

Ils ont deux garçons de 17 et 20 ans qui bien sûr montent à cheval. Le plus grand est dans le grand nord au Nunavit pour construire un aéroport. Il rentre dans 2 semaines et ils ferment quelques jours pour prendre des vacances ensemble. Ils vont à un rodéo à Montréal.

En quittant la piste, d’abord le sentier à raquettes puis une piste de ski-doo, nous nous engageons dans le sous-bois. Tout l’hiver Gina entretien les sentiers en y passant régulièrement de façon à tasser la neige et conserver le chemin. Quand une grosse averse de neige survient, il faut recommencer…

Comme ça a passablement fondu il reste peu de neige sur les branches. Gina nous prévient quand même de faire attention car la dernière fois des entassements de neige de 30 cm tombaient sur les cavaliers. Joignant le geste à la parole elle secoue une branche derrière elle et me couvre de neige. « Il n’y a pas d’âge pour faire ce qu’on aime » me lance-t-elle. Tout à fait d’accord. A quoi sert la neige sinon à faire des batailles de boules de neige ? Sur un sentier un arbre tombé au travers du sentier nous oblige à faire demi-tour. Et oui, étant donnée l’épaisseur de neige impossible de contourner. On ignore l’épaisseur autour des arbres nous entourant, c’est un coup à rester enterré, enfin… enneigé. Nous faisons demi-tour tant bien que mal. Montana se retrouve en tête ce qu’elle n’apprécie que modérément. Nous empruntons la route déserte et couverte de neige qui nous permet un long trot. Dans un sentier à la neige tassée nous avons pu galoper. Trop géant. Je ressens une étrange impression de sécurité. Comme il est impossible de marcher dans cette épaisseur de neige, le cheval permet de se balader dans des endroits hors d’atteinte à pied et probablement fatigants en raquettes.

Bon, je repasserai pour le régime. Gina vient de m’apporter des nachos et de la salsa pendant que je suis assise à tenir mon journal. « je vais prendre 10 kgs », « Laisse-toi aller ». Allons bon, ça fait pas 24 heures qu’on se connaît. Okay les filles, laquelle d’entre vous a appelé ?

Musique douce, vue sur la campagne et le soleil couchant, bonnes odeurs de cuisine (l’auberge est complète demain, Gille prépare les plats), écrire mon journal dans ces conditions est un vrai bonheur.

Au bord d’une large piste je suis surprise par ce que je prends pour des cordes croisant un sous-bois dans tous les sens. En y regardant de plus près ce sont des tubes fins et les arbres des érables. La saison de la récolte commence. Les arbres sont incisés et les tubes permettent de récupérer la sève et la mener jusqu’à la cabane à sucre où elle sera traitée. La visite sera pour un autre jour, « on ne va pas tout dévoiler le premier jour ».

Nous nous arrêtons déjeuner, « dîner » disent-ils, dans une petite cabane que Gilles a retapée. Un poêle à bois fournit la chaleur (j’enlève 4 épaisseurs) et Gilles y a apporté notre pique-nique : des sandwichs délicieux jambon, fromage, salade, tomates séchées, quelques bâtonnets de carottes, pomme et barre de céréales au beurre de cacahouète, pardon d’arachide. J’aurais dû prévoir une bouteille d’eau. Gina a apporté du chocolat chaud (gentil, mais raté). Hélène partagera son eau avec moi.

Nous parlons histoire. Hélène est impliquée dans un projet de restauration et mise en valeur du passé de Mont Mégantic, la région où nous sommes au cœur de la Beauce, les cantons de l’est francophones à 95%.

La pluie est assez vite partie et revenue pour quelques gouttes mais rien de méchant. Faire pipi dans la pampa c’est pas facile mais dans la neige quand on s’enfonce jusqu’aux cuisses c’est pas terrible non plus, surtout quand il faut enlever les épaisseurs. Les bretelles du pantalon de ski sont sous la polaire et le blouson. Finalement c’est bien que le pantalon soit grand, je l’ai mis par-dessus le jean.

Nous repartons. Gina semble avoir quelques soucis avec sa droite et sa gauche ce qui nous permet de la taquiner. Nous rentrons chevauchant côte à côte pour discuter. Voyages essentiellement.

Retour tranquille relativement de bonne heure. Nous dessellons, posons la couverture qui a servir à protéger les selles de la pluie au déjeuner sur les chevaux. Ils fument. Un peu de granulés, du foin. Nous partons prendre un café avec Hélène et Gina. Il est 15h30, j’ai un peu mal aux épaules, j’ai tenu Nestley assez fermement alors forcément ça tire. Bon d’accord tout ça pour dire que la balade à raquettes on verra un autre jour. Douche et écriture. Ce soir je dîne avec Gina et Gilles dans la cuisine, plutôt qu’en cliente dans la salle à manger. Ensuite nous irons voir les cowboys faire du taureau mécanique.

Pris quelques photos. Dans la cabane avec Guy on plaisantait que je m’étais trouvé un mari, du coup je leur ai raconté que mes collègues voulaient à tout prix me caser. Ca nous a permis de bien délirer et en fin de balade passant à côté d’une minuscule cabane, Gina m’a annoncé qu’elle était pour ma lune de miel.

Voilà, j’ai écrit pendant 1h30, j’ai la main explosée. On va s’arrêter un peu. Dîner à 19h00, il est 18h00, il fait nuit noire. J’ai le temps de faire un peu de broderie, sauf si Gina accepte que je l’aide à préparer pour demain.

De grands bruits au-dessus de ma tête m’ont intriguée jusqu’à ce que je comprenne que ce sont les plaques de neige qui tombent.

Dîner dans la cuisine avec eux et William, le fils, venu pour le week-end. Il passe la semaine en ville au lycée. Apparemment il partage un appartement et il demandait des idées de plats rapides à faire pour changer son quotidien. Il faut dire qu’avec la cuisine qu’il a à la maison, les surgelés, sandwichs, ça doit vite lasser.

Puis je suis sortie avec Gina, à la Guadeloupe, à 15 minutes, un restaurant relais pour le ski-doo qui organise des soirées. Le vendredi c’est rodéo mécanique. Sauf qu’en fait d’amateurs ce sont de vrais cowboys qui s’y mesurent pour un prix en $. De sacrées pointures, avec un vrai arbitre de rodéo pour juger et accorder les points. Il ne suffit pas de tenir les 9 secondes, encore faut-il le faire correctement. Une petite bière pour accompagner tout ça. Retour à 11h00, à ce rythme le décalage horaire va vite être encaissé.

Samedi 19

L’auberge va être au complet pour le week-end. 4 chambres ici et 2 chez le voisin. Le grenier permet d’accueillir 5 personnes dans la même pièce. Pour ma part, je dois déménager pour 2 nuits. Je ne perds pas vraiment au change. La pièce est toute petite mais très agréable. Par contre, c’est une pièce de passage, pas vraiment destinée aux clients car elle n’a pas de salle de bain. Je partagerai celle de la famille.

Des geais bleus viennent manger dans les mangeoires. J’avais oublié combien ces oiseaux sont beaux. Gina ne les aime pas car ils sont assez agressifs et empêchent les plus petits de manger.

A mon réveil j’ai vu qu’il neigeait et ça doit faire un moment car tout est recouvert. Bon d’accord c’était déjà tout blanc, ça l’est encore plus (« plus blanc que blanc » ? ). La route notamment est toute blanche.

Petit déjeuner céréales, tartine beurre confiture et fruits. Cet après-midi il y a une balade pour les clients donc Gina m’a proposé une petite balade ce matin. La nature changera un peu nos plans.

Je monte Comanche, une apaloosa crème assez nerveuse au box à mon arrivée. J’ai fini par l’attacher pour pouvoir la brosser. A force de câlins elle a fini par moins bouger mais c’est le genre d’attitude qui ne me met pas en confiance pour la suite.

Gina monte Mika, une jument qu’elle a récupéré un peu en catastrophe quand un autre de ses chevaux a déclenché une nouvelle fourbure l’empêchant de travailler. La jument est habituée à suivre, pas à être en tête et cette position ne lui plait clairement pas. Elle rechigne à chaque changement de direction ou nouvel obstacle. Nous traversons la route pour partir et nous engageons dans une large piste. Nous prenons ensuite un petit sentier en sous-bois et devons faire demi-tour quand il s’avère impraticable. Avec la nouvelle neige tombée, l’épaisseur des tours est conséquente et Mika bondit dans tous les sens quand elle se retrouve enneigée. Commanche par contre s’en sort en muscles, sans efforts brusques. Elle a un trot super confortable. Un vrai jog lisse qui me permet de rester assise. Nestley hier était plus saccadée. Faisant donc demi-tour, je prends la tête et nous prenons un autre sentier que nous devons également abandonner assez vite. Nous reprenons la route, passons devant la maison et allons chercher une autre allée plus loin. Une congère, ici ils appellent ça un banc, coupe le chemin. Elle fait bien 1.20 m mais Gina veut qu’on la passe car elle n’est pas bien méchante. Mika ne veut rien savoir et je n’arrive pas à faire passer Commanche qui elle également est une suiveuse. Ici la rando se fait en configuration chacun à sa place, même si on fait du botte à botte ponctuellement. Gina décide de mettre pied à terre pour faire passer Mika en main. Et ça sera la débâcle. Mika lui échappe des mains, je n’arrive pas à l’intercepter (faut dire qu’avec toutes les épaisseurs question souplesse on repassera) et Mika détale au triple galop. Commanche forcément se dit qu’elle va faire pareil. Je finis par réussir à l’arrêter tandis que Gina me crie de descendre. Tout à fait d’accord pour descendre, mais à l’arrêt de préférence et de mon propre chef et non sous forme de chute. Franchement j’ai bien cru que j’allais me vautrer, je ne sais pas comment j’ai réussi à tenir. Une fois à terre il m’a fallu un moment pour l’immobiliser car elle voulait toujours partir. Gina de son côté appelait Gilles pour le prévenir et s’assurer qu’il récupère Mika. Commanche a fini par se calmer et nous voilà parties en direction de la maison à pied. Gina demande à Gilles de venir me récupérer, mais je lui dis que non, je peux marcher, on n’est pas bien loin !

Il n’arrête pas de neiger, plus ou moins dense, façon blizzard par intermittence, avec du vent. Et sur la route forcément on l’a pris de face, sinon c’est pas drôle. Gilles avait demandé s’il devait rapporter la jument mais étant donnée la situation nous avons mis fin à la sortie. Faut pas pousser et la nature nous a bien montré ce matin qu’elle ne voulait pas de nous à cheval.

Nous nous occupons des chevaux et Gina me propose une sortie en raquettes. On va aller voir l’état du sentier cavaliers pour s’assurer que la balade de cet après-midi est possible. Les raquettes sont top, rien à voir avec les machins en plastique du séminaire à Val d’Isère. Une armature en métal des attaches qui tiennent, une surface plus conséquente. Bref de la vraie raquette et avec la quantité de neige super fine et le terrain plutôt plat, pas besoin de bâtons. Nous n’allons pas loin, mais c’est agréable. Le terrain est praticable, nous revenons à la maison.

Gina me demande si je veux déjeuner avec eux, pour mon grand plaisir. Toute seule dans la salle à manger ça fait trop cliente (même si dans le fond c’est ce que je suis). Soupe et rillettes de dinde maison, celles qu’il a préparées hier. Un régal, beaucoup moins gras que les rillettes de porc traditionnelles. William a fait des cookies. Gentil comme tout ce garçon. Poli, bien élevé, il adore passer du temps avec son père et ils discutent de tout.

Je propose à Gina de l’aider à préparer les chevaux des clients. Elle m’a demandé si j’accepterais de rester en queue lors de la balade de façon à pouvoir prendre la tête si jamais nous devons faire demi-tour. Rendez-vous aux écuries à 14h10. Les clients ont commencé à arriver. Je m’allonge 30 minutes. 10 minutes pour s’habiller et je retrouve Gina à l’écurie.

Un jeune couple me devance, un autre arrive juste derrière. Gina demande les niveaux, ce sont tous des débutants. J’aide à distribuer les brosses, seller, mettre les filets, amener les chevaux. Je pense qu’ils ont cru que je faisais partie de l’équipe. Un peu inquiets quand ils m’ont vu monter en selle sans gants. Mais comme on dit chez nous « gato con guantes no caza ratones », chat ganté n’attrape pas de souris, difficile de préparer les chevaux avec des gants en micropolaire. Voilà un investissement dont je suis heureuse. Ils sont fins, agréables, chauds et m’ont coûté des clopinettes.

Nous voilà partis pour 2h30 de pas dans les sous-bois. Avec la neige qui tombe depuis 2 heures du matin, les sapins sont recouverts, tout est blanc, c’est absolument magique. Un vrai paysage de carte postale avec une neige poudreuse toute fine qui ne colle pas. Par contre la balade tout au pas, ça ne réchauffe pas vraiment. Je commençais à avoir froid aux pieds. L’avantage du sous-bois pourtant est de couper le vent plus présent dans les quelques prairies que nous traversons. Ils sont tous mis les bombes proposées par Gina. Ici l’équitation est classée en sport extrême et dans le cas du centre il faut bien sûr signer la décharge mais le club est obligé de proposer des bombes. Même si heureusement le port n’est pas obligatoire.

Hier Gina avait oublié de me la proposer. Elle s’en est souvenue à la cabane. Je lui ai dit que non merci, je ne lui tiendrais pas rigueur de ne pas me l’avoir proposé avant.

Retour vers 16h30. Petit café muffin avec un des couples et belle maman qui leur a offert ce week-end surprise (mais était-elle obligée de venir…).

18h00 je vais aller me laver, les autres clients ont envahi le jacuzzi. Moi d’abord je ne suis pas plus fan que ça et dès lundi je l’aurai pour moi seule, alors…

Gina m’a demandé de rester du côté « clients » car ils vont beaucoup circuler et avoir du travail. Bref, ouste de ma cuisine, mais c’est vrai que là je dérangerais. Et puis bon, je ne vais pas m’imposer non plus. Ils ont droit à un peu d’intimité.

Dîner à tomber par terre. Le forfait gastronomique n’a rien à envier aux grandes tables. Entrée salade au saumon, avec du saumon fumé au sel à froid par Gilles. On l’avait vu préparer son plat hier avec tout un mélange de condiments. Accompagné de mâche, canneberges, amandes. Suprême de pintade avec une sauce succulente accompagnée de petits légumes. En dessert fondant au chocolat coulis de framboise. TOUT fait maison. L’auberge n’a pas de licence d’alcool, les gens apportent donc leurs bouteilles.

De petits haut-parleurs placés dans les coins des pièces à vivre permettent d’avoir un fond musical très agréable et varié. Probablement un plateau de 4-5 CDs qui tourne en aléatoire. Un peu fatiguée par Shade à force mais la guitare espagnole est superbe.

Lu un peu, de toutes façons les pièces ne sont pas insonorisées, donc le bruit de la salle à manger est assez gênant. Mais à 22h00 tout le monde est parti se coucher.

Dimanche 20

Réveillée à 5h30, c’est bon le décalage est intégré, c’est mon heure normale. Le chasse neige est passé deux fois.

Il fait gris mais le soleil commence à percer à travers les nuages. De jolies ombres parsèment la neige. Quelques clients sont là. Œufs, fruits, sorte de croissant et beurre d’érable. Une sorte de pâte à tartiner super bonne et une alternative au traditionnel sirop. C’est du sirop chauffé et baratté qui devient crémeux. Ca n’est pas vendu à l’exportation, donc moins connu. Va falloir que j’en rapporte.

Gina m’a proposé de me joindre à la balade qu’elle fait pour deux clients. « Ca sera la même qu’aujourd’hui » m’a-t-elle averti hier soir. Si tu veux, tu peux te reposer le matin, nous partirons à 12h30 avec le van pour une balade chez des amis.

J’ai décidé de faire la balade, la lumière sera sans doute différente. Je traque la photo, bien m’en a pris.

Le soleil a percé, je fais quelques photos de la maison et des paysages sous un beau ciel bleu et le soleil. Par contre, ça gèle. Je vais vérifier le thermomètre. Pas étonnant, il fait -15°, contre -4° hier. J’aide Gina à préparer les chevaux des clients comme hier. Je remonte Commanche toujours un peu anxieuse au premier abord mais avide de caresses.

Finalement, nous partons pour une balade différente. Le départ s’avère laborieux. La jument de Gina est moyennement convaincue à l’idée de devoir repartir dans la neige. Pollie, un superbe mâle avec une crinière d’andalou, déprime un peu. Il n’a aucune envie de s’engager dans la neige. Du coup, je pars devant, tandis que Gina pousse Pollie afin qu’il prenne le sentier. Je resterai en tête un bon moment en profitant pour prendre des photos avec des gens de face, sans bombe et avec un superbe soleil. Sans compter qu’en étant devant, je profite d’un paysage vierge et libre devant moi. Magie hivernale est un doux euphémisme, c’est tout simplement trop beau.

En fait il a beaucoup neigé cet hiver, rendant certains passages impraticables. Je suis restée devant un bon moment et sans risque de me perdre car il suffit de suivre la tranchée dans la neige. Gina reprend la tête en arrivant à une allée nous menant vers la cabane à sucre traditionnelle. Nous sommes dans une érablière. 25000 entailles prennent l’eau des érables. Les tuyaux fins créent un véritable labyrinthe de fils bleu pâle. Dans le temps, chaque arbre était entaillé et la sève tombait dans un petit seau. Les employés versaient la sève dans des tonneaux tirés par des chevaux. Ceux-ci faisaient le trajet seuls entre les arbres et la cabane. C’est vers 14h00 que l’écoulement est le plus important et que donc on récoltait. A la cabane, on mettait l’eau d’érable dans une marmite que l’on faisait cuire plusieurs heures. Les chevaux avaient leurs boxes où ils se reposaient jusqu’au lendemain tandis que dans la cabane on travaillait jusque tard dans la nuit.

Aujourd’hui le réseau de tuyaux amène la sève jusqu’à la cabane à sucre et le foyer à bois a été remplacé par du mazout. Plus de chevaux, moins de main d’œuvre, la modernisation est passée par là mais le sirop est toujours aussi bon (et cher).

Nous rentrons à l’auberge vers 12h00. Mes québécois me remercient pour l’aide apportée persuadée que je suis guide. J’aide à desseller, un coup de balai, Gina aime que son écurie soit propre. Mon couteau m’est bien utile quand je dois couper les ficelles d’un ballot pour donner du foin aux chevaux. Ils sont super bien nourris, mais vu comme ils se dépensent dans la neige, ils en ont besoin.

Nous avalons une soupe, si on peut appeler ça une soupe. C’était mangeable à la fourchette. Et hop on repart aussitôt charger les chevaux et les selles dans le van. Nous partons monter chez des amis pour changer de zone et pour Gina l’occasion de monter avec des amis. Comme ça se passe bien avec Commanche, Gina m’a proposé de la garder, mais la présence de plein de chevaux inconnus l’énerve un peu. Un monsieur conduit un traîneau pour promener sa toute jeune épouse et la petite sœur. Les clochettes ne plaisent pas du tout aux autres chevaux. On en voit revenir sans cavalier. Ce qui finit d’énerver Commanche. Gina me fait descendre et me donne Nomade plus tranquille. La selle de Gina est super confortable. Je découvrirai en dessellant qu’elle a une doublure en alphagel, ça vaut la peau de mouton.

Nous sommes sur une plaine, la température est basse et le vent souffle. Je mets mes chaufferettes aux pieds, qui s’avèreront assez peu efficaces, en même temps je n’avais pas trouvé qu’il faisait si froid. Mais j’avais fermé la polaire et rajouté une écharpe. Balade assez peu intéressante. La zone est visiblement agricole, mais sous la neige les champs vides sont un peu tristes. Nous irons néanmoins dans les sous-bois le long d’un ruisseau pendant un moment. La version neige que j’aime : arbres et neige autour de petits sentiers. C’est pour cela que je n’aime pas le ski de piste et préfère de loin le ski de fond. Enfin c’est pas le ski que j’aime, c’est d’être dans la nature. Nous suivons le traîneau donc nous sommes restés sur la route, certes enneigée, au pas. Eux discutaient entre eux, moi je tenais Nomade qui bougeait beaucoup. 4 chevreuils ont traversé la route (j’ai repensé à la blague du français installé au Canada).

De retour à la maison nous avons été invités à prendre le café et des cookies. Gina a donné de l’eau chaude aux chevaux. « On prend bien du thé ou du café, pourquoi ne devraient-ils boire que froid ? » On a mis nos chevaux dans des boxes vides après leur avoir mis leurs couvertures pour le voyage et avec Gina on a balayé l’écurie.

Ce sont tous des fanas de chevaux. Bonne discussion même si j’ai juste écouté. C’était sympa d’être ainsi au cœur de leur quotidien. La petite fille fait du patinage artistique et hier elle a gagné un spectacle. Elle nous apporte toutes ses médailles. Nos petits français ont encore du souci à se faire.

Cookies à la mélasse excellents…

Retour à l’auberge. L’amie de Gina qui était partie avec nous est rentrée chez elle. Nous déchargeons les 3 chevaux. Gina me demande si je veux bien décharger le matériel pendant qu’elle sort les chevaux restés au box ce matin. Faut dire qu’à midi nous avons eu 30 minutes pour poser les chevaux, manger et partir. Je range les selles, les couvertures, lave les mors, vais chercher une botte de foin et reprends le balai. Nous quittons l’écurie à 17h40.

Heu… c’était quoi mon prétexte pour ce séjour ? Je veux des vacances pour moi (d’accord, sans clients), avec un programme tranquille, 4 heures de cheval et ensuite lire, broder, buller, et éventuellement une balade à raquettes. Je suis entrée à l’écurie à 9h40, sortie 17h40 et pas arrêté entre deux sauf pour la soupe de midi et les cookies de 16h00. Bravo, bien joué pour le repos. Mais voilà, je me suis éclatée, Gina a apprécié ma participation active. Moi rester assise à buller c’est pas pour tout de suite.

Je rechange de chambre. Une avec une vraie pièce salle de bain, très jolie avec une jolie peinture de Gina. Bonne douche. Journal et dîner.

Un couple de l’Ontario est arrivé pour la semaine et m’a proposé de me joindre à eux pour le dîner. Discussion moitié français, moitié anglais. Dîner à nouveau extraordinaire mais trop copieux. Les repas dans la cuisine vont me manquer.

A priori Gina a prévu de m’emmener au cours de country line dance lundi et mardi. Ca va être top. Faudra que j’achète une bouteille d’eau. Va me manquer un t-shirt. 9h55, je dois éteindre la véranda tout le monde est parti se coucher.

Gilles a acheté un tracteur il y a 3 ans, avant ça il faisait tout son labour avec des chevaux.

Lundi 21

Si je me cache dans la grange et que Gilles ne me trouve pas, il ne pourra pas m’emmener à l’aéroport. Je pourrais rester du coup ?

Gina me disait cet après-midi que je m’étais acclimatée super vite. Déjà je m’étais préparée psychologiquement à passer une semaine à -20 / -30°. Résultat des courses +3 le premier jour, -4 puis -15 et enfin -20 aujourd’hui. Descente progressive et au-dessus de mes prévisions alarmistes. Ensuite je suis couverte pour parer à -30° facile, j’ai limite chaud à cheval. Mais tant mieux, souffrir du froid gâche tout, là j’ouvre mon col et tout va bien. Si bien que mes petits gants noirs me suffisent amplement. De toutes façons, les gants de ski sont trop inconfortables pour tenir les rênes. Gina monte en moufles, je ne sais pas comment elle fait. J’ai des épaisseurs mais je ne me sens pas trop engoncée non plus. C’est au niveau de la tête où il y a des progrès à faire. Le bonnet en polaire est bien mais il faudrait un truc qui couvre davantage. En fait un bandeau aurait été idéal. Mais bon, ce sont des choses dont je n’ai pas besoin en temps normal. Les tshirts et les gants vont être parfaits pour l’Argentine.

Mes canadiens portent la bombe et Denise seulement sa culotte de cheval avec des mini-chaps et des bottes d’équitation. Elle est contente de ses gants conçus pour des températures jusqu’à -21. Sauf qu’il fait -20° et si le vent se lève, ça va baisser. Elle va se peler. Sans doute pour cela que les journées sont somme toute assez courtes. Aujourd’hui, on n’a pas dû partir avant 11h00 et à 14h30 on était de retour, pause déjeuner comprise.

Petit déjeuner de crêpes légères et noyées dans le sirop avec fruits, sans fraises pour moi, merci. Un couple de canadiens est venu pour deux jours faire de la raquette. C’est le seul endroit qu’ils ont trouvé où l’on peut chausser les raquettes au pied de la maison et partir. Ailleurs, il faut souvent prendre la voiture même si ça n’est pas loin.

Nous partons par la route un moment. J’ai à nouveau Nestley qui n’apprécie pas trop d’être reléguée à la dernière place. Au niveau d’une ferme laitière nous quittons enfin la route pour nous engager dans une allée, idéale pour un beau galop, mais nous n’en ferons qu’un plus tard. Une cabane à sucre est posée au début de l’érablière au bout du champ. Celle-ci n’a pas encore commencé son exploitation, les entailles ne sont pas faites. Et la balade se transforme en jeu du labyrinthe « trouvez la voie praticable ». Obligés de faire demi-tour à tous les sentiers, nous repartons vers la route emprunter une autre piste. J’ai découvert après coup qu’il s’agissait d’une route et non d’une allée. Probablement non essentielle donc non déneigée et empruntée par les ski-doo. Je reconnais l’érablière où se trouve le cabanon du déjeuner.

Nous couvrons les chevaux, leur donnons du foin et des granulés et nous installons pour manger, après avoir enlevé 3 épaisseurs. Le poêle allumé par Gilles qui a apporté le pique-nique chauffe bien. C’est une cabane qu’ils ont retapée, le propriétaire les autorisant à l’utiliser. Ils ont ainsi quelques cabanons à pique-nique pour manger au chaud. J’ai les pieds humides. La transpiration je pense, je n’ai pas l’impression que l’humidité passe dans les bottes. Par contre j’ai un accroc à une botte. Probablement quand Commanche m’a marché sur le pied hier. Faudra que je voie comment j’arrive à coller ça. Salade de haricots rouges, pois chiches, céleri, tomate… et sandwich fromage chaud grâce au poêle, muffin et pomme. Michael est chirurgien thoracique, son épouse infirmière. Ils vivent à Windsor dans le sud de l’Ontario, face à Détroit (de l’autre côté du lac je suppose). Ils ont pas mal voyagé. La dame voulait une selle anglaise car sur les westerns les étriers sont toujours trop longs pour ses petites jambes, mais comme il faut pouvoir se tenir quand les chevaux s’enneigent, Gina lui a donné une selle d’enfant. Elle chausse super court ! D’accord, je sais c’est moi qui chausse super long, mais quand même…

Retour vers 14h30. Je balaye l’écurie et part avec Gina et Marie-Hélène qui est montée avec nous, étudier un sentier pour demain.

Michael a demandé des cours d’attelage et je joue les reporters photo à observer comment ça se passe. Paulie est superbe avec l’harnachement et le traîneau avec ses peaux de dieu sait quoi vraiment joli… et avec des grelots. Obligé, un traîneau à neige sans grelots ça n’est pas envisageable.

Il est 16h15, je pars pour une balade à raquettes. Gipsy et Jackson, les chiens, m’accompagnent. La lumière est superbe, je m’éclate à faire de la photo. Très sympa. Les raquettes sont super confortables. Rien à voir avec l’horrible balade à Val d’Isère. Là ça donne vraiment envie et je retrouve les conditions synonymes pour moi de sports à la neige. Les sapins couverts de neige, des arbres, une jolie lumière et pas un chat, enfin deux chiens en l’occurrence. Jackson a dix mois et suis Gypsy comme un fidèle toutou alors qu’il fait 3 fois sa taille. Il y a plein de traces de lapins et ils partent dans tous les sens cherchant sans doute à les débusquer. Retour vers 17h00. Douche et écriture. Le dîner est prévu à 18h30 car à 19h30 nous avons notre cours de danse country à La Guadeloupe. Heeha !

Terrine de rêne, poulet (maison) grillé, encore un régal, mais j’ai raté le dessert car nous sommes parties avec Gina. Un peu en retard.

Le relais restaurant a commencé les cours en octobre, ce sont donc des débutants. Les cours sont assurés par un couple. Bonne ambiance, ils rient tous bien. La nomenclature des pas est un peu hasardeuse, je ne suis pas sûre que Fred soit certifié NTA. Ils ont repris une grande partie de leurs danses, sorte de révision systématique. J’ai réussi à capter les danses sur place, toutes de petites débutantes sympa. Quelques classiques, God Bless Texas ou Easy Come Easy Go. Evidemment ma façon de danse a surpris. « Tu danses avec les bras ». Ici ils ont forcément les mains dans les poches. Variante sur God bless Texas avec le prof qui a expliqué qu’effectivement sur la feuille c’est noté comme je le danse, mais qu’ici personne ne fait comme ça. Par contre je les ai abandonné sur Chill Factor. Ils ont de l’entrain et s’amusent, un truc que nous avons perdu à notre cours du jeudi. Et puis bien pour moi, ici c’est facile donc je suis presque mal à l’aise. Fin du cours à 21h30 sur Chill Factor version rapide. Ils sont fous… Lu jusqu’à 11h00 car bien sûr pas possible de m’endormir en arrivant, classique.

Mardi 22

Le soleil brille et le ciel est bleu dès le matin. Il a fait très froid dans la nuit et à 8h00 il ne faisait encore que -25, ça montera à -15 dans l’après-midi.

Je me suis servie un café et suis allée discuter avec Gilles dans la cuisine. L’accès y est normalement interdit mais vu que j’ai utilisé leur salle de bain, j’ai le droit non, je suis de la famille maintenant. On discutait avec Gina et Marie-Hélène, du coup Gina m’a proposé de manger avec elles. Je suis vite allé récupérer mes couverts dans la salle à manger. Délicieuse omelette, confiture d’abricots maison et la douce chaleur de la cuisine et conversation amicale. Marie-Hélène est étudiante en biologie, fait sa thèse de doctorat sur la diversité et comment elle est impactée par les changements climatiques. Je pensais qu’elle était employée mais en fait c’est une amie qui a son cheval en pension ici.

Je pars à l’écurie préparer Paulie. Guy est revenu monter avec nous et travailler Montana récemment arrivée et encore effrayée par plein de choses. Départ par la route, qui est de terre et graviers (et non goudronnée) comme je m’en suis aperçue en allant m’y promener à pied plus tard dans l’après-midi. Voilà pourquoi on trotte dessus sans état d’âme. Mais sous le sable et la glace j’avais un peu de mal à identifier le revêtement depuis le haut de mon cheval.

Super balade sur un sentier le long de la rivière (gelée et couverte de neige). Magnifique ciel bleu. J’ai chaud. Paulie n’est pas très facile car très lourd. Difficile à diriger. Fait du galop malgré moi car on avait du mal à se caler au trot au départ. Ensuite ça allait et il est plutôt confortable. Par contre, il sait qu’il est beau et joue un peu les machos. Etre derrière n’est pas de son rang… Fâcheuse tendance à donner des coups de tête, j’ai donc passé les rênes derrière la corne, comme me l’avait conseillé Gina, pour épargner mes bras. A force de se prendre la bouche sur le mors, il a finira par se calmer, jusqu’à la pause déjeuner.

Pique-nique, salade de pâtes au pesto dans une cabane à sucre désaffectée. Fauteuils et poêle, vrai grand confort. Gâteau carottes pécans pruneaux, un régal. Et comme j’ai dit que je n’aimais pas le chocolat chaud ils ont apporté du café avec une pointe de lait (la plupart des gens le boivent ainsi). Gina propose un retour rapide avec des trots par la route ou par les bois mais plus long. Ils optent pour la route. Je ne les comprendrai jamais… Ces américains qui montent à cheval sans galoper et préfèrent une route aux sous-bois…

Retour rapide, puisque c’est l’endroit que nous étions allé vérifier hier en voiture. A 14h30 nous sommes à l’auberge. On s’occupe des chevaux, je passe le balai. Gina et Marie-Hélène doivent aller chercher un cheval et me proposent de les accompagner. La jument en question est dans un centre équestre immense qui organise des spectacles et rodéos. Ils ont des installations superbes toutes en bois, vieille écurie récupérée puis agrandie.

Le « manège » désigne la carrière et le « manège intérieur » notre manège. De retour à 16h30, je pars prendre des photos. Un tout petit peu tard pour la lumière, mais jolie balade. Douche, journal. Dîner à 18h30 car nous repartons danser ; ce soir c’est danses de couple.

Le mardi c’est donc danse de couple. Au programme I Love this Bar. Je fais le garçon, ça permet à Gina d’apprendre sa partie, moi de toutes façons je ne la redanserai pas. Enseignement très lent. 4 temps par 4, avec reprise depuis le début à chaque fois et les profs qui passent voir tout le monde s’assurer qu’ils ont compris, notamment pour les passages un peu complexes. 1h15 pour finir la danse, mais du coup la plupart la tiennent. J’ai fait écouter nos danses à Gina qui est surprise par le concept de « Line ». Country c’est musique country, point. Retour à 21h30, préparation du sac, lecture, dodo.

Mercredi 23

Encore un grand beau soleil dès le matin et un petit -20 avec un maximum de -5 annoncé.

Petit déjeuner céréales au yaourt dans la cuisine. Ils n’ont même pas mis mes couverts dans la salle à manger. Les canadiens ont dû se dire que je leur faisais la gueule…

Check-in pour choisir mon siège. J’ai chargé quelques photos de Gina. N’en ont pas tant que ça de bien dans la neige. J’avais apporté deux aquarelles à l’ancienne de Paris, elles iront très bien avec la déco de la maison, Gina a semblé apprécier.

Je pars sur Commanche avec qui je m’entends très bien. Elle est toujours un peu nerveuse au box, le temps de la calmer et pouvoir finir le pansage tranquillement. Elle ne bougera pas une oreille pendant la balade. Elle a eu un passé difficile, Gina l’a récupérée en mauvais état. On sent qu’elle est sur le qui-vive, mais prête à faire confiance. Elle adore les caresses, répond bien et est super confortable. Les apaloosas sont rares au Québec car très appréciés et donc conservés par leurs propriétaires. Commanche a la crinière et la queue peu fournies propres à sa race mais seulement quelques tâches légères sur les hanches.

Belle rando en sous-bois, trots, galops. Nous sommes allés sur une hauteur pour voir la chaîne des Appalaches. Superbe panorama. Il a fallu que j’efface des photos en catastrophe car la carte était pleine. J’avais calibré la définition fine et donc réduit le nombre de photos possible. Mais je dois être à plus de 600, c’est déjà pas mal. Pause à la cabane à sucre et Commanche a réussi à enlever son filet sans qu’on sache comment. D’un seul coup Gina m’a dit « descends de cheval, Commanche n’a plus de filet ». Je n’avais rien senti et elle n’a pas bougé. Vraiment mimi cette jument.

Retour à 12h45. Le temps de desseller, mettre les couvertures il était 13h00 et Gina me dit « tu pars à 13h30 ». Nouveau défi, ça me plaît. Douche express, finition du sac et quand Gina est venue taper à ma porte me dire que le déjeuner était prêt, elle a été soufflée car j’étais prête, mon sac à la main pour descendre. Hi hi, trop forte. Le shampoing ça sera pour demain. De toutes façons après une nuit dans l’avion…

Croque monsieur (version tartine), avocat, carottes et céleri, pommes, part de gâteau à la canadienne : noyé dans le sirop. J’ai acheté 2 boîtes de sirop d’érable et une de beurre à Gilles. On ne trouve pas le beurre dans le commerce et c’est à prix astronomique à l’aéroport. Lui le fait faire par un voisin producteur. Gina m’offre deux boîtes de sirop, une pour moi, une pour Rémy. Et me voilà avec 2.5 kgs de plus. Mon sac passe de 18 à 22 kgs.

Route tranquille à discuter avec Gilles qui a fait plein de choses dans la vie mais est originaire de la région tout comme Gina. Hawaii, Israel, Périgord, USA… Il a donné des cours de taille de pierre, est professeur d’attelage, a appris la cuisine. Ils sont vraiment adorables tous les deux. Ils attendent impatiemment le printemps pour partir au soleil.

Arrivée à 15h50 à l’aéroport. Je récupère mon boarding pass à la machine, vais au drop off pour mon sac. L’hôtesse m’enregistre sur le vol précédent en stand by. J’achète des chocolats à l’érable pour les filles et valide que Gilles avait raison au sujet des prix du sirop.

Et voilà, c’est terminé. Je savais que ça passerait vite, beaucoup trop vite et si l’Argentine ne se fait pas, ça va être long jusqu’au mois d’août…

Je reviendrais bien pour l’été indien, à partir du 22 septembre. Le rodéo à St Victor doit être sympa aussi, plus intime que St Tite, et à côté d’ici. Gina m’enverra un mail pour me dire de venir et de pouvoir « faire les folles à danser tous les soirs ».

Arrivée à Paris, il fait -4°, mais c’est le printemps !


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