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Sarkozy, l'homme blessé par lui-même

Publié le 08 mars 2012 par Juan
Sarkozy, l'homme blessé par lui-même Avec quelques heures de recul, il était temps de revenir sur cette nouvelle et longue interview de Nicolas Sarkozy sur France2 mardi soir. L'homme s'était enfin un peu livré. Un gigantesque mea-culpa, livré avec près de deux mois de retard sur la campagne de 2007.
Nicolas Sarkozy avait voulu joué l'émotion et la confession. Le livre re-corrigé par la catholique mais fonctionnaire Emmanuelle Mignon semblait donc enterré.
Sarkozy a un problème, on doute de lui. Nous raconte-t-il encore des bobards ? C'était la question que Sylvie Pierre-Brossolette du Point, peu suspecte d'antisarkozysme primaire, se posa sur iTélé dans la journée de mercredi.
Elle avait raison. La séquence fut incroyable.
Web-Figurants de l'UMP
Ils étaient 200, l'Express les a photographié. 200 jeunes et moins jeunes embauchés par le jeune Nicolas Princen, ex-conseiller Internet de l'Elysée qui anime désormais la cellule Web du candidat sortant. Les « War-Room » des équipes de campagne intéressent les médias et ces derniers nous gratifient d'une attention toute nouvelle depuis quelques mois. C'est plaisant, les mondes se croisent.
Sur Twitter, ces Web-embauchés de l'UMP avaient des arguments nord-coréens: « Les réformes phares du quinquennat de Nicolas Sarkozy plébiscitées par les Français… #ns2012 ». C'était drôle. Ces gens-là pensaient que le statut de l'auto-entrepreneur effacerait 5 ans de Présidence des Riches.
Mercredi, Guillaume Peltier, slogan-manager de la campagne de Sarkozy, se livrait à un « Chat » avec quelques dizaines d'internautes pour défendre la relance de Sarkozy. C'était amusant.
L'ancien militant du FNJ avait quelques formules drôlatiques:
1. « La première place, c'est l'enjeu clé du premier tour de l'élection présidentielle, et rien ne sera définitif avant le 22 avril. » Ou encore: « Jusqu'au 22 avril, tout est encore possible ». Concentre-toi, Guillaume.
2. « 5 à 8 millions de Français qui votent au premier tour pour Marine Le Pen ou François Bayrou refusent encore de se positionner pour le second. »
3. «  je sais que Nicolas Sarkozy a les atouts pour l'emporter : l'étoffe présidentielle, la stature internationale, la capacité à décider, le courage de réformer... »
4. « L'objectif de nos compatriotes, c'est que nous "supprimions" les pauvres et non pas les riches. »
Ces gens-là sont donc ailleurs.
NKM menacée
Dans le même QG de campagne, on s'interrogeait sur Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle déçoît. Elle n'élargit plus le spectre électoral du candidat sortant. Côté écolo, elle est aussi crédible que Claude Allègre. Que lui reste-t-il ? 
Pire, la porte-parole officiel du candidat sortant n'est pas au diapason de son mentor. Ce weekend puis encore lundi, elle affichait ses états d'âmes sur les sorties anti-halal de Claude Guéant et ... Nicolas Sarkozy. A droite, on apprécie peu « l'aristo » qui s'amusait des rumeurs d'une descendance Borgia il y a quelques mois.
NKM, dans le dispositif « candidat du peuple », c'est un peu une Rolls mal cachée devant la caravane au camping. Le Point, dans son édition de la semaine, se fait l'écho d'un souhait quasi-présidentiel: Nicolas Sarkozy envisagerait de remplacer NKM par le jeune député Franck Riester.
L'information n'était pas confirmée jeudi soir. NKM est amusante dans le dispositif schizophrène de la campagne du candidat Sarkozy.
Mercredi soir, elle a dû se justifier et se défendre. « Il y a aussi les déceptions de certains dans la mise en place d'une équipe de campagne et c'est naturel. Mais mon rôle, c'est d'entraîner tout le monde pour que chacun dépasse cela et que l'on puisse se rassembler pour faire écho aux propositions de Nicolas Sarkozy. De la réunion mercredi matin au siège de l'UMP avec la «cellule riposte» à celle le soir avec les blogueuses pour la Journée de la femme, en passant par ma conférence de presse dans l'après-midi au QG de campagne pour développer les propositions du candidat ou la préparation de ses déplacements… »
La porte-parole était aux abois.
Les bourdes de Carla
Mardi soir, l'émission avait rassemblé un petit quart des téléspectateurs (5,6 millions, 23,7%). Il fallut attendre quelques heures pour apprendre quelques nouvelles croustillantes des coulisses de l'opération reconquête.
Carla était évidemment là, en coulisses, dans la loge. Il y avait Henri Guaino, tétanisé d'écouter la première Dame. Et d'autres témoins. Elle a eu deux expressions bien malheureuses. Le signe d'un décrochage évident. Le couple présidentiel du moment est donc « hors sol ». Carla parlait en écrivant des textos.
L'épouse de l'actuel chef de l'Etat a eu deux curieuses réflexions. D'abord, elle se défendit: « Nous sommes des gens modestes ». Des gens modestes ? Ensuite, elle questionna son voisin: « De temps en temps, ils donnent la parole à des journalistes de droite ? » S'interrogea-t-elle sur le troublant procès d'intention-de-droite fait aux journalistes des « grands » médias ?
Soyons respectueux. Carla Bruni-Sarkozy n'était pas cruche. Elle était tombé dans la cruche.
Mercredi, pour la défendre ou le défendre, Claude Guéant est presque sorti de ses gonds et de son poste. C'en était drôle. « Chacun a pu observer que pour lui, ce n'est pas un sujet qui est facile. Mais clairement le président regrette cette soirée du Fouquet's comme ses vacances sur le yacht de monsieur Bolloré, il l'a dit très clairement et il a eu raison de le dire »
Un peu plus tard, mercredi 7 mars, Claude Guéant arriva en renfort. Il est comme Rantanplan, il veut rendre service mais aggrave la situation:  « Je connais très bien le président, depuis 2002 jusqu'il y a un an, j'ai travaillé avec lui jour et nuit. Je sais que c'est quelqu'un qui ne s'autorise comme loisirs qu'un peu de lecture, qu'un film de temps en temps, qui a une vie d'une austérité extrême ».


Le bilan de Sarkozy, ou pas. 
Mercredi 7 mars, les communicants du candidat Sarkozy publièrent quelques arguments de défense de bilan. Il y eut d'abord cette incroyable salve de tweets de ces nouveaux Web-figurants, des encartés à l'UMP, relayant le même argument: « Les réformes phares du quinquennat de N.Sarkozy plébiscitées par les Français. Zoom sur le statut d'auto-entrepreneur.»
C'était bizarre. La veille, Nicolas Sarkozy s'était défendu d'être le candidat des riches. On attendait donc que ces soutiens relayent quelques arguments. Il n'y avait rien, sur le site de la France Forte qui n'invalide l'accusation de Présidence des Riches.
D'ailleurs, puisqu'ils avaient décidé de dévier sur le RSA et la maîtrise de l'immigration, les chiffres étaient faux: « Le RSA, contrairement au RMI, n'est pas attribué à tout le monde, et notamment pas au premier étranger venu » expliquait notre confrère Ménilmuche. « La loi de décembre 2008 instaurant le RSA prévoit deux grandes catégories d’étrangers: les Européens de l’UE, pour qui trois mois de résidence permanente et une autorisation de séjour sont nécessaires; les ressortissants de pays tiers, qui doivent justifier au minimum de cinq années d’autorisation de travail ».
Le moral remonte, ou pas.
Le Figaro voulait croire que Nicolas Sarkozy avait « remonté le moral des troupes ». Sans doute s'agit-il d'une secte. Mardi soir, le candidat sortant a surjoué l'affectif, le facteur personnel.
Ils avaient trouvé un sondage exclusif, un seul, bientôt publié par l'Expansion, un sondage qui donnait Sarkozy vainqueur. Un sondage sans sondé... L'enquête était une « prédiction » statistique.  Nous nous régalions. On attendait Elizabeth Tessier ou je-ne-sais-quel oracle.
Tant qu'à faire, ensemble ou entre soi, tout est possible.
En coulisse, le candidat sortant était encore énervé. Le weekend dernier, il avait interdit à Claude Guéant de venir à son meeting de Bordeaux: « le ministre de l'Intérieur a bien été désinvité par Sarkozy du meeting de Bordeaux, contrairement à ce qu'il affirme, alors qu'un autre ministre, Éric Besson, était, lui, présent » écrivait Charles Jaigu du Figaro. « C'est pourquoi, encore une fois, la remarque de Claude Guéant sur le FN, qu'il avait jugé à la fois «national et socialiste», a été considérée comme totalement déplacée, au moment où il est urgent de ne pas insulter les électeurs du FN. «Ce monsieur connaît encore mal le métier de la politique», résume un ami du président. »
La journée fut triste. L'agenda du président était vide. Celui du candidat aussi.


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