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Défendre les espèces menacées chez nous, c’est avant tout une forme d’égoïsme !

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Après avoir interviewé Gérard Bozzolo(1), Marc Laffont, répond aux mêmes questions sur le pastoralisme et la biodiversité.

Marc LAFFONT : « On prête à Gandhi l'affirmation suivante : "La grandeur d'une nation et de son progrès moral peuvent être jugés à la façon dont elle traite ses animaux." Peut être pensait-il d’abord aux animaux domestiques. Je ne sais. Mais lorsque Conway McMillan affirmait que, "Pour sauver le condor de Californie, nous aurions besoin de développer les qualités qui nous permettront de nous sauver nous-mêmes", le message devrait être évident : la biodiversité constitue un élément fondamental du bien-être humain.
Défendre les espèces menacées chez nous, c’est avant tout une forme d’égoïsme. On est toujours l’inutile coûteux de quelqu’un. Après le condor en Californie, ou l’ours chez nous, d’autres espèces suivraient. Il n’y a aucune raison pour que cela s'arrête ! Et une fois tous les « nuisibles » éliminés, sans avoir rien solutionné, il faudrait bien trouver d’autres responsables, mais chez l’Homme cette fois. Car tout le monde ne pourra pas s’offrir la médicalisation de la vie, principale raison de l’accroissement de la longévité humaine sur la période récente dans les pays dit développés. Alors qui sacrifier ? Les vieux ? Les malades ? Les handicapés ? Vous pouvez espérer ne jamais être handicapé. Je vous le souhaite. Vous pouvez espérer ne jamais être malade. Je vous le souhaite aussi, mais ça va être plus difficile. En revanche, vous n’échapperez pas à la vieillesse.
Si l’altruisme envers les écosystèmes naturels n’était finalement que la forme la plus aboutie de l’égoïsme ? »
La Buvette  des Alpages (LBDA) : Dans un communiqué de l'ADDIP de février 2010 («Ours ; stop aux mensonges »), on peut lire: "Sans ces femmes, ces hommes, ces troupeaux, le pays serait un désert envahi de broussailles : enfrichement, ensauvagement, fermeture du milieu, ce paysage accueillant et ouvert aux activités de loisir deviendrait une porte close." (...) "Le choix est pourtant simple : Ensauvagement du massif et populations d'ours réellement viables OU Beauté des paysages humanisés, production alimentaire durable et de qualité, cadre somptueux pour vos loisirs. L'élevage extensif est la clé qui ouvre toutes ces portes, un patrimoine à conserver et continuer... Ce second choix est notre vie et notre engagement, une promesse d'avenir dans le droit fil de toute l'histoire des Pyrénées."
(Source)

" La beauté est subjective. L’éradication d’une espèce, non "

Marc LAFFONT : Pour commencer, il convient de bien distinguer deux choses : les structures de prétendue défense du patrimoine pyrénéen d’un côté, et la grande masse des éleveurs de l’autre.
Les structures de prétendue défense du patrimoine pyrénéen profitent de l’extrême désarroi dans lequel se trouve le monde de l’élevage en général, et l’élevage ovin viande en particulier, pour les mobiliser contre des boucs émissaires confortables (l’ours, le vautour) et présentés comme défendus exclusivement par des intervenants extérieurs à leur monde : les écolos des villes, les technocrates.
Et ça fonctionne bien auprès des éleveurs, dont la valeur économique de la production est souvent inférieure aux subventions reçues, et qui voient dans cette « politique » un moyen de pérenniser leur activité quelques années supplémentaires.
En plus, la presse locale, dont l’acheteur type est un homme plutôt âgé et pas spécialement soucieux de biodiversité, adore ça. Les politiques locaux, qui ont sensiblement le même profil, s’en emparent également.
A ce sujet, il est faux de dire que le pouvoir politique se range toujours du côté des plus nombreux.  Sauf exception, il se range généralement du côté de celui qui détient le pouvoir de nuisance, ce qui est fort différent.
Mais cette mayonnaise ne prend que parce que le désespoir est mobilisateur. Et non parce que les propos tenus seraient visionnaires et porteurs d’avenir : il n’y a qu’à observer la moyenne d’âge des principaux animateurs de la mouvance anti ours pour comprendre que, dans ce business comme dans beaucoup d’autres, la notion de « développement durable » n’excède pas quelques années.
Et après moi…
Mais revenons au sujet : « Le choix est pourtant simple », dixit l’ADDIP. L’alternative offerte est plutôt simpliste : « subventionnez moi à outrance et sans contrepartie, sinon ce sera le chaos ! » En langage IPHB : « Le contrat plutôt que la contrainte ». L’ensauvagement ou la beauté. Comme si ces 2 caractéristiques étaient nécessairement exclusives l’une de l’autre. La réalité est beaucoup plus subtile que l’ADDIP. La beauté est subjective. L’éradication d’une espèce, non.
L’ensauvagement est davantage un chiffon rouge agité qu’une réelle préoccupation concrète de leur part. Le significatif accroissement de la pratique pastorale au cours des 4 dernières décennies n’a finalement pas empêché le regain de la forêt, et donc la fermeture des milieux. La forêt pyrénéenne occupe aujourd’hui le double de la surface qui était la sienne il y a un siècle. La démographie ariégeoise a fait exactement l’inverse…
Pour maintenir les milieux ouverts, les seuls troupeaux ovins n’y suffisent pas, a fortiori s’ils sont laissés en pacage libre par absence de gardiennage.
Le recours au terme « ensauvagement » est bien plus motivé par la peur plus ou moins consciente que ce mot est censé réveiller chez le citoyen, plutôt que par le souci de s’y opposer. L’ADDIP incarne assez bien cet anti environnementalisme viscéral, qui estime que toute création humaine est nécessairement supérieure à la fraction de nature qu’elle va supplanter.
Utiliser les crédits publics pour préserver ces fabrications, même lorsqu’elles ne génèrent plus un revenu décent, voire plus de revenu du tout, coule donc de source. Par contre, mobiliser des subsides, même modestes, pour préserver ou restaurer quelques fragments de sauvage, mais monsieur vous n’y pensez pas, quel gâchis.
Que l’élevage extensif représente un patrimoine à préserver est quelque chose de très juste, bien que les méthodes actuelles n’aient plus grand chose à voir avec la tradition séculaire telle qu’elle est idéalisée. Mais cette patrimonialisation ne constitue pas un droit d’extermination à l’encontre des espèces autochtones susceptibles de présenter des inconvénients, fussent-ils minimes.

" Anthropocentrisme et humilité : la barre est placée haut "

LBDA : Un institut agricole des Pyrénées a écrit sur sa carte de vœux 2002 le texte suivant : "La beauté des montagnes est autant le résultat de la tectonique, de la faune et de la flore, que du travail séculaire des hommes. Une montagne sans paysans n'est plus qu'une friche hirsute, un jardin à l'abandon, un squelette décharné, sans âme, sans passé ni avenir". (Voir la réaction de Jean-Claude Génot)

Marc LAFFONT : La formulation est révélatrice de la manière de « penser » : quelques siècles d’activité humaine (« le travail séculaire ») sont placés au même niveau d’importance que 300 millions d’années de tectonique des plaques et l’impact de la faune et flore sauvage depuis la dernière glaciation cumulés ! Au niveau anthropocentrisme, la barre est placée haut. Niveau humilité aussi. La plupart des « friches hirsutes » sont bien plus vivantes que nombre de zones cultivées.
« Une montagne sans paysans n'est plus qu'un jardin à l'abandon ». La montagne, ce ne serait-donc que cela, un jardin ? Qu’il est nécessaire de mettre en valeur intégralement, et d’où l’on chasserait tout ce qui ne travaille pas pour le paysan : triste vision !

" Masquer les difficultés économiques "
LBDA : Le monde pastoral encense l’efficacité du pastoralisme pour maintenir les milieux ouverts, même dans le cas de troupeaux sans berger ; abandonnés à eux-mêmes, et dénonce les abandons d’estives qui seraient causées par le désespoir d’éleveurs confrontés à des difficultés économiques et aux grands prédateurs. Pour eux, la cohabitation est impossible.

Marc LAFFONT : Pour ce qui est des difficultés économiques, ce point est incontestable : le « rééquilibrage » des aides (et surtout des revenus) appliqué depuis 2010 a porté le degré de dépendance à la subvention à un niveau jamais atteint en ce qui concerne l’élevage ovin-viande, et probablement sans équivalent dans le monde agricole.
L’agneau devenant de plus en plus un sous-produit de l’élevage de subventions, l’intérêt d’efforts au niveau zootechnique devient marginal : il est bien évident qu’aucun progrès dans la performance de l’élevage ne pourra jamais rapporter autant que ce qui a été rajouté par ce transfert de subventions des céréaliers (pour simplifier) vers certaines formes d’élevage.
D’un point de vue communication, il est également bien plus efficace de masquer la situation économique (ou de l’imputer aux grands prédateurs) et de fustiger « l’irresponsabilité  des écolos » qui auront sur la conscience la disparition de l’élevage, pour avoir préféré le fauve au bon sens paysan. Et ce, même si le destin de l’élevage n’est nullement lié à une progression ou régression des grands prédateurs. On est même en droit de penser que la médiatisation dont ils font l’objet est au contraire un pourvoyeur indirect d’aides supplémentaires.
Et peu importe si le plantigrade pourrait être pourvoyeur de développement, comme dans les Abruzzes ou la cordillère Cantabrique : le but recherché n’est pas spécialement le développement local futur, mais la pérennisation d’une pompe à subventions au bénéfice exclusif de certaines activités en mal de rentabilité. Nuance importante.

" Peut-on consacrer des subventions à ces entreprises déficitaires, je veux dire éternellement..."
LBDA : Lors du récent colloque « "Les réintroductions. Un atout pour restaurer les écosytèmes ?" qui s’est tenu à Lyon, Stephan Carbonnaux s’est prononcé "Pour un rewilding à la pyrénéenne !" Qu’en est-il de la faisabilité de la « mise en service » d’espèces de grands herbivores, des plus « sauvages » (bisons et tarpans) aux plus « domestiques » (chevaux Merens ou vaches bétizu par exemple) ?

Marc LAFFONT : N’ayant pas assisté au colloque, je me garderais bien de critiquer l’intervention de Stéphan Carbonnaux, dont je ne partage pas forcément toutes les orientations, mais dont les idées ont le grand mérite de positionner la réflexion à un tout autre niveau que celui des prétendus « acteurs ruraux ».
Je suis dubitatif sur la faisabilité du retour des grands herbivores en montagne, notamment le bison. Pourtant, il est incontestable que leur absence, depuis longtemps, a eu un impact incalculable sur l’évolution des écosystèmes. Le retour du cheval sauvage à basse et moyenne altitude, et surtout, du bouquetin ibérique, sont cependant des pistes qu’il convient d’explorer dans les Pyrénées, en alternative peu coûteuse aux animaux domestiques.
Le bétail domestique, qui s’est substitué aux herbivores sauvages, a permis en montagne des compensations, plus ou moins bonnes en fonction de sa conduite. Mais son maintien ne tient finalement pas à grand chose, et nul ne sait pour combien de temps. Après avoir été portée à bout de bras et de moyens publics, la sidérurgie a largement été abandonnée, lorsque le coût de son maintien a finalement été jugé démesuré au regard du résultat obtenu. L’actualité nous le rappelle d’ailleurs à nouveau.
Je vous invite à lire ou relire la conférence de presse tenue par François Mitterrand, le 4 avril 1984. Extrait :

« Puisque les choses sont ainsi et que, finalement, il m'est échu d'arbitrer entre des propositions également difficiles, je vous pose cette question : peut-on consacrer des subventions à des entreprises déficitaires, et dans de telles proportions - plus de 60 milliards, 17 milliards, 27 milliards ... faites l'addition ... en dix-huit ans - pour la même industrie, concentrées dans les mêmes régions, tandis que les difficultés de l'emploi existent partout en France et qu'une région comme le Languedoc-Roussillon, dont on parle trop peu, dispose, aujourd'hui d'un pourcentage de suppressions d'emplois supérieur à la Lorraine ?
Peut-on consacrer des subventions à ces entreprises déficitaires, je veux dire éternellement, ou doit-on plutôt consacrer ces crédits, et d'autres encore, à des technologies d'avenir, y compris, bien entendu, dans la sidérurgie ? »

Une tradition n’est jamais qu’une innovation qui a duré plus longtemps que les autres. Dans la plupart des cas, elle finit quand même par être supplantée par une innovation mieux adaptée. Laquelle deviendra, ou pas, une tradition, suivant qu’elle restera, transitoirement ou durablement, adaptée aux évolutions à venir.

" Une espèce qui compte 65 millions d’individus sur 550 000 km² me semble fort mal placée pour estimer que 200 loups répartis sur une quinzaine de départements ont d’ores et déjà atteints le seuil de surpopulation… "
LBDA : Les grands prédateurs, ours et loups survivent à l’Etat sauvage, malgré les hivers rudes.

Marc LAFFONT : La disponibilité de nourriture régule les prédateurs, notamment les plus grands. C’est pour cela qu’ils ne peuvent porter atteinte aux espèces proies sans en payer le prix fort, en particulier l’hiver suivant. Cela est parfaitement admis par les chasseurs… en Europe Centrale. Evidemment, au pays où on a inventé l’absurde concept d’espèces nuisibles, on reste persuadé que la sauvegarde du grand tétras (et surtout, le maintien de sa chasse de loisir) passe par le piégeage de la martre.
Bien sûr, la faim fait sortir le loup du bois et, au même titre que le travail du renard consiste en partie à vérifier si le poulailler est bien fermé, celui du loup consiste aussi à surveiller si le bétail est accessible à moindre dépense énergétique.
Je ne suis pas contre le principe d’une certaine régulation du loup. Très localement et sous condition de densité devenue ponctuellement problématique. Mais une espèce qui compte 65 millions d’individus sur 550 000 km² me semble fort mal placée pour estimer que 200 loups répartis sur une quinzaine de départements ont d’ores et déjà atteints le seuil de surpopulation…

" Opposer une « bonne » biodiversité à une « mauvaise est à peu près aussi intelligent que de hiérarchiser les civilisations."

LBDA : là se situe la différence entre deux types de rapports homme/nature que l’on retrouve aussi dans les associations environnementales. « La vision biocentrique qui sépare l’humain de la nature, reconnaît une valeur sacrée à la vie (2)» et donc refuse le principe même des tirs de loups et « la vision écocentrique qui fait de la nature un tout dans lequel l’humain est un élément parmi les autres.(1) » et accepte une quantité limitée de tirs de loups dans certaines conditions trop défavorables aux éleveurs.
Ces deux visions s’opposent entre-elles mais s’opposent ensemble à la vision anthropocentrique qui sépare l’humain de la nature, en fait le maître incontesté (qui domine la nature et l’exploite) ou le gardien (3). Vision dominante dans l’agriculture, la chasse, le secteur minier ou pétrolier.
Les associations pastorales opposent une biodiversité « écologiste » responsable de « l’ensauvagement  des territoires » de la fermeture des milieux et une « biodiversité à visage humain », domestique, figeant de « beaux paysages » accueillants, humanisés. Mais les paysages ne sont pas figés. Ils évoluent au rythme de la reprise ou de la déprise agricole, de la pression sur le foncier, du retour à la terre des néo-ruraux...
Marc LAFFONT : Je dirais que, fondamentalement, les tenants de la « biodiversité à visage humain » se fichent pas mal, pour rester poli, de savoir si les milieux « ouverts » sont plus favorables à la biodiversité que les milieux où la strate arbustive et arborée se développe.
L’élevage de montagne souffre d’un fort déficit de rentabilité. Il faut donc trouver des arguments autres que basés sur la notion de production pour justifier des soutiens supplémentaires, dont la source pourrait se tarir faute de rentabilité (cf. sidérurgie). L’ouverture des milieux est une résultante de l’activité d’élevage. Elle s’accompagne du remplacement de la biocénose inféodée aux milieux naturellement plus ou moins couverts en fonction de l’altitude, par celle davantage compatible avec les milieux pâturés. La biodiversité est devenue un argument de communication, utilisons ce concept à notre profit.
Il suffit de décréter que cette biodiversité des milieux ouverts a davantage de valeur que celle induite par la non exploitation agricole pour se transformer en écologiste réaliste. Par opposition aux écologistes intégristes, qui signent leur intégrisme par leur volonté de faire une place à la faune (et flore) sauvage. La « mauvaise » biodiversité.
Opposer la « bonne » biodiversité, celle qui s’installe dans les milieux artificiellement ouverts, conséquence de la domestication, à la « mauvaise », celles des milieux « ensauvagés » c’est à peu près aussi intelligent que de hiérarchiser les civilisations....

En donnant, évidemment, la primauté à celle dont on est l’héritier. Et sans d’ailleurs imaginer qu’une inversion dans la détention du pouvoir se traduirait immanquablement par la conclusion opposée, à argumentaire équivalent.
Dans les deux cas (hiérarchie des civilisations ou des biodiversités), les objectifs poursuivis sont très éloignés de ce qui est affiché officiellement.
Ce qui est par contre incontestable, c’est qu’il existe des espèces autochtones en Europe (présentes depuis la dernière glaciation) et des espèces allochtones (arrivées plus tard, généralement par action humaine).
L’éradication d’une espèce autochtone ne pourra jamais être justifiée par les éventuels bienfaits que cela induirait pour une espèce allochtone. Je rappelle, pour mémoire, que le mouton est issu de la domestication du mouflon en Asie Mineure. Ce dernier n’appartenant pas à la faune autochtone d’Europe de l’Ouest, le mouton ne saurait en être le continuateur domestique indispensable à l’équilibre des écosystèmes.
On peut parfaitement accorder des qualités esthétiques, patrimoniales ou autres à ce qui est le résultat, en gros, d’un millénaire de pression pastorale (l’impact antérieur étant limité) et juger pertinent de préserver cela. Mais l’écosystème montagnard s’est longtemps passé de brebis. Peut être qu’un jour leur présence y redeviendra marginale, sans que pour autant la présence humaine n’y soit compromise, et sans que la montagne ne s’en émeuve outre mesure.
Toutes les espèces que certains prétendent préserver à grand coût de mouton étaient là bien avant lui.

" Un syllogisme crétin "

LBDA : Et quand la pression de pâturage n’est pas guidée, laissant la place à un souspâturage des zones moins appétentes et à un surpâturage des zones préférées des brebis ?
Marc LAFFONT : La notion de sous pâturage m’a toujours interloqué. Car le terme porte en lui-même le sous entendu comme quoi la montagne a « vocation à être pâturée par des animaux domestiques ». La normalité, ce serait donc le pâturage (domestique). Et l’anormalité, son insuffisance, ou pire, son absence. Sur ce raisonnement, la présence humaine dépendant alors essentiellement de cette activité, elle serait remise en cause en cas de régression.
C’est un peu comme si on estimait qu’une zone touchée par le chômage le serait au prétexte qu’elle serait sous polluée. En effet, l’activité crée immanquablement de la pollution. L’emploi est donc le corollaire incontournable de la pollution (et réciproquement).
Vite, polluons les zones à fort taux de chômage et les emplois suivront ! Le syllogisme est crétin, mais ceux qui affirment que « sans les troupeaux, le pays serait un désert envahi de broussailles, un jardin à l'abandon, un squelette décharné, sans âme, sans passé ni avenir » s’inscrivent dans la même « logique »…
Le surpâturage, en revanche, est une réalité. Notamment lorsque la charge animale sur un territoire donné ne parvient plus à atteindre les objectifs esthétiques précités, et que la flore et la faune prétendument favorisées par la pratique, n’en tirent aucun bénéfice, au contraire. Sans même parler des espèces jugées indésirables (ou inadaptées) et localement éliminées depuis longtemps.
Marc LAFFONT
Les intertitres sont de la Buvette des Alpages.


Notes de bas de pages

(1) Lire : Ensauvagement, cohabitation, signes prémonitoires du déclin montagnard ou révélation de nouvelles valeurs sociétales ?)
(2)   Nicole Huybens, 2010, p83.
(3)   Beauchamp, 1993, p61 « Il s’agit de passer d’une conception despotique (dominer, écraser, réduire, manipuler, se prendre pour Dieu en insistant sur la vilence et le pouvoir) à une conception de la gérance (collaborer, améliorer, comprendre, partager, ressembler çà Dieu créateur et gérer sous sa conduite comme un intendant serviable et responsable »

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