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Campagne Zéro

Publié le 16 mars 2012 par Vogelsong @Vogelsong

“C’est notre meilleur allié contre Hollande. Il faut qu’il grappille le maximum de points. S’il monte encore, on lui fera une statue” Un ministre du gouvernement à propos de J. L. Melenchon (Le Parisien)

La campagne présidentielle 2012 s’annonce comme un bide politique. Politique au sens du débat d’idées, de la confrontation, de l’esquisse de solutions. Dans un monde qui n’en a surement jamais autant eu besoin. Crise économique, défaillance systémique, dévastation sociale, perte de perspectives (mais aussi retour aux nationalismes réactionnaires) sont la toile de fond du rendez-vous politique de 2012. En écho, tout ce qui est proposé se cantonne à des débats sporadiques. Relevant souvent de l’anathème politique comme la polémique sur la viande halal, la tragicomédie des propos de C. Guéant sur les civilisations ou les péripéties de N. Morano. De plus, et faute de mieux, la vacuité s’impose comme étalon, l’observation scientifique des courbes d’opinions s’impose comme un thème principal.

Campagne ZéroOn peut y trouver motif de curiosité faute de réjouissance. Une campagne inintéressante peut finalement avoir de l’intérêt pour ce qu’elle ne fait pas, ne dit pas, s’oblige à taire. Elle parle tout aussi bien de son époque qu’une campagne où tout serait sur la table. Pour changer le monde. Or ici, là, et aujourd’hui, on le sait, on le dit, rien ne changera.

Et chacun en a conscience.

On se plait à se lamenter du caractère ennuyeux. De cette tournure violente, réactionnaire qu’ont pris les débats de cette présidentielle. Editorialistes en tête, qui vocifèrent sur le manque de souffle de la brochette de nominés en lice pour le poste suprême. Toute la subtilité de la situation tient à ce que chaque proposition soit frappée du sceau de l’impossibilité. Une impossibilité systémique car comme il est rabâché, la puissance publique ne dispose plus des moyens de financer son action. C’est ce que répète sur toutes les longueurs J. M. Aphatie, pour ne citer que lui. Qui dans le même temps, se fend d’éditos longs comme un bras pour pointer les contradictions du discours politique de tel ou tel. Si la campagne est d’une rare pauvreté, c’est parce qu’elle s’est minéralisée dans le concept du zéro budget.

Un zéro budget dont les politiques de tous bords respectent scrupuleusement le précepte. Il n’est pas un discours de F. Hollande, candidat de la gauche, où il ne martèle après chaque proposition, aussi infime soit-elle, qu’il faudra faire des efforts budgétaires. Entendre que les admonestations de J. M. Aphatie et ses clones ont bien été intégrées.

Et si F. Lenglet étrenne son statut de star médiatique, idole journalistique du moment, c’est bien parce qu’il se fond parfaitement dans le moule du zéro budget. Il incarne totalement la rigueur éditocratique dans la version scientifique du débat politique. Graphiques et crobars à l’appui.

Alors on feint de s’étonner du caractère lapidaire et violent des débats publics. On regarde un peu consterné la prévalence du gestionnaire sur le politique. On s’enquiert de la désaffection du citoyen à la chose publique. Alors que dans le même temps tout est mis en œuvre pour évaluer au centime près chaque sous-proposition de chaque programme. Sachant qu’au bout du bout, rien ne sera possible. Et pas grand-chose ne sera fait.

La campagne 2012, outre ses polémiques verbales idiotes, s’avère d’une rare stérilité. Elle est peut-être la photographie d’une époque, où le renoncement est devenu la valeur collective ?

Vogelsong – 15 mars 2012 – Paris


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