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[Interview] Good Night Junkee : « on est un peu les fachistes de la compo »

Publié le 20 mars 2012 par Nowplaying

crédit : TV Prodution

Ça sonne furieusement anglais mais les trois compères de Good Night Junkee sont bel et bien français. Et plus précisément, bordelais et parisiens. Souleiman Bacar (batteur), Thomas Courtine (chant, guitare) et Grégoire Cagnat (basse) nous délivrent un rock puissant et sans prétention, qui n’est pas sans rappeler les fameux british d’Arctic Monkeys. Oui, rien que ça. Autoproduit de A à Z, Of The Weak But Dangerous Numbers You Can’t Dial est le premier EP du groupe, paru le 8 février dernier (en écoute ici). Et pour une première galette, on peut dire que c’est du bon. Ils seront en demi-finale du tremplin Emergenza le 25 mars prochain à l’Alhambra pour défendre leurs titres. Avant ce concert attendu, ils ont accepté de répondre à nos questions. Rencontre.

Parlez moi de vous. Comment vous êtes vous rencontrés ?

Thomas : par internet. J’ai rencontré Greg… attends… en octobre/novembre 2004. J’étais dans un groupe où on n’avait pas de bassiste. On a posté une annonce sur internet et Greg a répondu, ça a marché, il a intégré le groupe. Du coup, on a joué ensemble . Après j’ai quitté le groupe pour aller étudier à Saint-Etienne. Greg a continué de jouer avec le groupe pendant un petit moment. Et Souleiman, c’est pareil, on s’est aussi rencontré sur Internet. Souleiman venait d’arriver à Paris et moi je venais de rentrer de Saint-Etienne.

Et quel est votre parcours musical ?

Grégoire : moi j’ai fait du piano, de la guitare sèche, de la batterie, de la basse. J’ai aussi fait du solfège pendant quelques temps. Et j’ai repris la basse parce que j’étais vraiment attiré par cet instru. J’ai donc un passé chargé mais que j’ai complétement zappé ! Je ne sais pas différencier un la d’un do, bref (rire).

Souleiman : moi j’ai commencé par les percus avec un peu de batterie, mais aussi des claviers comme le marimba, le xylophone. J’ai commencé à 9 ans un truc comme ça. Au fil des années, j’ai passé des exams à l’école de solfège. Je voulais toucher à d’autres percussions pour pouvoir tester. Je suis allé 3 ans au conservatoire de Bordeaux. Ça m’a saoulé. J’avais plutôt tendance à sécher les cours de solfège avant et, en fait, au conservatoire, t’es obligé de tout suivre vu que tu passes des exams. Du coup, je suis retourné dans une école ciblée batterie. Ça faisait déjà 3 ou 4 ans que je faisais de la batterie. En fait, j’ai commencé, mes parents m’avaient inscrit à un cours d’initiation à la musique et j’ai tout de suite accroché aux percus. C’est marrant parce qu’à table avec mes grands parents, dès qu’il y avait un verre ou autre, je tapais partout ! (rires) Je sais pas si c’est cette attirance de toujours vouloir trouver un rythme avec les objets qui m’a fait me tourner vers les percus ou si c’est l’inverse tu vois? Mais bon ça m’a passé, je sais qu’en société ça ne se fait pas !

Thomas : moi j’ai jamais suivi de cours. J’ai dû faire un mois de solfège. En fait, j’ai commencé la guitare à 14 ans. Mon beau-père avait des guitares et donc il m’apprenait deux, trois trucs. Et donc à mon anniversaire, il m’en a offert une. J’ai dû avoir peut être trois cours pour poser les bases.

Donc, vous vous rencontrez et vous décidez de former les Good Night Junkee. Pourquoi ce nom de groupe d’ailleurs ?

Grégoire pointe du doigt Souleiman qui se met à rigoler.

Souleiman : on était en plein brainstorming, ça faisait quelques mois qu’on répétait ensemble et fallait qu’on trouve un nom. Euh… on a fait plusieurs associations de mots.

Grégoire : malheureuses parfois !

Thomas : du genre Popcorn Life.

Ah ! En effet, on a vu mieux.

Grégoire : là on s’est dit : “excusez moi, faudra peut-être s’occuper de la comm’!”

Souleiman : ouais, donc des trucs hasardeux. Au final, on a réfléchi à plusieurs trucs comme Night Junkee je crois?

Thomas : ouais en fait, à une répète, on est arrivé à Junkee et on s’est mit d’accord avec Junkee. On trouvait pas le reste. Et Souleiman a fini par balancer GNJ par texto.

Grégoire : avec une très belle faute à Junkee.

Souleiman : c’est vrai, c’était pas voulu au départ?

Thomas : non ! on est persuadé que tu t’es juste planté ! (rires) Du coup on a gardé ça. On n’a pas de message, il n’y a pas d’histoire derrière.

Votre musique sonne assez à la Arctic Monkeys. Est ce le groupe qui vous a influencé le plus ou vous avez d’autres artistes en tête ?

Thomas : c’est vraiment le socle commun, les Arctic. C’est l’influence qu’on a tous les trois. On a des groupes en commun, par contre les coups de cœur qu’on a, c’est pas les mêmes.

Souleiman : pour ma part, j’ai quand même un panel de musique assez large. J’aime bien tout ce qui est jazz et tout mais après pour notre son, ces influences sont en background, ça ne s’entend pas vraiment dans ce qu’on fait. Après, le fait de faire de la batterie en conservatoire m’a ouvert à pas mal de genres et je pense inconsciemment que ça ressort dans ma manière de jouer.

Grégoire : aussi, c’est vrai qu’on réfléchit pas vraiment aux influences qu’on peut avoir. On compose, c’est tout.

Mais c’est vrai que vous avez un son très anglais quand même.

Thomas : oui. En plus, j’ai appris l’anglais très jeune et j’ai développé un accent anglais. J’ai beaucoup aimé l’émergence de ces groupes dans les années 2000 où ils assumaient leur accent anglais. Pas comme avant où tu les entends parler et c’est dégueulasse, ils viennent de Liverpool et… (les Beatles en arrière fond, il sourit en l’entendant). Voilà ! Les Beatles, on pouvait croire que c’était un groupe américain. Alors que non. Bref, du coup, Alex Turnner (chanteur des Arctic Monkeys) est un parfait exemple de ce coté anglais et j’aime beaucoup ça.

[Interview] Good Night Junkee : « on est un peu les fachistes de la compo »

crédit : TV Prodution

Et comment s’est passée la réalisation de votre EP ?

Grégoire : en fait le studio où on a enregistré, La Cabane, appartient à Stéphane Jégo, chanteur des Marilouiz et pote des Têtes Raides.

Thomas : c’est un vieux loup de mer, un briscard du rock.

Grégoire : il nous a proposé un prix intéressant. Il nous a fait tester pas mal de trucs, des instrus.

Thomas : un mec très compétent, pas facile à gérer, mais il connaît très bien son matos. Une mine ce type.

Grégoire : et il te permet aussi d’être mis en face de tes compos. Après , il a ses choix mais c’est très enrichissant. Voilà. Donc, on a fait l’EP en 2 nuits 2 jours, c’est ça les gars? Après on a galéré pour trouver un ingé son.

Thomas : d’ailleurs c’est pas en 2 nuits 2 jours. On avait prit un weekend et le samedi soir on avait un concert.

Souleiman : ouais, on a déconné la dessus. On aurait pu se reposer le soir pour être plus frais le lendemain et au final on était crevés. Mais c’était cool en même temps ce concert dans un squat dans le 18 ème.

Grégoire :donc après, on a réussi à trouver un ingé son après pas mal de propositions infructueuses : soit trop cher ou ça trainait. Une fille qu’on a contacté a appelé un mec qu’elle connaissait de Paris et c’est lui qui l’a fait. Ça s’est très bien passé : un mec très efficace, pro, sympa. Bonne rencontre.

Souleiman : c’était une belle expérience vraiment. En plus, on était novices donc on est arrivés en studio en se disant qu’on allait voir.

Grégoire : après on nous a conseillé un studio de mastering dans le 18ème. Et pareil, super bien passé. Nous ça nous a rassurés parce qu’on connaissait pas trop cet univers. C’est une boite qui fait essentiellement dans la house, ils ont fait quelques titres de David Guetta et tout. Mais c’est vrai que les mecs étaient contents de faire du rock parce que ce n’est pas leur cible de base.

Comment marche le travail de composition ? Est ce qu’il y a une personne pour les arrangements, les textes ou tout est fait en collectif ?

Souleiman : alors, quand on a commencé à répéter ensemble, c’est Thomas qui a amené ses compos. On a bossé du coup sur ça, on a essayé d’adapter. Dans le lot il y a « Bloodymary ». C’est une des rares qui soit restée parce qu’on a vraiment développé notre patte par la suite.

Thomas : il y a une compo que Soulei a écrite, Greg a fait un texte mais on a pas encore bossé dessus.

Souleiman : sinon on développe le truc ensemble. Après, je crois qu’il n’y a aucune compo où on n’avait rien en arrivant en répèt. Il y avait tout le temps un riff.

Thomas : pour « Strumble » ça a été dur. En fait, on essayait de trouver une suite à un riff et on a forcé dessus et Greg a trouvé un truc super. On a essayé de coller les deux mais ça marchait pas. Cinq minutes avant la fin de la répèt, j’ai trouvé un autre truc qui était cool aussi mais qui collait pas non plus. Et après en réfléchissant, on s’est dit que ces deux dernières parties qui étaient bien on pouvait les coller ensemble en fait. Voilà. En fait, il y a souvent quelque chose qui vient de Greg et moi parce qu’on a des instruments mélodiques. C’est forcément plus concret en terme de mélodies. Mais il y a une chanson à la base c’est Souleiman qui l’a trouvée.

Souleiman : d’ailleurs cette chanson partait d’une des chansons que l’on avait jouée tous les trois au début dans le panel de Thomas. On l’a mise au placard pendant un moment du jour au lendemain. Elle n’avançait pas il y avait un truc qui marchait pas dessus.

Des fois, ça aide de laisser reposer.

Souleiman : Ouais exactement ! Et là il y a quelques semaines, on l’a ressortie parce qu’il fallait trouver le truc qui allait avec et on l’a enregistrée.

Grégoire : après quand on aime pas, ou qu’on sent que ça passe pas, on jette tout simplement. On est un peu les fachistes de la compo.

Souleiman : en fait, quand on arrive à sortir un morceau, on est contents. On sait que l’on va le jouer.

Le 25 mars vous participez à la demi finale du tremplin Emergenza à l’Alhambra ? Comment vous vous sentez ? Nerveux ?

Thomas : oui.

Souleiman : je ne sais pas… mais en tout cas, l’Alhambra c’est quand même une putain de salle et j’ai envie d’en profiter à mort parce que je pense que l’on jouera pas de sitôt dans cette salle.

Grégoire : il va y avoir du monde en plus donc ça va être bien.

Thomas : moi je mets de l’enjeu donc ça me pourrit un peu. Ça me foutrait un coup que l’on passe pas. Bon, je m’en remettrai rapidement mais voilà. Je serai hyper tendu. Et en général, ça me sert bien quand je suis comme ça.

Grégoire : tu pourras vomir avant !

Souleiman : ouais ! Moi après je me dis que c’est peut être notre dernier concert Emergenza donc faut que ça soit un beau concert. C’est un set qu’on va vitaminer à mort.

Sinon, vos écoutes du moment ?

Thomas : Baxter Dury, Wu Lyf. On est allé au concert de Wu Lyf avec Greg, c’était juste trop bien.

Grégoire : c’était la messe. Le mec dégage une putain d’aura.

Thomas : J’ai découvert Timber Timbre récemment.

Le premier album est assez magique.

Thomas : oh oui. J’adore l’album Creep On Creep In On.

Grégoire : ben moi, Wu Lyf du coup aussi. J’ai aussi découvert Future Islands. Sinon, hier, j’étais au concert de Déportivo. Nul à chier ! le chanteur était complètement torché, il arrivait pas à jouer. Après, j’écoute pas mal de rap en ce moment.

Souleiman : moi il y a Metronomy là (il porte le t-shirt du groupe). Je suis allé à leur concert, c’était juste géant ! Sinon, il y a des bons trucs qui arrivent aussi. J’ai écouté le dernier The Temper Trap là.

Le dernier The Shins qui arrive est terrible.

Souleiman : ils en sortent encore un nouveau ? Oh c’est cool ! J’attends la prochaine galette des Last Shaddow Puppets aussi. La claque que j’avais pris avec le premier album. Et les Arctic Monkeys bien sûr !

Propos recueillis par Sarah E.

En concert à l’Alhambra le 25 mars 2012.

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