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Quand Sarkozy a peur.

Publié le 20 mars 2012 par Juan
Quand Sarkozy a peur. Nicolas Sarkozy avait livré à Lyon un drôle de discours. Il s'était auto-proclamé candidat du peuple, pour faire oublier son dîner du Fouquet's. Ces derniers jours, il ajoutait qu'il parlait au nom de la majorité silencieuse. Vraiment ? Il mentait fort.
Les sondages, même à l'IFOP, n'étaient pas si réjouissants que cela, déjà à nouveau en baisse. Il fallait donc surjouer. Et faute de bilan, l'attaque devait être violente pour faire peur.
Dimanche, pourtant, le peuple de gauche n'était nullement impressionné. Cinq autres sondages désavouaient les errements ifopiens, et un autre mega-meeting, celui de Jean-Luc Melenchon, avait fait oublier Villepinte.
Lyon, la fin ?
Samedi dernier, le candidat des Riches s'est donc jeté dans l'outrance contre François Hollande. Quiconque savait lire savait qu'il disait faux. Mais le ton restait plus que véhément: « ».  Et d'ajouter: "Dans une campagne présidentielle, on ne peut pas mentir. » Sans rire ?
1. Le candidat sortant, qui n'avait toujours pas publié son programme, osa déclarer: « On ne peut pas indéfiniment ne parler de rien, ne s'engager sur rien, fuir le débat, maquiller les enjeux. » A Lyon, ses communicants promirent de dévoiler le programme du candidat sortant dans la semaine.
2. Sarkozy mentit sur la proposition Hollande sur le quotient familial (abaisser de 2.300 à 2.000 euros par enfant le bénéfice fiscal maximum), il lui suffisait pourtant de lire le programme du candidat socialiste. « On ne respecte pas les Français quand un jour un dit qu on va supprimer le quotient familial, le lendemain qu'on va le modifier, et le surlendemain qu'au fond, on n'a pas changé d'avis »
3. Sarkozy mentit sur la proposition Hollande en matière de retraites (une retraite à taux plein dès 60 ans pour ceux ayant leur 41 annuités de cotisation) : « Un jour on fait croire que tout le monde va pouvoir partir à la retraite à 60 ans, le lendemain on explique que ce sera possible seulement pour ceux qui ont commencé à travailler jeune, oubliant de dire que c'est déjà le cas pour tous ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans. »
4. Sarkozy était de mauvaise foi quand il tacla l'imposition à 75% au motif qu'elle ne rapporterait pas. Ce n'était pas l'objet de cette annonce. Le candidat socialiste avait prévu environ 200 à 250 millions d'euros de rendements, mais surtout réclamé cette imposition au nom de la justice fiscale.
5. Sur l'estrade, Sarkozy osa instrumentaliser l'euthanasie. Interrogé sur sa position, François Hollande avait répondu qu'il était pour sa légalisation et l'accompagnement par 4 médecins. « On ne respecte pas les Français quand on leur dit un jour qu'on est pour la légalisation de l'euthanasie et le lendemain qu'on est subitement devenu contre ». C'était devenu gênant.
Quelques heures avant son discours de Lyon, Nicolas Sarkozy s'était énervé contre la LICRA, en refusant par écrit et publiquement de venir à une rencontre de la LICRA organise à Nîmes samedi dernier. « Je vous demande (...) de bien vouloir revenir publiquement sur vos propos, blessants autant qu'inexacts, s'agissant de ma supposée proximité idéologique avec la présidente du Front National. Je ne peux donc, au regard de votre déclaration, que retirer mon accord à la proposition que vous m'aviez faite d'être représenté au débat que votre association organise à Nîmes, le 17 mars, avec des porte-parole de candidats à l'élection présidentielle». L'organisation avait critiqué l'attaque de Sarkozy contre l'une de ses 50 propositions (la suppression du mot race de la Constitution), soutenue par François Hollande, Eva Joly, et Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen l'avait qualifié d'absurde, et Sarkozy de ridicule.
Pourquoi s'énerver ainsi ?
La seule certitude du jour était que Sarkozy ne respectait plus François Hollande. Nous attendions le débat entre les deux. Allait-il lui cracher au visage ?
Déstabilisations en cascade
Même à Berlin, Angela Merkel est agacée. Et l'a fait savoir à Nicolas Sarkozy. Les deux sont brouillés, d'après Der Spiegel, relayé par le Figaro (sic!). En cause, une double volte-face de Nicolas Sarkozy. Ce dernier lui aurait fait comprendre qu'il ne souhaitait plus sa présence en meeting pendant la campagne. Puis ses déclarations contre Schengen ont achevé d'énerver la chancelière allemande contre son ancien meilleur allié.
Engagé dans la campagne de 2012, Nicolas Sarkozy voulait aussi oublier les coulisses de celle de 2007. Ses comptes de campagne pour cette élection présidentielle de 2007 ont fait l'objet d'une réquisition judiciaire. Ils vont être épluchés par les juges de Bordeaux qui instruisent l'affaire Bettencourt. Mais ce n'était pas tout. Il y a 4 jours, Marianne2 révélait que la milliardaire avait retiré quelques 4 millions d'euros en liquide juste avant la campagne de 2007.
« L'enquête du juge Jean-Michel Gentil montre qu'un système de compensation très sophistiqué a permis à Liliane Bettencourt de rapatrier quatre millions d'euros en espèce de Suisse durant trois ans. Certaines de ces arrivées d'argent frais se sont déroulées peu avant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.»
Sondages, le retournement ?
Dès dimanche, les nouvelles sondagières n'étaient plus aussi fameuses qu'après le mega-meeting de Villepinte. L'IFOP, cet institut qui avait donné, le premier, Nicolas Sarkozy en tête du premier tour mardi dernier, affichait un nouveau mais mauvais résultat.
Depuis mardi, la cote de Sarkozy au premier tour baissait. « Nicolas Sarkozy ne bénéficie pas de l’éclaircissement de l’offre électorale » expliquait un directeur de l'institut au JDD ce dimanche. Cela n'empêcha pas le JDD de titrer, ce dimanche, sur « Sarkozy en pôle position », et d'expliquer que « Selon le premier sondage après le dépôt des candidatures, Nicolas Sarkozy devance François Hollande d’un demi-point au premier tour. » Le JDD aurait pu noter que depuis le début de semaine, Sarkozy avait perdu de son « avance » au premier tour alors que le paysage politique s'était éclairci. La « mise en scène », comme le nota Nicolas Demorand, le patron de Libé, était exemplaire.
L'IFOP, justement, faisait l'objet d'un réquisitoire sans concession de la part de l'Observatoire des sondages, un site d'informations animé par des chercheurs.
 
Les auteurs critiquent d'abord les titres donnés par l'IFOP à ses propres enquêtes. Ils attaquent aussi la méthode sur-utilisée par l'IFOP ces dernières semaines, qualifiée de fantaisiste: « Question qualité, l’Ifop participe à la course à la baisse en faisant systématiquement des sondages en ligne malgré leur absence de fiabilité. Il est vrai que cette méthode fantaisiste permet de pallier la difficulté toujours plus grande à trouver des sondés. » Ils dénoncent les panels utilisés par l'IFOP (« Dans le cas de l’Ifop, la qualité des panels d’internautes est encore plus faible que pour les autres sondeurs »), le mélange des panels téléphoniques et internet pour plus de rapidité, et l'ultime gadget, « le rolling poll ou sondage permanent ».
« Le 16 mars 2012, le rolling poll de l’Ifop est devenu plus voyant puisqu’il s’agissait d’établir que « Nicolas Sarkozy poursuit la dynamique enclenchée la semaine dernière ». C’est le sens même des push polls que d’agir dans la continuité pour imposer les croyances. »

Peur du vide ?
Il ne restait qu'à un élu UMP de traiter François Hollande d'Hitler pour que la coupe fut pleine. Au QG, on attendait avec inquiétude les prochains micro-sondages. Dimanche soir, à 20 heures, l'équipe de campagne envoyait un email à ses Web-supporteurs: « revivez le grand rassemblement de Villepinte ». Il fallait maintenir le mythe d'une relance assurée. « Ce fut un moment de chaleur humaine et de fraternité, qui se reproduit depuis dans tous les meetings de Nicolas Sarkozy sur notre territoire » expliquaient-ils. L'inquiétude était palpable.
 
Mais dimanche, un autre candidat avait réussi sa démonstration de force. Jean-Luc Mélenchon annonçait 120.000 participants à la place de la Bastille et dans ses environs pour son meeting de campagne. 
 
Une jolie opération qui fit oublier le mega-meeting de Villepinte du faux « candidat du peuple ».
 
Ami sarkozyste, reste avec nous. 


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