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Le cogito de Shankara

Publié le 21 mars 2012 par Joseleroy

On connait en Occident la cogito cartésien. Je peux douter de tout dit Descartes, mais non de la conscience, car "je suis" est une vérité indubitable.

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« Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi qui le pensais fusse quelque chose ; et remarquant que cette vérité, je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. » Discours de la  méthode, Descartes

 "Cette pensée, je pense, donc je suis, est la première et la plus certaine qui se présente à celui qui conduit ses pensées par ordre. » Descartes, Les principes de la philosophie

Dans l'advaita vedanta indien de Shankara (8eme siècle), on trouve également une réflexion très proche.

Nous ne pouvons douter de notre propre Soi.

La grande différence avec Descartes, c'est que pour Shankara, le Soi, la conscience est l'absolu ce qui n'est pas le cas pour le philosophe français. Le Soi (l'atman) est identifié avec Brahman (l'absolu).

Et surtout, pour Shankara cette connaissance conduit à l'éveil.

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« [...] De plus, l'existence du brahman est chose bien connue, du fait qu'il constitue le Soi de tous les êtres. Tous, en effet, ont conscience de l'existence qui est la leur et nul ne pense : « Je ne suis pas. » Si l'existence du Soi n'était pas chose bien connue, tous iraient pensant : « Je ne suis pas. » Or le Soi n'est autre chose que brahman.

-   Mais si, en ce monde, le brahman est bien connu comme ne faisant qu'un avec le Soi, point n'est besoin de chercher encore à le connaître !

-   Si, car les opinions divergent quant à ses caractéristiques. »

 ....

« Le Soi étant ce qu'il est, l'idée de sa réfutation ne peut même pas être envisagée. En effet, il n'y a personne chez qui il soit chose adventice, du fait qu'il est auto-établi et non pas prouvé à l'aide des moyens de connaissance droite. Sans doute met-il lui-même en œuvre la perception et les autres moyens de connaissance lorsqu'il s'agit d'établir l'existence d'objets encore inconnus. Personne n'admettra, en effet, que des choses comme l'espace puissent être connues par elles-mêmes, sans que l'on ait recours à ces moyens. Mais le Soi, en tant que support du déploiement de ces moyens de connaissance, est (en droit) établi avant eux. Et une réalité de ce type ne saurait faire l'objet d'une quelconque réfutation. Une chose adventice peut être réfutée, mais non ce qui constitue la forme propre ou l'essence du « réfutant »... De même, lorsque nous pensons : « Je connais telle réalité présente, j'ai connu telle réalité plus ou moins éloignée dans le passé, je connaîtrai telle réalité plus ou moins éloignée dans l'avenir », à chaque fois l'objet connu est différent, en fonction de la dimension du temps à laquelle il se rattache, mais le sujet connaissant demeure le même car sa nature est éternelle présence. Et c'est pourquoi il ne saurait être détruit, là même où le corps est réduit en cendres. »

Shankara, VIII,  Commentaire aux Brahma-Sutras, trad. Michel Hulin


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