Magazine Culture

Speed connection

Publié le 22 mars 2012 par Hongkongfoufou

Par Hong Kong Fou-Fou

fleshtones.jpg
Comment terminer agréablement la dernière journée de sa 44ème année ? Pourquoi pas en allant voir les Fleshtones à Montpellier, accompagné de deux élégants bipèdes ? C'était ça ou la télé, j'ai choisi sans hésitation de me mettre sur la voie du garage. Direction le "Secret Place", donc, une salle de concert installée dans un hangar dans une zone industrielle. Pas très excitant, certes, mais ça a le mérite d'exister.

Le public est clairsemé (numériquement et d'un point de vue capillaire, aussi : la moyenne d'âge est plutôt élevée). Il y a de tout : des gamins curieux qui s'intéressent à la paléontologie, des vieux qui assument, d'autres qui assument moins et se déguisent en "teenage zombies". On pourrait se croire à l'enregistrement d'une spéciale rock de "La chance aux chansons" de Pascal Sevran.

En première partie, nous écoutons poliment les Grigris, un groupe de petits jeunes en chemises à pois et vestes en velours, qui veulent transformer le "Secret Place" en "Marquee", à grand renfort de reprises de R'n'B plutôt bien exécutées.Puis en deuxième première partie (le trou normand ?), les All Stars City Rockers, un nom un peu pompeux pour des petits jeunes un peu moins jeunes qui eux veulent faire revivre l'année 1979. "Jah War" des Ruts, du Clash et des Specials à gogo, même un morceau des Dead 60s. Pas mal, même si porter sa basse en position basse (hmm, mon prof de français en 6ème me recommandait pourtant d'éviter les répétitions) ne suffit pas pour jouer comme Paul Simonon.

Enfin, enfin, ENFIN, c'est le tour de petits jeunes plus très jeunes, les Fleshtones. Mais plus jeunes que certains jeunes qui mériteraient d'être vieux. Ils étaient dans la salle depuis le début de la soirée, Keith Streng assis sagement sur un tabouret au bar, tout calme et souriant timidement. Il n'aurait pas porté des boots pointues à paillettes, on aurait pu croire qu'il attendait qu'on vienne le chercher pour le reconduire à la pension Michel Dénériaz. Peter Zaremba, habillé comme votre voisin de palier, tapait gentiment dans ses mains à la fin des morceaux de ceux qui ouvraient pour lui. Pourtant, dès qu'ils arrivent sur scène, la métamorphose est totale. Les années n'ont pas eu de prise sur eux, ils ont toujours la fièvre, la rage et tout un tas d'autres maladies. Des derviches tourneurs punks. Ils ont joué au CBGB ou au Palace, ils sont ce soir dans une salle minable devant 150 personnes, mais qu'importe, le plaisir et l'envie sont toujours les mêmes.

On a droit à un concert en grandes pompes, et je ne parle pas de chaussures, puisqu'au milieu d'une chanson, des Grigris grisés sont invités à tenir guitare et basse tandis que Keith part en faire, des pompes, dans le public. Un bel athlète de 57 ans. J'ai presque honte, avec mon mal au dos. Sinon, c'est le show classique, rodé par trente-cinq années de tournées. Zaremba maltraite son Farfisa et souffle dans son harmonica comme si sa vie en dépendait, Ken Fox le bassiste (petit nouveau dans la bande, puisqu'il n'a intégré le groupe qu'en... 1992) et Keith Streng jouent avec leur instrument à la verticale, comme des gitans dans une caravane, le concert commence et se termine à l'extérieur, on a droit à des rappels à la pelle, à la pyramide humaine (voir illustration ci-dessus. N'essayez pas de faire la même chose chez vous sans la présence d'un adulte), etc. Seule la posture bras croisés a semble-t-il disparu. 

La dernière fois que j'avais vu les Fleshtones, c'était au Rockstore à Montpellier. En... 1986. J'étais avec mes copains, on avait l'impression que le monde était à nos pieds, une jolie blonde m'attendait à l'extérieur. 26 ans plus tard, je suis avec mes amis, une jolie brune m'attend à la maison. Plus deux enfants. J'ai 45 ans depuis quelques minutes, mais ce n'est pas si grave.

fleshtones the brooklyn sound solution

Trois suggestions pour rester on the right side of a good thing :

Ecouter le dernier album des Fleshtones, "Brooklyn Sound Solution". C'est le 22ème, quand même.

Lire la biographie forcément passionnante qui vient d'être consacrée au groupe, aux Editions Camion Blanc. 678 pages, ça doit être plutôt complet.

Regarder le documentaire Pardon us for living but the graveyard is full.

http://www.snagfilms.com/films/title/pardon_us_for_living_but_the_graveyard_is_full


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hongkongfoufou 2062 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine