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Cécile Coulon : nouvelle idole des jeunes ?

Par Wtfru @romain_wtfru

Cécile Coulon : nouvelle idole des jeunes ?

EXTRAIT :

« Ce que personne n’a jamais su, ce mystère dont on ne parlait pas le dimanche après le match, autour d’une bière fraîche, cette sensation que les vieilles tentaient de décortiquer le soir, enfouies sous les draps, ce poids, cette horreur planquée derrière chaque phrase, chaque geste, couverte par les capsules de soda, tachée par la moutarde des hot-dogs vendus avant les concerts ; cette peur insupportable, étouffée par les familles, les écoliers, les chauffeurs de bus et les prostituées, ce que personne n’a pu savoir, c’est ce que Thomas avait ressenti quand le flic aux cheveux gras était venu lui passer les bracelets, en serrant si fort son poignet que le sang avait giclé sur la manche de sa chemise. »

AVIS : 

C’est la nouvelle sensation de la scène littérataire française. Cécile Coulon a seulement 21 ans et « Le roi n’a pas sommeil » est déjà son second roman. Alors, on ne vous le cachera pas, la mode, dans les maisons d’édition, est à la présentation de jeunes (voir très jeunes) auteurs brillants ou de quinqua fringuant sortant du premier coup des chefs d’oeuvre (Alexis Jenni entre autres). On pourrait rire de cela, crier au scandale car en vérité les médias et critiques laisseraient passer plus de choses à ces romans. On pourrait, mais seulement jusqu’ici ces jeunes ont de quoi impressionner. 
Et puis, Cécile Coulon a une particularité/qualité : elle vient de Clermont-Ferrand, capitale du monde et de WTFRU
Dans « Le roi n’a pas sommeil », C. Coulon nous plonge dans une Amérique rurale, au milieu d’une famille dont l’histoire est basée sur la peur. Peur d’une violence qui coule dans les veines du père, William, et du fils trop vite devenu orphelin, Thomas. Le roman est construit autour d’une maison, achetée par le père, qui description après description apparaît comme un eldorado, un havre de paix indispensable à la faible stabilité émotionnelle des personnages. Derrière la clôture de la propriété se cache le mal, l’horreur et cette peur si présente dans le travail du père et dans la vie du fils.
Le roman n’est en réalité que le portrait d’un père et d’un fils, et la mère, si touchante, n’est que la spectatrice impuissante de la déchéance des deux êtres qu’elle aimera le plus au monde. 
Le monde extérieur n’est que source de souffrance pour les deux hommes, il n’est là que pour révéler leur bestialité. William, le père, est anéantit par son travail au commissariat qui le transforme peu à peu en homme violent et acariâtre. Thomas, le fils, se perd dans le Blue Budd, bar qui le conduira à commettre l’irréparable. 
Tout au long du roman, on sent à quel point la maison familiale est le radeau auquel chacun leur tour ils tentent de se raccrocher, souvent en vain. 

Cécile Coulon est impressionnante. La sobriété de son style magnifie l’âpreté des jours, communique une sensation de paix et de beauté indomptable, de mélancolie infinie. Ce portrait d’homme est une véritable réussite et l’intégralité du roman ne fait que nous ravir page après page. Cécile Coulon a la manie du détail. Chacun de ses personnages est décrit avec une précision et une clarté ahurissante. 
On sort plus qu’impressionné de ce roman, en se demandant si l’auteur n’était pas en fait une américaine se cachant derrière une fausse identité, une descendante de John Steinbeck tant son style s’en rapproche. Et ceci est loin de nous déplaire. 

 

Cécile Coulon : nouvelle idole des jeunes ?


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