Egos contraires

Le mardi dans son bureau
J'étais nerveux j'avais mal
J'aurai donné mon âme
Ou le peu qu'il en reste
Pour de l'alcool
Ou de la codéine.
Le responsable de département
M'avait demandé ce que
J'envisageais pour l'avenir
"Je ne sais pas
Je suis bien avec l'équipe
Je prends du plaisir à ce boulot"
Il avait débité ses conseils et ses compliments
Disant qu'il croyait en moi
"Tu as la culture du résultat et ça ça me plaît".
Je lui ai répondu
Qu'il fallait toujours
Que je me dépasse
(Ecraser les autres ne m'intéresse pas
Juste pour une fois
Me sentir à la hauteur
Des espérances de ma mère
Sale gosse).
Le mercredi matin
Dans le bureau du médecin
"Je sais que pour vous
Je ne suis qu'un camé
Difficile à croire
Mais je n'ai pas replongé
-Je veux bien croire ce qu'on me dit."
Moi je ne l'ai pas cru
J'ai toujours préféré qu'on me descende
Ça me paraît plus proche
De la réalité.
"Ma nouvelle dope, c'est le travail
Jusqu'à l'épuisement
-Pourquoi pas."
Il s'en foutait
Et moi aussi.
Le samedi tout ça s'évaporait
J'espérais sans le vouloir
Un collègue: "T'as une sale gueule aujourd'hui, ça va?
-Je suis juste épuisé"
Et comme pour
Me montrer le contraire
Du début à la fin du jour
J'ai donné tout ce que j'avais:
Mon temps.
"Deux belles garanties
L'une derrière l'autre
T'es un bon Mike
Comment t'as fait?
-J'ai eu
De la chance
Une fois de plus."
Toujours le même sourire
En n'étant vivant que
Dans les yeux de mes clients
Fin de service
Mon gilet jeté sur l'épaule
Je souhaite un bon dimanche
Aux hôtesses de caisse
Aux responsables
Aux agents de sécurité:
Une fois monté dans le bus
Je n'existais déjà plus.