Peut-être que c’est une idée que je me fais, mais j’ai parfois l’impression d’être l’objet d’une partie de tennis entre la vie et ses complices. Et la balle, c’est moi! Je m’explique.
J’étais en voyage pour affaires. Une amie m’offrit l’hospitalité. Pour l’occasion, elle transforma son bureau, près de l’entrée, en chambre à coucher. Cependant, comme elle rentrait tard tous les soirs, elle craignait de me réveiller en allumant la lumière, car les portes du bureau étaient vitrées.
En hôtesse impeccable, avant de sortir, elle me remit de grands cartons blancs pour couvrir les huit carreaux des deux portes du bureau, ainsi qu’un paquet de gommette bleue pour couvrir les vitres.
Premier soir. Je fais des grosses boulettes avec ladite gommette et j’applique les cartons. Puis, bonne nuit, beaux rêves! Soudain, une éblouissante lumière me réveille. C’est mon amie qui arrive. Évidemment, les cartons gisent innocemment sur le sol. La gommette n’a pas tenu parole!
Deuxième soir. J’étire rageusement l’obstinée en languettes pour les poser, cette fois, par-dessus les cartons. Stratégie totalement débile, car le même éclat lumineux m’extirpe de mon sommeil bienheureux… jusque-là!
Troisième soir. Je maltraite carrément l’objet de mon tourment. Je la divise en multiples petits pois que je colle un à un, à coups de poing sur le contour des carreaux.
Devinez quoi? Eh oui! Même réveil brutal, même cercle infernal!
Mon amie me dit qu’elle installera des rideaux opaques. Ce qui me fit dire adieu à cette tortionnaire dont j’ai plus que ma claque!
Hélas! J’avais oublié sur quel terrain je m’exaltais… La Vie se fit un coquin plaisir de me le rappeler en exécutant un de ces revers spectaculaires. Smash!
L’inconsciente balle que j’étais fila droit vers son waterloo.
Matin du départ. Mes bagages sont prêts. Habillée, coiffée, maquillée, parfumée, rouge-à-lèvrée, il ne reste qu’à attacher ma magnifique ceinture ornée d’une tout aussi magnifique pierre ambrée. Et vlan! Je la vois s’éjecter de ma ceinture et atterrir sur le plancher. Horreur! Et je suis si pressée.
Vite, as-tu de la colle? Non. De la colle chaude? Non. Du ruban adhésif? Non.
Mon amie me regarde d’un air qui me glace sur place. Et je lis sur sa binette : Tout ce que j’ai c’est… de la gommette!
Vous savez quoi? Cette adorable petite chose m’enseigna une leçon grandiose. Que nous sommes tous utiles à notre façon… quand nous reconnaissons à quoi nous servons!
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