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Crépuscule de Michael Cunningham

Par Sylvie

ETATS-UNIS

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Editions Belfond, 2012

Dans son dernier opus, Michael Cunningham, le célèbre auteur des Heures, met en scène un couple new-yorkais à la dérive, dans la lignée de Jay McInerney dans Trente ans et des poussières et La belle vie. 

Et il cite aussi explicitement Scott Fitzgerald, John Cheever, et surtout Thomas Mann et son célébrissime Mort à Venise. Tous ces illustres écrivains, métaphores de la chute et du désespoir. 

Le ton est tout de suite donné avec une intrigue au demeurant très scabreuse : un homme va tomber amoureux de son beau-frère, jeune éphèbe désespéré...

Creusons un petit peu le propos : Peter Harris est un brillant galeriste new-yorkais vivant à Soho. Sa femme, Rebecca, est rédactrice en chef d'un journal littéraire. Bref, la belle vie, la cinquantaine bien conservée, la richesse matérielle....

Sauf que l'image conjointe de la mort et de la vieillesse va venir troubler ce couple parfait...Une collègue de Peter se meurt d'un cancer (scène géniale au MOMA où Peter et sa collègue admirent le célèbre requin conservé dans le formol de Damien Hirst) et surtout, le beau Mizzy, frère de Rebecca, débarque dans le loft du couple. Le frère chéri, le jeune drogué désespéré va jeter à la figure de Peter tout l'éclat de sa jeunesse et surtout sa totale liberté...Face à lui, Peter ne peut que mépriser sa vie ordinaire de petit-bourgeois bien installé. 

A partir de ce moment, Peter ne voit qu'avec plus d'acuité les faux semblants du monde de l'art et se met à rêver d'une passion tragique avec le jeune Mizzy. 

Mais arrivera-t-il justement à jouer ces amants tragiques ? 

Il s'agit finalement plus d'une tragi-comédie ; Cunningham se moque de son personnage et se refuse à en faire un héros. C'est d'ailleurs ce qui évite à cette intrigue scabreuse de sombrer dans le vaudeville maladroit ou dans le mélodrame raté.

Peter est d'ailleurs bien conscient de son manque d'envergure romanesque et c'est en cela que le lecteur s'attache à lui. 

Refaire une Mort à Venise à New-York aurait été pire que tout. Alors l'auteur a choisi l'ironie et finalement le dénouement que je ne vous révélerai pas, confirme cette impression.

L'époque est à la compromission, au demi-teinte et non à la passion tragique.

Certains trouverons sûrement ce roman ridicule. Mais si l'on accepte d'y voir du second degré, on peut dire que Cunningham a justement un talent inouï pour éviter la fausse note. A découvrir... 


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