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Thomas Mulcair, un néo-démocrate libéral?

Publié le 28 mars 2012 par Gregorykudish
Ça y est. Après une course à la chefferie de près de 7 mois, le NPD connaît enfin son nouveau chef : Thomas Mulcair. Homme politique à la fois redoutable et controversé, Mulcair a été, jusqu'à son élection à la tête de son parti, la cible d'attaques virulentes de ses adversaires. Plusieurs députés conservateurs n'hésitent pas à le qualifier de «vicieux», alors que ses collègues néo-démocrates lui reprochent souvent de ne pas être suffisamment fidèle aux idéaux du parti. On n'est pas sans savoir que M. Mulcair a également un passé libéral, avec près de 12 ans de carrière au Parti libéral du Québec. Qui plus est, Mulcair a évité, au cours de la course à la chefferie du NPD, de se lancer dans des discours populistes de gauche, pour privilégier une approche plus pragmatique et rassembleuse, consistant rapprocher le «centre vers le parti». Les membres du NPD ont-ils élu un chef libéral?
Le NPD se trouve aujourd'hui dans une situation unique. Pour la première fois de son histoire, ce parti forme l'opposition officielle à la Chambre des communes et peut désormais prétendre former le prochain gouvernement. Pour Thomas Mulcair, la clé pour battre Stephen Harper aux prochaines élections réside dans l'unification des forces progressistes. «61 % des Canadiens n'ont pas voté pour Stephen Harper». C'est la phrase répétée abondamment par le nouveau chef du NPD pour justifier le rassemblement des forces progressistes. Si l'idée de rassembler les forces progressistes pour gagner les prochaines élections peut paraître judicieuse, la tâche est en réalité beaucoup plus complexe.
Au cours des nombreux débats de campagne, une division claire a émergé entre les défenseurs de la base traditionnelle du parti, et les partisans d'une modernisation. Brian Topp, Peggy Nash, Paul Dewar et Niki Ashton ont tous les quatre démontré leur attachement aux valeurs traditionnelles du NPD. Brian Topp, avec sa proposition d'augmenter les impôts pour les contribuables ayant un revenu annuel de plus de 250 000$ et Niki Ashton, avec son discours populiste de gauche prônant une poursuite de l'égalité, ont démontré, qu'au-delà de leur volonté de battre Stephen Harper, leurs premières intentions politiques résident dans la préservation des valeurs traditionnelles du NPD.
Thomas Mulcair, lui, n'a jamais présenté de véritable programme politique de gauche, et s'est contenté d'un discours plutôt général, prônant une «modernisation» du parti, et une volonté d'amener «le centre vers le parti». Malgré toutes les attaques de ses adversaires, Mulcair a réussi à remporter la course avec 57% des votes. À présent, le plus grand défi du NPD consiste à préserver l'unité et la cohérence au sein du caucus. Les prochains mois seront une véritable évaluation de la capacité de Thomas Mulcair à maintenir l'unité de son parti, tout comme de sa compétence à le moderniser sans créer des divisions trop profondes. Dans un contexte de gouvernement conservateur majoritaire, M. Mulcair dispose d'une marge de manoeuvre suffisamment grande pour moderniser son parti, voire le rapprocher du centre. Cependant, les libéraux ne tarderont pas eux aussi à se positionner vis-à-vis du gouvernement Harper. À ce moment-là, M. Mulcair devra sérieusement démontrer son allégeance aux valeurs néo-démocrates, tout comme définir la position de son parti par rapport aux libéraux et aux conservateurs. À Ottawa, il y a peu de place pour deux partis libéraux.

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