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« T’as lu le dernier Sophocle ? »

Publié le 28 mars 2012 par Wtfru @romain_wtfru

« T’as lu le dernier Sophocle ? »

Aujourd’hui, on a décidé de vous présenter un procédé classique dans le monde de l’édition : la publication de textes inédits de grands auteurs disparus. Classique certes mais le phénomène connaît une accélération fulgurante depuis quelques mois. 
Quand on pense à ces textes inédits, vient tout de suite en tête l’image d’une malle poussiéreuse et d’un courageux homme de lettre qui, pris de passion pour tel ou tel auteur, chercherait frénétiquement chez tout les antiquaires de France de vieux parchemins oubliés. En réalité, les choses sont un peu moins…archéologique.
Que ce phénomène se soit développé ces derniers mois n’est pas dû au hasard,  les librairies connaissent globalement une baisse du chiffre d’affaire. Les derniers chiffres font état d’un recul de 4% des ventes en janvier 2012
Dans ces conditions, il est facile de comprendre en quoi sortir un inédit posthume d’un écrivain auréolé de succès est plus rassurant qu’un premier roman d’un illustre inconnu. 
WTFRU est désolé de briser vos illusions, mais la philanthropie n’est plus, et cela depuis longtemps, le but premier des maisons d’édition. 
Faire du neuf avec du vieux est un concept qui paraît intéressant, à ceci près que le jackpot est loin de fonctionner à chaque fois. Les chiffres officiels montrent que les livres en question dépassent rarement la centaine d’exemplaires vendus. Ce genre d’ouvrages s’adressent généralement à des universitaires ou des connaisseurs. Rares sont les lecteurs qui flasheront sur l’inédit de Charles Bukowski (« Shakespeare n’a jamais fait ça ») en ne connaissant rien de l’écrivain. 

Il y a pourtant des exceptions qui entretiennent l’espoir qu’ont les éditeurs de vivre une véritable success story avec ces inédits. Vous vous rappelez peut être d’un ouvrage inédit d’Irène Némirovsky, « Suite Française »,  écoulé à plus d’un demi-million d’exemplaires, en 2004, ou encore de ce merveilleux recueil de Françoise Sagan, « Toxique », qui enchante chaque personne l’ayant un jour dans les mains. 
Au jeu des inédits à succès Stefan Zweig, Kafka ou encore Alexandre Dumas ne sont pas en restes. Si les deux premiers écrivains sont sources de traduction inédites (« Un soupçon légitime », « Du suicide »…), Alexandre Dumas est l’incarnation même des « découvertes dans les malles » avec des histoires inédites (« Le chevalier de Sainte-Hermine ») qui continuent à apparaître depuis ces 10 dernières années, toutes plus ou moins sympathiques. 

C’est bien là le dilemme que pose les oeuvres inédites d’écrivains disparus. Leur non-publication du temps de leur vivant peut être le fait d’un choix délibéré de l’écrivain ou de la maison d’édition de l’époque. Bref, tout cela sent souvent le réchauffé, voir le moisi. Certaines petites maisons d’édition se font néanmoins, et dans un but tout à fait louable, la mission de publier des textes inédits d’auteurs presque oubliés, comme c’est le cas du « Passager clandestin ».
Il est communément admis que l’intégralité des écrits d’un écrivain ne se vaut pas, et que très souvent tout ne mérite pas être publié. Ces oeuvres inédites d’auteurs disparus ne sont probablement pas abouties, et peuvent parfois desservir la mémoire de l’écrivain lui-même. Pour cette hypothèse, on peut citer Louis-Ferdinand Céline et certains de ses écrits tardifs retirés de ses oeuvres intégrales, mais c’est encore un autre débat. 
Ce qui est certain, c’est que ces éditions d’inédit ne sont pas fatalement des succès, certains connaissent même des échecs cuisants. Car, en réalité, beaucoup de « navets » doivent être publiés pour qu’enfin apparaisse un chef d’oeuvre, et le public français bien qu’il achète de moins en moins de livres, a encore bon goût. 
 


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