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Bellflower, medusa et l’apocalypse

Par Unionstreet
  • Bellflower, medusa et l’apocalypse

BellFlower est à coup sûr l’événement indie de l’année 2012, une romance à coup de flammes, un road movie sans voyages, un film apocalyptique sans fin du monde. Bref, un film bizarre. Un OVNI bricolé, un gros bordel cinématographique qui n’arrive pas vraiment à convaincre malgré son énergie.

Bellflower, medusa et l’apocalypse
L’histoire part de deux potes, Woodrow et Aiden, deux jeunes aux âges indéfinis (entre 18 et 30 ans, la fameuse génération Y), qui se préparent à l’apocalypse prochaine. Pour se rendre maîtres du futur No man’s land que sera la Terre, les comparses passent leurs temps à bricoler un lance-flammes et leur voiture de guerre, la Medusa. Jusqu’à ce qu’ils rencontrent une fille qui va changer leur vie à tout jamais.

Alors que Projet X sort sur les écrans et que depuis quelques années le teenager (l’adolescent, même attardé comme dans Very Bad Trip) est le personnage phare des grosses comédies US, BellFlower se place à contre-courant, tel un autoportrait mélancolique et romantique de cette jeunesse qui se rend compte de son immaturité comme d’une malédiction à déjouer. Woodrow – le héros qui tombe amoureux – rappelle les ados de Chronicle dont les pouvoirs surhumains les conduisent à leurs pertes. Sympathiques dans leurs personnages de beaux gosses buveurs de bières à mi-chemin entre le hipster et le redneck, Aiden et Woodrow sont en fait deux inadaptés sociaux qui se recréent une réalité héritée de la culture pop des 80’s et des comic books (le trip de bourrer ses dialogues de références est passée de mode depuis Tarantino au fait) et qui découvrent que les autres – les filles en général, la jolie Milly en particulier – sont des êtres humains autonomes qui n’ont pas à se confronter à leur délire régressif. D’où les déclarations romantiques ridicules, d’où l’adultère avec le coloc amoureux, d’où la souffrance et le bain de sang. Evan Glodell, le réalisateur qui s’est réservé le rôle de Woodrow, maîtrise très bien le passage d’un genre à l’autre, commençant son film comme une amourette chez les slackers californiens pour ensuite virer vers l’escalade voire le gore. Une jonction presque réussie entre Robert Rodriguez et Jim Jarmush, entre la série B parodique et la mélancolie intello new-yorkaise.

Bellflower, medusa et l’apocalypse
Sauf que voilà, la sauce BellFlower ne prend jamais vraiment. Elle monte, elle monte mais n’adhère pas, il lui manque quelque chose, elle nous laisse sur notre faim. En fait, Evan Glodell en fait trop, il ne cherche pas à faire un bon film, ni même un grand film mais un film culte, à faire du buzz comme on dit maintenant… Trop de scènes, trop long, trop foutraque, trop quoi ! Glodell semble surtout se regarder filmer et admirer la palette d’effets « arty » qu’il déploie (flous sélectifs, solarisation etc… Vive After Effects !!) qui amusent peut-être au début mais qui très vite font passer BellFlower pour une bande-annonce Instagram ou Hipstamatic. Un exemple de coolitude arty – B.O signée par Chromatics entre autres – mais qui sonne très vite creux. Dommage y’avait quand même de l’énergie dans tout ça.


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