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Total remet ça, 12 ans après l'Erika

Publié le 29 mars 2012 par Bioaddict @bioaddict

Dimanche 25 mars, un incident est survenu dans une plateforme gazière de Total au large de l'Ecosse. Alors que les dirigeants s'affairent pour tenter résoudre la "crise", les associations de protection de l'environnement doutent de la version officielle. Total remet ça, 12 ans après l'Erika

Depuis dimanche midi, un immense nuage de gaz entoure la plateforme d'Elgin-Franklin, faisant craindre une explosion en cas de changement de direction des vents, actuellement favorables ... De l'aveu même de Total, 6 mois pourraient être nécessaires pour colmater la fuite qui s'est déclarée. Si le groupe a pu localiser cette fuite sur la partie aérienne de la plateforme, il n'a pas encore identifié clairement la cause de cette fuite.

En raison des risques d'explosion, la plateforme où travaillaient plus de 200 personnes a été évacuée et deux bateaux-pompes ont été dépêchés afin d'intervenir en cas de nouvel accident. La direction a également fait appel à la société Wild Well Control, qui avait aidé à la gestion de crise de la marée noire dans le Golfe du Mexique.

" Il y a deux options pour intervenir. L'une consiste à creuser un puits de secours, [...] l'autre est une intervention sur la plate-forme pour sceller le puits, ce qui serait une option plus rapide [...] Nous prévoyons de décider d'un plan dans les jours à venir ", a déclaré David Hainsworth, responsable Sécurité, Santé et Environnement chez Total Exploration&Production UK.

De lourdes conséquences pour Total

Ce nouvel accident survenu plus de 12 ans après la catastrophe de l'Erika, devrait durablement peser sur l'image et le futur du géant pétrolier français, qui est encore loin d'avoir effectué le virage écologique promis.

D'abord, pour des raisons économiques, puisque le réservoir Elgin-Franklin fournissait 7% du gaz produit au Royaume-Uni et 2,6 % de la production totale du groupe pétrolier. Les 60 000 barils d'équivalent pétrole qui s'échappent quotidiennement dans l'atmosphère sont synonymes de lourdes pertes pour le groupe (entre 7,5 et 11 millions d'euros par jour). L'autre conséquence financière que craignent les investisseurs est que le titre de Total ne s'effondre en Bourse (ce qui est déjà le cas) suite à une éventuelle explosion liée à la fuite de gaz. Mais si cet accident risque d'entacher la réputation de Total c'est surtout parce qu'il survient sur la plateforme qui servait de "laboratoire" et de vitrine pour la société la plus prospère de France.

Pour le moment, la direction évoque une situation "stable", n'ayant "pas d'impact significatif sur l'environnement". Elle a ouvert un site Internet afin de communiquer sur l'accident et de jouer la carte de la transparence. Mais les associations environnementales ne sont pas duppes et craignent d'autres incidents du même genre, des fuites de gaz dans l'eau et dénoncent également la " présence d'irisations à proximité de la plateforme ", un mélange d'hydrocarbures légers.

Espérons que les dirigeants du groupe sauront tirer les conclusions de l'explosion survenue en avril 2010 sur la plate-forme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique et de la très mauvaise gestion de crise qui avait alors suivie l'accident. Peut-être se fera-elle aussi plus discrète sur le dossier de l'exploration du gaz de schiste qu'elle défend corps et âmes.

Olivia Montero


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