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Arnaud Tsamère "Chose promise"

Par Gjouin @GilbertJouin

L’Européen
5, rue Biot
75017 Paris
Tel : 01 43 87 97 13
Métro : Place de Clichy
One man show écrit par François Rollin, Arnaud Joyet et Arnaud Tsamère
Mis en scène par François Rollin et Arnaud Joyet
Le pitch : Patrice Valenton, modeste professeur d’économie, monte sur scène pour honorer une promesse faite solennellement à un ami très bourré logiquement décédé dans un stupide accident de voiture…
Mon avis : Arnaud Tsamère fait partie des quelques fleurons révélés par l’émission de Laurent Ruquier. A l’instar de quelques uns de ses condisciples (Constance, Olivier de Benoist ou Jérémy Ferrari), il apporte une réelle personnalité, avec un univers et un ton qui n’appartient qu’à lui. Ces humoristes-là ne copient personne et on peut être assuré qu’ils ont signé un sacré bail avec la scène.
Si, grâce à l’énorme effet loupe que provoque la télévision, Arnaud Tsamère remplit – à juste titre – les salles, ça fait déjà un petit bail qu’il exerce ses talents… Titulaire d’une maîtrise de Droit des Affaires (eh oui), il eût sans doute accompli une honorable carrière de commercial dans l’exportation s’il n’avait pas un jour assisté à un match… d’improvisation. Cette discipline devient sa bulle d’oxygène. Avant de devenir carrément l’air dont il avait besoin pour vivre. Lui aussi, comme Jamel Debbouze, est un enfant de « Papy » (Alain Degois). Après avoir joué au théâtre au sein d’une troupe, il écrit son premier one man show et se lance dans l’exercice périlleux mais exaltant du solo.
Aujourd’hui, c’est donc un garçon nanti d’un bon gros bagage qui sévit actuellement sur la scène de l’Européen avec son second one man show, Chose promise… Introduit (en voix off, j’entends) par son producteur, Raphaël Mezrahi, Arnaud Tsamère effectue une entrée tranquille, le cheveu hirsute, tout de noir vêtu, avec un sac plastique à la main. En fait, ce n’est pas l’humoriste qui fait ainsi son entrée, c’est un quidam lambda, un certain Patrice Valenton. Lequel nous explique qu’il est là devant nous pour honorer une promesse qu’il a faite à Rémi, un copain d’enfance accidentellement décédé. Tout le long de la soirée, il ne va cesser de nous rappeler qu’il n’est pas comédien, qu’il ne faut pas s’étonner si son spectacle est « décousu ». Après tout lui, Patrice Valenton, il est prof de sciences éco. Cette schizophrénie entre l’artiste et son personnage lui permet toutes les audaces, toutes les maladresses, tous les à-peu-près. Il adore se lancer, tel le prof qu’il est censé être, dans les explications. Stakhanoviste de la digression, il a besoin de donner des précisions à tout bout de champ. Il se délecte à nous entraîner là où on ne l’attend pas. Il se livre à quelques savoureuses élucubrations puis revient tout naturellement au fil de son histoire. Arnaud Tsamère, c’est le champion du contre-pied. Il jongle avec les effets et a le dribble imprévisible.
Chose promise est un excellent spectacle, original et complet. Arnaud Tsamère maîtrise parfaitement tous les paramètres de l’humour. Déjà dans sa manière de bouger, parfois flegmatique, parfois débordant d’énergie, parfois semblable à un échassier mazouté, il est très à l’aise avec son corps. Il lui demande d’ailleurs beaucoup. A l’issue de son spectacle, il doit avoir perdu quelques centaines de grammes. Son humour lui aussi est très large et très diversifié. Il a le sens du visuel (sketch du ventriloque), un goût prononcé pour l’humour noir, un excellent contact avec le public qu’il n’hésite pas à prendre à témoin… Et il faut itou saluer la qualité d’une écriture qui fleure bon les conseils avisé de l’émérite Professeur Rollin.
Le spectacle est fort bien articulé. Après la longue et relativement sage introduction explicative de sa promesse et le portrait croquignolesque de son ami Rémi, il aborde aux deux-tiers de son show un tout autre registre en interprétant seul tous les protagonistes d’un vaudeville datant de 1929. Il se livre là à une prestation complètement délirante. Quelle virtuosité ! Quel tonus ! C’est réellement ébouriffant… Quant au rappel, il constitue lui aussi un fameux morceau de bravoure, qui semble totalement incontrôlé et qui est agrémenté de surcroît d’effets spéciaux et d’un spectacle pyrotechnique. Il a mis les moyens le Raphaël Mezrahi ! On sent qu’il y a du budget. Mais nous aussi, devant tant de générosité, on en a pour notre argent.

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