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Le front du peuple

Publié le 01 avril 2012 par Jplegrand

Mélenchon s'est adressé aux quartiers populaires, le Front de gauche peut progresser à Creil

Devant les habitants de Grigny dans l'Essonne, le candidat du Front de Gauche a appelé les quartiers populaires à faire la révolution citoyenne. Il s'agit d'utiliser notamment le bulletin de vote, de renoncer à l'abstention qui sert en définitive les intérêts des puissants.

Contrairement à l' habitude que le Front de gauche a prise de rassembler des foules considérables, cette fois-ci, le  lieu de la rencontre n'était pas débordé, mais selon la presse rempli  à moitié.  Le beau temps y est pour quelque chose mais aussi la question même qui est au fond des quartiers populaires, une dépolitisation certaine du fait de l'écoeurement des habitants face au spectacle politicien.

Mélenchon sait qu'il s'agit là d'un enjeu important, difficile à traiter, car comment mobiliser les quartiers populaires sans réelle force politique organisée ancrée dans les quartiers. Ce rôle que le PCF a longtemps joué, n'est plus à vrai dire assumé par une organisation véritablement progressiste et révolutionnaire promouvant l'éducation populaire et des idées nouvelles en faveur de la 6ème république. C'est peut -être là un handicap que va connaître le Front de gauche, à moins que la dynamique qu'il a enclenchée trouve tout de même un écho grandissant chez les habitants de ces quartiers.

Cet écoeurement est ressenti y compris dans une ville comme Creil, où certains militants socialistes qui ont engagé des porte à porte reconnaissent que la campagne est difficile et craignent l'abstention, voire la croissance du vote Le Pen.

Il sera intéressant de voir si dans la salle qui accueillera François Hollande à Creil prochainement, il y aura beaucoup d'habitants des quartiers populaires de la ville. L'implantation traditionnelle et  réelle du parti socialiste dans notre ville et son action municipale  peut effectivement conduire des gens des quartiers  à apporter leur soutien à Hollande. Mais il ne s'agit pas d'une élection municipale, de plus ces dernières années, les divisions du PS à Creil n'ont pas favorisé le rassemblement des socialistes. Peut-être que l'élection présidentielle va pour la circonstance réunir des gens qui ne se fréquentent plus mais qui soutiennent pour des raisons différentes François Hollande. Si certains  socialistes  de Creil peuvent se rassembler lors de cette présidentielle, il n'est pas certain que  le discours tenu par le candidat socialiste jusqu'ici soit à la hauteur des attentes populaires, notamment sur la question du pouvoir d'achat et de l'emploi.

Jean-Luc Mélenchon pourrait être mieux entendu à Creil même, et si les forces militantes qui le soutiennent restent modestes, son combat, la clarté de son programme, le fait qu'il a créé une dynamique, pourraient conduire de nombreux creillois à voter pour lui et peut-être à créer une surprise en terme de progression des voix.

En 2008, aux cantonales sur le seul canton de Creil sud, ma candidature au nom du PCF enregistrait  10,2% avec 581  voix, aux européennes suivantes, le Front de gauche enregistrait à Creil 8,11 % avec 318 voix. En 2010, les divergences au sein du PCF ont conduit à ce que deux listes soient présentées pour les régionales, celle conduite par Thierry Aury qui a recueilli à Creil  309 voix  (6,40%) et celle conduite par Maxime Gremetz qui a recueilli  224 voix (4,64). En additionnant le total de ces voix, on arrive à 533 voix soit plus de 11%. Depuis 2008, la tendance est donc à une remontée sur Creil.

En votant pour Jean-Luc Mélenchon, les électeurs de sensibilité  communiste qui se reconnaissent ou pas dans le PCF peuvent affirmer également leur volonté de voir le courant communiste surmonter ses divergences en participant  à la dynamique populaire que le Front de gauche a su développer et qui, il faut l'espérer,  se poursuivra après les élections.

Le Front de gauche peut donc avoir l'ambition d'obtenir au moins 11% des voix sur Creil. Mais tenant compte de la dynamique créée, il peut faire beaucoup plus notamment si il arrive à convaincre des personnes qui hésitent encore à aller voter, si il réussit à rassembler au delà des électeurs traditionnels du PCF. En effet, de nombreux électeurs socialistes sont déçus de la campagne de Hollande et savent que ce dernier n'est pas menacé par Le Pen au deuxième tour, d'autant qu'il semblerait que la Le Pen baisse dans les sondages. Ces électeurs peuvent donner un signal à Hollande pour le deuxième tour, lui indiquer que ce que propose le Front de gauche est la voie à suivre notamment en matière sociale. Le Front  de gauche peut aussi compter , outre sur les abstentionnistes qui cette fois-ci pourraient  se mobiliser en sa faveur, sur un apport des voix d'électeurs de l'extrême gauche qui regrettent que leurs organisations n'aient pas rejoint le Front de gauche pour cette élection afin de participer à la dynamique enclenchée.

Ajoutons que sociologiquement, la ville de Creil regroupe des habitants qui peuvent se retrouver très fortement dans les propositions du Front de gauche.

Enfin en combattant  le poison lepéniste,  Jean-Luc Mélenchon n'a pas cessé de clarifier et de porter des coups à  Le Pen depuis le début de la campagne. C'est tout à son honneur, car il faut reconquérir la classe ouvrière que les dirigeants du PS ont abandonnée.

Démontrer  la démagogie de la famille Le Pen qui fait partie de la bourgeoisie, qui ne vit pas les difficultés du peuple et qui oppose les travailleurs entre ceux qui sont français et les autres est absolument indispensable. Revenir sur ce qu'est le néo-fascisme, comment il se nourrit de la crise et de la violence de la société pour diviser sans cesse, c'est salutaire.

Alors que Jean-Luc Mélenchon mène ce combat, il est regrettable que le maire de Lyon, Gérard Collomb, ait fait des déclarations contre le candidat du Front de gauche qui sont totalement indignes. Collomb perd son sang froid car il se rend compte de la montée du Front de gauche. Il a comparé la politique du Front de gauche à celle des criminels sanguinaires du régime Khmère rouge.

Pendant son discours, Mélenchon a riposté au maire PS de Lyon, le «pauvre» Gérard Collomb, auteur de la comparaison entre les propositions de l’ancien socialiste avec le régime des Khmers rouges au Cambodge: «Il m’accuse de proposer à ma patrie un massacre de millions de personnes, s’emporte-t-il. Voilà comment on sème de la division!» Les «tirs de barrages» socialistes et écologistes l’agacent: «Occupez vous de l’extrême droite! Occupez vous de Sarkozy! Fichez nous la paix!»


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