Magazine Société

L'art de la séduction

Publié le 02 avril 2012 par Toulouseweb
L’art de la séductionADP et Air France-KLM oeuvrent de concert.
Air France a tout pour être heureuse. Et, a fortiori, Air France-KLM et son associée Alitalia. Aussi en arrive-t-on à se demander, un peu innocemment, pourquoi elle n’est pas une entreprise prospère qui mériterait d’être citée en exemple au yeux du transport aérien tout entier.
Un peu simpliste, certes, cette remarque vient inévitablement à l’esprit après avoir écouté attentivement Pierre Graff, président d’Aéroports de Paris, et son nouvel ami Alexandre de Juniac , PDG d’Air France. La main dans la main, ils expliquent qu’ils ont décidé de «construire ensemble le hub préféré des voyageurs», et cela en y mettant des moyens considérables. L’opération est baptisée «Hub 2012», appellation banale mais qui confirme la volonté de conforter la situation concurrentielle déjà enviable de l‘aéroport de Roissy-Charles de Gaulle au niveau européen.
Pour ADP, il s’agit de valoriser au mieux des atouts remarquables, à commencer par la disposition de deux doublets de pistes qui évitent, pour très longtemps, tout risque de saturation technique. De plus, les infrastructures suivent la demande au plus près, comme en témoigne un nouvel investissement de 580 millions d’euros qui permettra d’inaugurer dans quelques semaines le satellite 4, nouvelle salle d’embarquement du terminal 2F. Dédié aux vols long-courriers d’Air France en même temps qu’aux gros porteurs, A380 en tête, il pourra accueillir près de 8 millions de passagers par an.
Ce S4 a valeur de symbole : 770 mètres de longueur, 100.000 mètres carrés, un hôtel sous douane de 80 chambres, un très grand salon de plus de 3.000 mètres carrés réservé aux passagers de classe affaires, de nombreux commerces de haut de gamme (une «Avenue du Luxe» qui devrait rappeler les attraits mondialement connus de l’avenue Montaigne) et même un musée, une nouveauté culturelle à mettre au crédit d’ADP. Dans ces conditions, il devient encore plus difficile de trouver des excuses qui justifient les piètres performances financières d’Air France…
L’infrastructure de CDG joue un rôle «critique» au cœur des efforts économiques tous azimuts de la compagnie, souligne Alexandre de Juniac. Et il s’empresse de rappeler que la compagnie s’appuie sur un tiercé aéroportuaire unique en son genre, Roissy, Amsterdam-Schiphol et Rome-Léonard de Vinci. Un triple atout que valorise, on tend à l’oublier, une bonne image auprès de la clientèle française et internationale.
Mais tout n’est pas rose. Air France, on l’a dit et répété ces temps-ci, souffre de coûts beaucoup trop élevés, de la concurrence débridée des compagnies low cost et de rigidités internes d’un autre temps, auxquelles s’attaque le plan Transform 2015. Chacun espère, par ailleurs, que la parole se libérera, que les précautions oratoires disparaîtront, sitôt passée l’élection présidentielle. Mais ce n’est pas tout.
Première destination touristique mondiale, dotée d’atouts remarquables, la capitale française doit encore améliorer la qualité de son accueil, souvent imparfait, voire un peu rude. La critique est maintenant mieux acceptée qu’elle ne l’était dans le passé et, à encore, ADP et Air France font œuvre utile commune. Un témoigne, par exemple, le petit aide-mémoire qu’elles ont réalisé conjointement pour mieux recevoir les voyageurs chinois, document qui explique en mots simples les codes de la courtoisie sociale ou encore une vision analytique du besoin de comprendre, le caractère très hiérarchisé de la société chinoise, la soif de reconnaissance ou encore toutes les difficultés liées à une faible connaissance de l’anglais.
De manière plus générale, ADP est sur la bonne voie avec la mise en place d’une «université du service» qui implique également ses partenaires, sous-traitants, concessionnaires. Mais il reste des zones d’ombre qui lui échappent, à commencer par les problèmes posés par la liaison entre l’aéroport et le centre ville. Les embouteillages de l’autoroute A1 sont inextricables, la ligne B du RER est indigne du transport aérien et la liaison ferroviaire dédiée est tombée, semble-t-il, dans les oubliettes (où elle a rejoint la station de métro qui dort depuis un demi-siècle sous l’aérogare d’Orly Sud).
CDG Express a pourtant failli voir le jour, un candidat avait été retenu (Vinci) mais le dossier a finalement été classé sans suite. «ADP milite» pour que le projet soit relancé, explique Pierre Graff. Cela avec l’espoir d’obtenir le soutien de politiques qui, pour l’instant, ont évidemment d’autres priorités. «Hub 2012», pour l’instant, devra se passer de train.
Pierre Sparaco - AeroMorning

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine