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Jacques Josse - Terminus Rennes

Publié le 03 avril 2012 par Marc Villemain

Jacques Josse - Terminus Rennes

Je ne connais pas Rennes. Enfin, j'y suis passé. J'y ai passé, plutôt : un concours. Que j'ai raté. J'en garde un bon souvenir, cela dit - de la ville, pas du concours que j'ai raté. Les ruelles du centre-ville, les pavés, les terrasses baignées d'étudiants - et, ce jour-là, de soleil. Mais j'ai toujours aimé la Bretagne. Même un certain celtisme, un qui ferait rugir les purs, les puristes, celtisme de pacotille, même celui-là j'y suis sensible. Et puis Tri Yann, bien sûr. Souvenir d'une longue interview, conditions un peu rocambolesques, fin de concert, il y a vingt ans, âge d'or des radios libres. Mais Rennes, donc, non ; très peu, très mal. Enfin une fois qu'on a lu Jacques Josse, c'est autre chose : on se sent presque autorisé à dire qu'on connaît Rennes.

On suit son imaginaire de "promeneur désoeuvré" qu'il trimballe tout au long de la ville, et de sa propre vie, puisque les deux ont partie liée. Josse a cette manière de raconter les choses un peu par en-dessous, un peu par les côtés, sans jamais leur tourner le dos mais comme en leur tournant légèrement autour : c'est le mode réservé aux pudiques, aux délicats, aux poètes. Peu à peu, l'écrivain se fait porte-voix des habitants, des travailleurs, des anciens, de ceux ici qui, comme lui, ont connu l'usine, les horaires, l'ordre machinal, le coup qu'on boit pour se libérer de tout ça, de la chape, et puis la promenade devient carnet de bord littéraire, hommage aux écrivains - qui, donc, Jacques Josse nous l'apprend, furent nombreux, et pas des moindres, à passer par là. Du coup la ville se met à renvoyer autre chose que ce que renvoie, un peu superficiellement, la notion de capitale régionale. D'un pas lent, avec ce regard dont on se dit qu'il se porte, en marchant, sur le sol ou vers le ciel plutôt que droit devant lui, Jacques Josse donne à la ville comme une pulsation tranquille, un pouls. L'allure est paisible, elle en devient presque enivrante, de ces enivrements légers qui impriment à la fois le sourire et cette mélancolie sans tristesse que font naître les choses de l'éternel. Voilà, c'est un peu cela : c'est une sorte de Rennes éternelle que nous livre Jacques Josse, avec les mots confiants de celui qui témoigne, et les sensations pures de qui n'a d'autre prétention que de dire à sa ville son affection, ce qu'il lui doit.

Terminus Rennes, Jacques Josse - Editions Apogée


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