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"Southland Tales" : l'apocalypse selon Richard Kelly

Par Buzzline
 Pitch : 2008, Californie. Une attaque nucléaire surprise a précipité l'Amérique dans la guerre. Pour répondre à la pénurie de carburant, la compagnie US-ident élabore un générateur d'énergie inépuisable, qui fonctionne sur les flux de l'Océan mais altère imperceptiblement la rotation de la Terre. Bientôt, la réalité s'en trouve bouleversée, en particulier les vies de l'acteur d'action amnésique Boxer Santaros, de l'ex-star du X Krysta Now et des frères jumeaux Roland et Ronald Taverner, dont le destin se confond avec celui de l'humanité toute entière... SORTIE INDETERMINEE  Notre avis : L'apocalypse selon Richard Kelly. Un film d'anticipation visionnaire, original, déjanté, sidérant, ultra ambitieux s'imposant comme une claque virtuose. Mais toute ambition se paie forcément et Southland Tales se retrouve piégé dans les filets de son intelligence ce qui peut perdre dangereusement le spectateur non préparé comme hypnotisé... Nous l'avons enfin vu ce Southland Tales. Deux ans après sa projection chaotique à Cannes, le film de Richard Kelly s'apprête à sortir en DVD zone 1 le 18 mars prochain. Nos salles françaises ne devraient pas le diffuser reléguant l'oeuvre direct to DVD un de ces jours... Un gachis de distribution ? Oui, mille fois oui ! Avec Donnie Darko, Kelly nous avait scotché via ce petit film indépendant complètement barré et intelligent. Son deuxième essai reste dans le même sillage métamorphosé en ambition démesurée. Résumer Southland Tales relève simplement de l'hérésie. Mélande de SF, comédie décalée, drame et thriller, le film fusionne adroitement les genres laissant place à un mélange hybride complètement surréaliste. On adhère ou pas mais on n'en ressort décontenancé. Southland Tales est avant tout une critique épicée et trash d'un pays bouffé par ses dysfonctionnements. Brûlot politique sous acide, thriller corsé à tiroirs, SF d'anticipation à la manière d'un Strange Days, le long métrage de Kelly ne recule devant rien offrant un spectacle parfois insaisissable mais d'une richesse exemplaire.  Après une ouverture classique, le film plonge dans une critique à la carabine option tir groupé sur le gouvernement, les médias. On se croirait devant un Verhoeven puis l'on glisse vers une ambiance Lynchienne. Une ambiance qui ne nous lâchera pas en passant par la folie d'un Guy Ritchie avant de se finir dans une apothéose enivrante aussi douce que brutale. Audacieux, le film l'est autant visuellement que scénaristiquement. Une invitation directe à des visions répétées pour mesurer toute la complexité et la richesse de l'oeuvre de Richard Kelly, réalisateur vraiment surdoué. En dirigeant Southland Tales, Kelly a très certainement mis sur pieds un film culte qui devra vieillir avec le temps pour se faire connaître et apprécier à sa juste valeur. Bouré de charme, Southland Tales n'en n'est pas moins un grand film malade qui devient victime de sa folie créatrice massive. Un handicap issu d'un coup de génie. Difficile de décrire ce processus qui se vit et se visionne au lieu de se raconter. Southland Tales attaque sur tous les fronts et balance ses ogives nucléaires en jouant avec ses interprètes marionettes : le gouvernement américain, les stars écervelées devenants des stars leaders d'un monde libre, la politique, la guerre, le cul, le cinéma, les armes, la police, les histoires d'amour, la pop culture... tout est passé au crible sans retenue. C'est fort, c'est énervé, c'est trash, allant jusqu'à la limite de la limite. Porté par une réalisation aérienne et virtuose, le film impose un visuel impactant. Bercé par une bande originale rythmée aux sons de Moby et des tubes rock des Pixies ou Elbow l'ensemble monte en pression jusqu'au feu d'artifice final, véritable orgie des sentiments. On peut d'ores et déjà commencé à comptabiliser les scènes clés et atistiquement flamboyantes : l'ouverture du film, la comédie musicale de Timberlake sur All these things 've done de The Killers, le clip de Sarah Michelle Gellar Teen horniness is not a crime, la scène de ballet final véritable dénouement orgiesque, enchanteur et désespéré sur Gospel Memory de Moby...  Bénéficiant d'un casting hors normes, Southland Tales fait la part belle aux contre-emplois. Ainsi Dwayne Johnson alias The Rock fait preuve d'un charisme extrême assez surprenant, Sarah Michelle Gellar laisse parler ses charmes et en impose dans le rôle d'une pseudo Britney Spears star du porno prête à tout pour faire régner sa loi. Face à eux, Seann William Scott est impérial dans un rôle dramatique à 1 000 lieues de ses potacheries habituelles.  Justin Timberlake s'octroie le rôle du fil conducteur du film, narrateur victime d'une guerre... et maître de cérémonie en comédie musicale. Mandy Moore sensuelle, Jon Lovitz inquiétant... tous se sont donnés rendez-vous pour l'apocalypse sensationnelle qu'il serait vraiment dommage de manquer.  Portraits de plusieurs âmes blessées et fragiles perdues dans un monde qui leur (et nous) échappe, Southland Tales est d'autant plus virtuose qu'il nous place face à un miroir inquiétant de notre société tout en anticipant sur une époque très proche : juin 2008 et ses approches imminentes d'élections.    Si la fin risque d'en laisser beaucoup sur le carreau, question compréhension "twist", l'ensemble n'en pâtit pas et invite à se replonger le plus vite dans ce tourbillon fulgurant de violence, sentiments, romances et partis pris. Une baffe magistrale ? Oui. Un grand film inégal et malade ? Oui. Un film subversif avec des chose sà dire ? Oui. Des erreurs ? Oui. Un futur classique ? Oui, mille fois oui.  

Pourquoi y aller ? 

Pour le scénario alambiqué mais génial. Pour la bande originale. Pour l'ensemble de la distribution aux contre-emplois réjouissants. Pour l'ingéniosité narrative et visuelle déployée. 

Ce qui peut freiner ?

Le scénario parfois trop complexe. La fantaisie et le mélange des genres. 


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LES COMMENTAIRES (1)

Par Fractale93
posté le 31 mars à 11:19
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attention film culte...