Au coeur de cet océan d'humour lisse à souhait qui envahit les cafés-théâtres, Walter a choisi de compter parmi les quelques-uns qui s'engouffrent sans scrupule, avec un talent certain, un plaisir non feint et plutôt communicatif dans le poliquement incorrect. Si la forme du spectacle qu'il présente actuellement au Point Virgule s'apparente (malheureusement) au désormais incontournable stand up, le style et le fond nous ont séduits.
L'esprit vif et le regard malicieux, le garçon se plait donc à bousculer, choquer, ou prendre à contre pied le spectateur au cours d'une heure de lâchage de petits skuds assez savoureux, même si on apprécierait que ceux-ci soient étoffés. Sexe, alcool, minorités, religions, vie de couple... Les sujets sont nombreux à passer à la moulinette d'une cruauté jouissive, parfois absurde, exprimée avec une redoutable efficacité, dans une langue joliment maîtrisée.
Walter possède une qualité d'écriture comparable à celle de Ben, l'acidité et le mordant de Gaspard Proust, le sourire en plus. Cette nouvelle génération d'humoristes, dont font partie ces trois là, a pour modèles les Bénureau ou Desproges. Elle atteindra leur virtuosité et fera partie de ce petit cercle des maîtres du genre le jour où elle creusera plus encore sujets, situations et propos.
En attendant, vous pouvez, sans crainte de passer un mauvais moment, découvrir Walter au Point Virgule, mis en scène par Stéphanie Bataille, du mercredi au samedi à 20 heures. Ca décape et ça fait du bien !